Elias habite Alep. Quand il va à l’église et qu’il regarde autour de lui, l’assemblée a changé. Le groupe des hommes de 18 à 40 ans a presque disparu! «Serai-je bientôt le dernier?», se demande Elias.
La guerre qui dure depuis plus de sept ans a eu un impact énorme sur l’Eglise syrienne: 5,6 millions de Syriens ont quitté le pays, et plus de 6 millions d’autres ont été déplacés en Syrie même. Soit la moitié des 22 millions d’habitants avant le début de la guerre. Une telle hémorragie démographique pose un problème pour les familles et aussi pour l’Eglise.
«Beaucoup pourvoyaient aux besoins de leurs parents et de leurs proches. Cela cause des soucis financiers dans les familles», dit George, un responsable d’église. Les familles syriennes comptent traditionnellement sur l’argent que les hommes apportent. Dans la plupart des cas, les femmes n’ont pas d’emploi rémunéré après leur mariage. George a pu réagir grâce à l’appui de Portes Ouvertes: «Alors que les hommes partaient, les femmes avaient besoin de trouver du travail. Nous avons donc lancé des projets spécifiques pour que les femmes aient un revenu», dit-il.
Huda, un autre chrétien, décrit l’impact générationnel: «Comme la jeune génération est partie, les anciens dépendent d’autres membres de la famille ou d’organisations externes. Ils sont devenus un fardeau pour la société, matériellement, moralement et médicalement. Les rôles changent au sein de la famille.» Il ajoute: «Les femmes portent désormais un double fardeau, économique et social. Elles ont maintenant des rôles multiples dans la famille et la société.»
«Avant, il était possible de se fiancer avec un jeune homme pendant les études universitaires. Aujourd’hui, il n’y a presque plus de garçons à l’université. On peut dire adieu au mariage et à la famille. J’ai peur de ne jamais me marier», confie une étudiante d’une vingtaine d’années. A l’église, Elias fait le même constat: davantage de femmes célibataires, moins de mariages et de naissances.
Beaucoup de chrétiens actifs dans les églises sont partis en peu de temps. «Nous manquons de volontaires à tous les niveaux. Il n’est pas facile de former leurs remplaçants. Toutes les activités de l’Eglise ont été désordonnées. Sur la centaine de jeunes, par exemple, il n’en reste plus que 30: nous avons 6 garçons et 24 filles. L’émigration des chrétiens affaiblit de plus en plus l’Eglise. Les chrétiens manqueront dans la reconstruction du pays et de la société», dit un responsable.
Elias se demande si certaines régions de Syrie ne seront pas bientôt vides de chrétiens. Mais il garde espoir: «Où que vous regardiez dans les églises syriennes, vous rencontrerez des responsables qui sont restés au service des chrétiens. Il y a aussi des jeunes qui ont décidé de rester. Ils servent le Seigneur dans leur pays avec dévouement, ils font tout leur possible pour aider et visiter les nécessiteux et pour continuer à faire vivre l’Eglise.»
En collaboration avec les églises locales, Portes Ouvertes participe à la formation des jeunes Syriens en matière de leadership.
Service Presse Associaiton “Portes Ouvertes” – reproduit avec autorisation. https://www.portesouvertes.ch
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