Le nouveau coronavirus ne laisse personne indifférent et il impacte significativement tout un chacun. Le Campus adventiste de Collonges en subit évidemment les conséquences (plusieurs étudiants et collaborateurs ont été atteints, heureusement sans complications). La Faculté adventiste de théologie a pris un certain nombre d’initiatives face à la crise que nous vivons.
Elle vient notamment de faire paraître un numéro spécial de la Revue adventiste de théologie – Servir, décidant de l’offrir gracieusement dans sa version digitale au plus grand nombre (disponible sur le site du Campus adventiste du Salève de Collonges). « Des mots sur les maux… Le coronavirus à l’épreuve de la théologie, la théologie à l’épreuve du coronavirus », tel est le titre global de ce numéro qui rassemble 21 articles par des auteurs variés. La crise globale actuelle est abordée selon différentes approches. Dans la perspective biblique, les auteurs abordent quelques textes-clé : un récit d’épidémie à l’époque du prophète Samuel, le psaume 91 que certains justifient pour ne pas suivre les mesures de prudence sanitaire, ou encore le premier confinement de l’histoire raconté dans l’Ancien Testament… (Bernard Sauvagnat, Marcel Ladislas, Karl Johnson, Daniela Gelbrich, Roberto Badenas). Des sujets plus en lien avec les prophéties et les signes des temps sont abordés (Rivan Dos Santos, John Graz, Jean-Claude Verrecchia, Bruno Vertallier). Un regard médico-psychologique est aussi considéré (Roland Fayard, Geneviève Aurouze, Akrassi Kouakou, Jacques Yves Nganing Mbende). Enfin, des questions plus pastorales et théologiques sont abordés (Roland Meyer, Reinder Bruinsma, Gabriel Golea, Pierre Kempf, Gilbert Grezet, Luca Marulli, Gabriel Monet, Xavier Rousset. Voir ci-dessous le détail de la table des matières).
Par ailleurs, les professeurs de la FAT ont été invités à répondre à des questions qui sont remontées des églises. Une émission a donc été préparée pour apporter des éclairages théologiques face à des interrogations telles que : la notion du mal ou de punition de la part de Dieu ; les signes des temps ; le rôle de Satan ; la proximité ou le « retard » du retour de Jésus ; la soumission aux autorités en ces temps de crise ; l’utilité de quitter les villes pour habiter à la campagne ; le témoignage ou le rôle de l’Eglise dans la situation présente… Cette vidéo est disponible sur Youtube. Elle a suscité de nombreuses réactions, dans l’ensemble très positives, même si bien sûr chacun a ses idées et ses convictions. Un retour intéressant a été posté sur son blog par le sociologue Fabrice Desplan, chercheur au CNRS. Il écrit notamment :
« La vidéo répond sans détour à des questions très sensibles dans une tradition religieuse où le prophétisme –et la tentation de lire le monde uniquement par son prisme –est présent. […] Il faut souligner qu’aucun interlocuteur n’est tombé dans la tentation de la fièvre prophétique. La mesure est toujours gardée et la bonne distance toujours présente. Oui, le prophétisme est présent et même omniprésent, mais contextualisé, objectivé, alimenté de comparaisons… Surtout les questions auxquelles les enseignants proposent des pistes de réponses sont empiriques, quotidiennes et n’enferment pas dans l’adventisme, même si, et c’est quand même normal, la lecture est adventiste. […] Le fait que les chercheurs et les enseignants redéfinissent simplement et pédagogiquement la notion de fin des temps permet de dépasser le catastrophisme pour faire de la notion de signe des temps une “opportunité, une occasion à saisir”, et de se réinterroger intimement sur la place de l’individu dans la société. C’est donc avant tout “une invitation à veiller”. Dans un groupe religieux où les membres sont sensibilisés à développer une sémantique autour de la parousie, l’exercice n’était pas simple. Être pédagogue en restant fidèle à l’esprit des fondamentaux prophétiques d’une tradition religieuse, tout en inscrivant la réflexion dans le dynamisme de la construction de la pensée, est un exercice difficile, car pouvant être accueilli comme un exercice de relativisation, d’édulcoration. Les enseignants de la Faculté adventiste ont surmonté tous les obstacles. […] Nous sommes bien dans un exercice qui montre que le confinement force les communautés religieuses à se déconfiner pour être audibles, compréhensibles pour ses membres et l’ensemble de la société. Exercice réussi. »
En ce qui concerne les cours de la Faculté de Collonges, dès que la directive a été donnée en France de fermer les universités, il a été décidé de garder l’emploi du temps habituel avec les cours donnés par visio-conférence. Cela fonctionne très bien dans l’ensemble et cela satisfait le plus grand nombre. A ce propos, Roland Meyer, professeur de théologie systématique, souligne « l’excellente motivation des étudiants ». Il témoigne aussi que « cela nous a obligés de repenser complètement notre pédagogie et la transmission du savoir afin que les étudiants soient le moins pénalisés possible ». Pour Daniela Gelbrich, professeur d’Ancien Testament, qui « vit le confinement sereinement », l’enseignement grâce à Zoom se passe bien mais « rien qui remplace le contact réel et face à face entre les êtres humains ». Ceci étant, Rivan Dos Santos, vice-doyen et professeur d’histoire, apprécie une plus proche intimité avec les étudiants : « Oui, car lors des cours directs en ligne, j’entre dans leurs maisons et je sens leur vie de famille. Pour moi, c’est une expérience touchante ». Quant aux étudiants, ils manifestent dans l’ensemble de l’engagement et de la sérénité, même s’ils vivent les choses différemment en fonction de leurs situations. Pour Gérald, responsable de l’association des étudiants, « ce temps de confinement n’est pas pour autant un temps de repos : nous devons suivre les cours, terminer les travaux et en même temps nous occuper de notre famille et cela ce n’est pas si évident », mais il préfère « voir le positif : passer plus de temps en famille, un temps de réflexion et de préparation où notre espérance est intacte car nous sommes finalement plus proches encore de Dieu et des autres ». Neal, un autre étudiant, confirme puisqu’il dit vivre « le confinement comme un moyen qui a permis une ouverture à l’autre incroyable… et de tous horizons ». Très impliqué dans la technique, il contribue avec une équipe à faire perdurer les rencontres ecclésiales grâce au digital. Quant à Morgan, elle évoque le choc et la surprise de la situation, mais aussi la chance d’être dans un cadre reposant à Collonges. Pour les cours, elle affirme : « J’appréhendais au début car j’aime beaucoup les interactions que l’on pouvait avoir en classe mais, au final, c’est tout aussi bien et en plus on peut toujours interagir » ; et l’étudiante qui finit sa première année de théologie à Collonges d’ajouter qu’il y a une vraie solidarité entre étudiants et beaucoup de soutien mutuel.
Assurément, c’est un printemps hors du commun que nous vivons tous, mais les forces de vie qui viennent du Seigneur nous encouragent à rayonner malgré tout en attendant le prochain retour de Jésus ! C’est le défi que la Faculté adventiste de théologie de Collonges relève de son mieux, conformément à sa devise : « Vous êtes la lumière du monde » (Mt 5.14).
Communiqué de la Faculté adventiste de théologie, le 20/04/2020
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