Dieu envisage un avenir écologique. Cet avenir dépend toutefois de notre intendance.
En tant que chrétiens, pourquoi devrions-nous nous soucier de l’environnement ? Après tout, ne sommes-nous pas maîtres de la terre par ordre même de Dieu ? Le Créateur ne nous a-t-il pas permis de l’utiliser à notre avantage1 ? Les êtres humains n’ont-ils pas une plus grande valeur que les rivières, les arbres ou les animaux2 ? Les Israélites ne furentils pas punis en raison du culte qu’ils rendaient à la terre et à ce qu’elle contient3 ? Ne croyons-nous pas au retour de Jésus – lors duquel la terre sera consumée par le feu et Dieu lui-même créera « un nouveau ciel et une nouvelle terre »4 ? N’avons-nous pas reçu le mandat de sauver des âmes plutôt que la planète5 ?
LA RESPONSABILITÉ CHRÉTIENNE À L’ÉGARD DE L’ENVIRONNEMENT
Ces questions sont, évidemment, d’une certaine justesse. Mais après considération, une autre question, s’impose peut-être : En tant que chré- tiens, pourquoi ne prendrions-nous pas soin de l’environnement ? Après tout, la protection de l’environnement est un principe biblique ! Quatre pierres angulaires soutiennent ce principe.
1. Dieu, le Créateur, nous a créés à son image. Tout a commencé avec le Dieu créateur, lequel amena à l’existence un monde physique qu’il considéra avec délices6 . Nous lisons dans la Genèse : « Dieu vit alors tout ce qu’il avait fait, et voici : c’était très bon7 . » Ainsi, Dieu créa les êtres humains à son image pour qu’ils reflètent son caractère et ses priorités. Il leur confia aussi l’intendance de sa création : « Dieu dit : Faisons l’homme à notre image selon notre ressemblance, pour qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre8.»
Ce poste d’intendance, cependant, est rattaché à une relation partagée. Par exemple, Dieu créa tant les animaux que les êtres humains de « la poussière de la terre ». Ensuite, il accorda à chacun la bénédiction identique suivante : « Soyez féconds, multipliez-vous »9 . Voilà qui est significatif !
En un mot, « À l’Éternel la terre et ce qui la remplit »10. Soyons donc des administrateurs responsables de l’écosystème dans lequel nous vivons11.
2. Dieu demeure connecté à sa création et veille à sa protection. D’un bout à l’autre des Écritures, la relation continue de Dieu avec sa création et le soin qu’il apporte à celle-ci sont largement documentés12.Prenez, par exemple, le Déluge, tel que consigné dans Genèse 6-9. À l’approche de cette catastrophe mondiale imminente, Dieu chercha à préserver les différentes espèces. Il instruisit Noé : « Tu feras aussi entrer dans l’arche […] chaque espèce vivante […] tu prendras un mâle et une femelle […] Un couple de chaque espèce, oiseau, bétail, reptiles du sol, viendra vers toi afin de survivre13. » Alors même que le Déluge déferlait sur le monde, « Dieu n’avait pas oublié Noé et toutes les bêtes sauvages et les bestiaux qui étaient avec lui dans le bateau. Il fit souffler un vent sur la terre ; alors les eaux se mirent à baisser14. » En outre, à la fin du Déluge, Dieu inclut spécifiquement les animaux dans la relation d’alliance : « Quant à moi, j’établis mon alliance avec vous et avec votre descendance après vous, avec tous les êtres vivants qui sont avec vous, tant les oiseaux que le bétail et tous les animaux sauvages, avec tous ceux qui sont sortis de l’arche, avec tous les animaux sauvages15. »
Les Écritures disent aussi clairement que Dieu non seulement protège toutes ses créatures, mais aussi pourvoit à leurs besoins, et pas uniquement à ceux des êtres humains. « Éternel ! tu soutiens les hommes et les bêtes16. » « Tous ces animaux espèrent en toi, pour que tu leur donnes la nourriture en son temps. Tu […] ouvres ta main, et ils se rassasient de biens17. » Jésus a dit : « Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n’amassent rien dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit18. »
En résumé, la Bible établit clairement que le respect environnemental, c’est l’affaire de Dieu. Puisque Dieu protège ses créatures, les préserve et pourvoit à leurs besoins, ne devrionsnous pas en faire tout autant ?
3. Dieu enseigne aux êtres humains à prendre soin de la création. À la création, Adam et Ève reçurent non seulement le mandat de servir la planète et tout ce qu’elle contient, mais aussi de la préserver : « L’Éternel Dieu prit l’homme et le plaça dans le jardin d’Éden pour le cultiver et pour le garder19. » Ce mandat n’a jamais été révoqué.
