Ézéchias fut le 13ème roi de Judée. Ce fut un bon souverain, contrairement à son père Achaz à qui il succéda. Achaz adorait les idoles et il était connu pour sa mauvaise conduite. Il avait rejeté les voies de Dieu, il adorait des dieux étrangers dans des lieux saints et il cherchait à établir des alliances dangereuses et compromettantes avec l’Assyrie. En raison de sa conduite, le peuple de Juda s’était éloigné de Dieu (2 Rois 16.1-9). Achaz avait fragilisé non seulement la position politique de Juda mais aussi son équilibre spirituel, car il encourageait le peuple à vivre sans Dieu. Ainsi, Juda était devenu vulnérable. Puis Ézéchias devint roi du royaume. Contrairement à son père, Ézéchias était un dirigeant fidèle qui ne voulait pas de cette alliance établie avec l’Assyrie qui excluait Dieu. Dès qu’il y eut des changements à la tête de l’Assyrie, Ézéchias saisit sa chance et mit immédiatement fin à cette alliance synonyme de servitude (2 Rois 18.7).
Ézéchias était-il trop pressé ? Peut-être aurait-il dû attendre plutôt que de couper ses liens avec l’Assyrie si rapidement. Comment savons-nous que le moment est venu de couper des liens, qu’il s’agisse de liens établis dans le cadre d’une relation abusive, de notre addiction à certaines substances nocives, ou même de notre dépendance à certains rites religieux qui semblent bons en eux-mêmes mais qui font obstacle à notre relation avec Dieu ? Couper des liens peut être un processus difficile, notamment parce que nous redoutons que cela entraîne des conséquences négatives. Ézéchias envisagea certainement cela, mais il alla de l’avant.
Il y a quelques années, j’ai dû me poser ce type de questions. Au cours de l’été 2018, ma carrière professionnelle a soudain évolué. En effet, étant avocat, j’avais toujours eu envie de plaider, mais je devais me contenter de divers postes dans des organisations gouvernementales. Au fil du temps, cependant, j’avais acquis la conviction que je n’étais pas fait pour ce type d’emploi. J’avais du mal à comprendre les tâches qui m’étaient confiées. Je rencontrais des problèmes de communication avec mon supérieur hiérarchique. Ma vie spirituelle et même ma relation avec ma petite amie commençaient à en pâtir. Comme Ézéchias, j’ai dû faire un choix. Devais-je prendre la décision de changer de travail ou était-il préférable que j’attende une meilleure occasion ?
En réalité, j’étais le seul à pouvoir choisir, en me laissant guider par le Saint-Esprit. Dans la Parole de Dieu, nous trouvons des conseils à ce sujet. En effet, nous lisons par exemple : « Deux hommes marchent-ils ensemble, sans en avoir convenu ? » (Amos 3.3)*, un texte qui nous rappelle que le chemin que nous empruntons doit être conforme au plan de Dieu pour nous.
L’apôtre Paul ajoute : « Tout m’est permis, mais tout n’est pas utile. » (1 Corinthiens 6.12) Comment pouvons-nous faire la distinction entre ce qui est utile et ce qui ne l’est pas ? Paul nous propose un élément de réponse : « Je ne permettrai à rien d’avoir autorité sur moi. » (v. 12)
MON DILEMME
Voici le dilemme auquel j’étais confronté. Allais-je continuer à travailler au poste assez prestigieux que j’occupais dans le domaine du contentieux et donc me laisser asservir, ou allais-je couper les ponts et avancer par la foi ?
Alors que je me posais beaucoup de questions, mon directeur m’a proposé de travailler au sein de la direction de notre entreprise, espérant que cela pourrait me permettre de faire preuve de loyauté vis-à-vis de l’équipe et d’acquérir les compétences nécessaires pour progresser professionnellement. Cette semaine-là, je me suis retrouvé dans la tourmente. Je me demandais si je devais couper les ponts ou non. Une nuit, je me suis endormi alors que je priais. Vers trois heures du matin, je me suis réveillé et la mélodie d’une chanson sur le rêve américain m’est venue à l’esprit. J’ai ressenti le besoin intense de découvrir la volonté de Dieu et j’ai prié avec ferveur pendant les deux heures qui ont suivi, pleurant et luttant avec Dieu au sujet de mon dilemme. Enfin, j’ai pris la décision de quitter mon poste. Immédiatement, un sentiment de paix intérieure m’a envahi – une paix que je n’avais jamais ressentie depuis que j’avais commencé à travailler. Quelques semaines plus tard, j’ai dit au revoir à mes collègues. J’avais officiellement coupé les liens avec mon emploi.
Parce qu’Ézéchias coupa les liens avec l’Assyrie, il dut faire face à de grandes difficultés. Sennachérib, le roi d’Assyrie, envahit Juda (2 Rois 18.13). Dieu laissa l’Assyrie conquérir tout le royaume de Juda sauf Jérusalem, la capitale (v. 17-35). Le roi d’Assyrie envoya plusieurs chefs attaquer et effrayer le peuple qui vivait à Jérusalem pour l’amener à se rendre (v. 19-23). Les chefs de la diplomatie utilisèrent différentes stratégies pour saper le moral d’Ézéchias et de son peuple. Ils employèrent divers arguments et critiquèrent le roi. Les critiques nous blessent particulièrement quand nous nous trouvons dans une situation de grande vulnérabilité et cherchons désespérément une issue, même si ces critiques sont infondées. Les chefs de la diplomatie mélangèrent aussi la vérité et l’erreur. En effet, ils dirent la vérité en déclarant que Dieu avait permis à l’Assyrie d’envahir Juda (v. 25). À vue humaine, tout espoir semblait perdu (v. 33-35). Mais les êtres humains ne pouvaient pas saisir cette simple vérité : les chefs de la diplomatie avaient tort de prétendre que Dieu était du côté de l’Assyrie (v. 25).