Les recommandations divines aux Israélites incluaient la bonté envers les animaux : « Si tu vois l’âne de ton frère ou son bœuf tombé dans le chemin, tu ne t’esquiveras pas »20. Les animaux devaient aussi bénéficier de leur travail. « Tu ne muselleras pas le bœuf quand il foule le grain21. » De même, Salomon nous rappelle que « le juste prend soin de son bétail »22.
L’intervention de Dieu devant le traitement que Balaam fit subir à son ânesse constitue un exemple classique de la sollicitude divine envers les animaux. Lorsque Balaam battit l’animal d’abord par frustration, puis par rage, un ange apparut et lui reprocha immé- diatement le mauvais traitement infligé au pauvre animal. « Pourquoi as-tu frappé ton ânesse déjà trois fois23 ? »
Dans ses instructions aux Israélites, Dieu mentionna un temps de repos tant au pays et aux animaux qu’aux êtres humains. Il y avait d’abord un repos hebdomadaire, soit le sabbat : « Le septième jour est le sabbat de l’Éternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger qui réside chez toi24. » Dieu institua également une année sabbatique durant laquelle la population agraire devait mettre ses terres en jachère. Tout au long de cette année sabbatique, laquelle revenait tous les sept ans, les animaux domestiques devaient se reposer, et la terre, se régénérer25.
L’environnement devait être protégé même en temps de guerre. « Lorsque vous attaquerez une ville et que vous l’assiégerez longtemps avant de pouvoir la prendre, vous ne détruirez pas les arbres fruitiers des environs26. » Plus tard, Jésus instruisit ses disciples de pratiquer la conservation. Après avoir nourri miraculeusement une grande foule, il leur donna cet ordre : « Ramassez les morceaux qui restent, afin que rien ne se perde27. » Ces exemples prouvent hors de tout doute que Dieu s’attend à ce que les êtres humains prennent soin de l’environnement.
4. Dieu est affligé quand on exploite et qu’on profane sa création. Dieu transmit sa préoccupation par l’entremise du prophète Jérémie : « Je vous ai fait entrer dans un pays fertile pour que vous mangiez les fruits et les bons produits qui s’y trouvent, mais vous êtes venus et vous avez rendu mon pays impur […] Jusqu’à quand le pays sera-t-il endeuillé et l’herbe de tous les champs sera-t-elle desséchée ? À cause de la méchanceté de ses habitants, les bêtes et les oiseaux disparaissent. […] On en a fait une terre dévastée. Il est en deuil, il est en ruine devant moi. Tout le pays est dévasté, parce que personne ne l’a pris à cœur28. »
Dieu exprima aussi son angoisse par la bouche du prophète Ézékiel : « Malheur aux bergers d’Israël qui ne prennent soin que d’eux-mêmes ! […] N’est-ce pas suffisant pour vous de brouter dans un bon pâturage ? Faut-il encore que vous piétiniez l’herbe qui reste ? N’est-ce pas suffisant pour vous de boire une eau limpide ? Faut-il encore que vous troubliez le reste avec vos pieds29 ? »
Le Créateur définit les conséquences entraînées par le viol et la profanation du monde qu’il a créé : « Malheur à vous qui ajoutez maison à maison […], au point que vous êtes les seuls à habiter au milieu du pays ! Voici ce que m’a fait savoir l’Éternel, le Maître de l’univers : c’est certain, ces nombreuses maisons seront dévastées, ces grandes et belles maisons n’auront plus d’habitants. » Au verset suivant, il lança cet avertissement : « Oui, deux hectares de vigne ne produiront qu’un baril de vin et dix mesures de semence n’en produiront qu’une30. » Plus loin, Dieu déclara qu’il changerait les sources d’eaux en terre desséchée, les fleuves en désert, et le pays fertile en pays salé, « à cause de la méchanceté de ses habitants »31.
En des termes parallèles, semble-til, aux rapports actuels, Dieu décrivit les résultats de l’exploitation environnementale : « La terre est en deuil, elle est épuisée. Le monde, épuisé, dépérit. Les grands des peuples de la terre dépé- rissent. La terre avait été souillée par ses habitants parce qu’ils enfreignaient les lois, modifiaient les prescriptions, violaient l’alliance éternelle. Voilà pourquoi la malédiction dévaste la terre et ses habitants doivent supporter les consé- quences de leurs crimes. Voilà pourquoi les habitants de la terre sont punis et il ne reste qu’un petit nombre d’hommes32. »
Enfin, en des termes apocalyptiques, les vingt-quatre anciens assis autour du trône de Dieu s’écrièrent : « Les nations s’étaient irritées, ta colère est venue, ainsi que le temps de juger […] et de détruire ceux qui détruisent la terre33. »
LE PROBLÈME DE LA DÉCONNEXION
C’est on ne peut plus clair : Dieu est un champion de l’environnement ! Par conséquent, nous devons, nous aussi, avoir sa création à cœur. Le problème, c’est la déconnexion.