Y a-t-il des chefs de la diplomatie dans notre monde aujourd’hui ? Allumez la télévision, suivez votre fil Twitter ou suivez ce qui est posté sur Facebook, et vous constaterez qu’ils sont nombreux en effet. Tant dans l’Église que dans le monde, les théories du complot abondent. Et tout comme à l’époque d’Ézéchias, certains dirigeants populaires font de la propagande politique pour répandre un dangereux mélange de vérité et d’erreur. En tant que chrétiens, comment devons-nous réagir face à ces messages contradictoires ? Devons-nous répondre en faisant des commentaires sur les réseaux sociaux ? Devons-nous dénoncer les responsables religieux qui utilisent ces méthodes complotistes contestables ?
UN ENSEIGNEMENT POUR NOUS
Nous pouvons peut-être tirer une leçon de la manière dont Ézéchias réagit à la propagande politique du roi ennemi. La Bible nous dit que « le peuple garda le silence ; il ne lui répondit pas un mot, car le roi avait donné cet ordre : Vous ne lui répondrez pas » (2 Rois 18.36).
Lorsque nous sommes submergés de messages contraires à la vérité ou à la Parole de Dieu, notre première réaction devrait être de les ignorer. Peut-être devrions-nous nous intéresser à d’autres informations, ou même fermer les vidéos YouTube qui véhiculent ces idées erronées. Peut-être devrions-nous même éteindre nos téléphones. En tant que jeunes adultes chrétiens, avons-nous vraiment le temps de nous engager dans la lutte contre la propagande de l’ennemi ? C’est en effet le diable qui est à l’origine de la propagande politique et spirituelle, et qui fait passer l’erreur pour la vérité. Dans ces moments-là, quand le mensonge et les faux-semblants prennent des allures de vérité et de réalité, la meilleure chose que nous puissions faire est de nous en détourner afin de ne pas laisser le diable avoir de l’emprise sur nous.
Nous pouvons tirer une deuxième leçon de l’exemple d’Ézéchias. Si nous nous contentons d’éteindre la source de cette propagande trompeuse, nous ne pouvons la remplacer par quelque chose de meilleur et nous ne réussissons pas à aller à la source de la vérité.
Reprenons l’exemple d’Ézéchias. Non seulement ses hommes gardèrent le silence, mais il s’adressa aussi directement à Dieu peu après avoir entendu toutes les paroles trompeuses et mensongères prononcées par les chefs de la diplomatie. Ézéchias envoya un message au prophète Ésaïe (2 Rois 19.1-4) pour entendre ce que Dieu avait à dire. Puis il entra dans le temple de Dieu et présenta la lettre de menace des messagers du roi d’Assyrie devant le Seigneur (2 Rois 19.1-4,14,15).
Comme Ézéchias, pensons-nous à présenter au Seigneur en prière les messages publiés sur les réseaux sociaux qui, souvent, nous détournent des vérités divines ? Nous ne pouvons certainement pas nous protéger totalement de tout cela, mais peut-être pouvons-nous couper nos liens avec les messages mensongers qui nous parviennent en veillant à renforcer notre relation avec Dieu.
Avançons maintenant jusqu’à la fin de l’histoire. Parce qu’Ézéchias fit confiance à Dieu et lui parla de sa situation difficile, celui-ci vint à son secours d’une manière extraordinaire (2 Rois 19.35). Dieu a fait la même chose pour moi. Même si certaines personnes de mon entourage ont critiqué mon choix de prendre le risque de me retrouver sans emploi au lieu de continuer à travailler à un poste qui ne me plaisait pas, Dieu est venu à mon secours. Ayant coupé les liens qui m’attachaient à mon ancien emploi, j’ai eu plus de temps pour me concentrer sur ce qui comptait vraiment pour moi, à savoir mon parcours spirituel. Quelques mois après avoir quitté cet emploi, je me suis officiellement fiancé à ma petite amie et, peu de temps après, j’ai été embauché par Hope Channel où je travaille encore aujourd’hui. Tout comme Ézéchias, j’ai été confronté à quelques difficultés pendant cette période, mais Dieu a pris soin de moi à chaque étape de mon cheminement. Par la foi, Ézéchias avait renoncé à une alliance mauvaise et, par la foi aussi, j’ai coupé mes liens avec un travail stressant et contreproductif.
Je ne sais pas quels problèmes vous rencontrez aujourd’hui, mais je suis certain d’une chose ; à un moment ou à un autre, vous devrez prendre la décision de couper les liens ou non. Alors que vous réfléchissez à cette décision, que l’histoire d’Ézéchias vous permette d’y voir plus clair et vous guide. N’essayez pas de combattre l’ennemi et ses méthodes trompeuses par vos propres moyens. Tournez-vous vers Dieu et laissez-le vous guider dans les décisions que vous devez prendre dans votre vie.
* Sauf mention contraire, toutes les citations bibliques mentionnées dans cet article sont tirées de la Nouvelle Bible Segond.
De Jason Miller, diplômé de la faculté de droit The Catholic University of America, Columbus School of Law, Washington, D.C., aux États-Unis. Il est actuellement directeur du département Planned Giving de Hope Channel à la Conférence générale des adventistes du septième jour, à Silver Spring, dans le Maryland, aux États-Unis.
Source : Dialogue 33 (2021/2), p. 14-15
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