Quand j’étais adolescent, j’habitais près d’une forêt tropicale. Ma famille et moi allions assez souvent nous y promener. Nous nous émerveillions des arbres géants enveloppés d’épiphytes, des oiseaux qui chantaient du haut de la canopée et des papillons translucides qui voletaient dans les rares bassins de lumière. Le soir, j’entendais des camions grumiers qui transportaient vers le port des arbres massifs qui avaient été coupés – des arbres qui avaient grandi pendant des siècles. Et j’en éprouvais une certaine tristesse. Je me souviens aussi de mon sentiment de fierté lorsque j’ai terminé la fabrication d’un bureau pour ma chambre, à partir d’un seul morceau de bois d’acajou. Une déconnexion.
Il n’y a pas si longtemps, j’ai repéré une voiture récente à émission zéro. Sur un autocollant appliqué sur le pare-choc, on lisait : « Un choix vert ! » Et cette voiture se trouvait dans le stationnement d’un restaurant-grill. Une autre déconnexion.
Récemment, j’ai visité une école où les professeurs parlaient du réchauffement climatique et de la couche d’ozone. Les étudiants avaient fait des posters intitulés « Sauvons les baleines ! » et réalisé des affiches murales ayant pour thème la protection de notre planète. Croyez-le ou non, cette même école utilisait des assiettes et des ustensiles non biodégradables, n’éteignait pas les lumières, laissait couler les robinets, et entassait toutes ses ordures dans un seul et même contenant. Déconnexion, quand tu nous tiens…
DE LA CONVICTION À L’ ACTION
« Dieu est un environnementaliste. » Quelles sont les implications d’une telle déclaration ? Vous-même, que devez-vous faire en tant que chrétien ?
1. Informez-vous. Identifiez les causes de la situation présente et soulignez les solutions potentielles, particulièrement dans une perspective chrétienne. La Bible, par exemple, identifie la cause sousjacente de la crise environnementale : « Gardez-vous attentivement de toute cupidité ; car même dans l’abondance, la vie d’un homme ne dépend pas de ce qu’il possède34. » Vous avez vécu dans les voluptés et dans le luxe, vous avez rassasié vos cœurs au jour du carnage35. » Le prophète Osée indique le résultat de cette vie égocentrique : « C’est pourquoi, dans le pays, la sécheresse va sévir, tous ses habitants vont dépérir, avec les bêtes dans les champs, et les oiseaux dans les airs. Même les poissons dans la mer sont condamnés à disparaître. Non, ce n’est pas n’importe qui que l’on doit accuser ou couvrir de reproches. Mais c’est avec toi […] que je suis en procès […]36. »
En résumé, la crise écologique – où l’air et l’eau sont pollués, les forêts et la vie sauvage, pillées, et les ressources naturelles, exploitées – s’enracine dans notre cupidité et dans notre refus de pratiquer une intendance responsable.
Heureusement, les Écritures nous indiquent aussi la solution : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même37. » Aimer notre prochain, c’est, au sens mondial du terme, lui laisser un endroit décent dans lequel habiter. L’objectif consiste à accroître notre sensibilisation spirituelle et à approfondir notre engagement à servir en tant que protecteurs et gardiens de notre planète38. C’est là ce qui se produit dès que nous reconnaissons Dieu en tant que Concepteur, Créateur, et Soutien du monde naturel, que nous appliquons les principes bibliques de la moralité chrétienne, de l’intégrité et du comportement éthique à tous les aspects de la vie, y compris l’environnement, et que nous développons une attitude d’intendance et de service envers la vie, la santé, et l’environnement de la terre39.
2. Soyez un exemple d’intendance environnementale. Réduisez. Réutilisez. Recyclez. Restaurez.
Coupez l’eau lorsque vous vous brossez les dents, vous rasez, ou vous savonnez. Gare au gaspillage de nourriture40 ! Plantez un arbre, plusieurs si possible. Compostez vos déchets organiques, puis faites un jardin. Impliquezvous dans le nettoyage d’une rue, d’un parc ou d’un ruisseau. Participez à (ou lancez !) un programme de recyclage de verre, de papier, et de plastique. Troquez vos ampoules ordinaires contre des ampoules à haute efficacité énergétique. Apportez vos propres sacs au supermarché. Marchez, déplacez-vous à vélo, et utilisez les transports publics quand c’est possible. Achetez des produits locaux. Recueillez l’eau de pluie. Exploitez l’énergie éolienne ou solaire41.
En fait, l’une des contributions les plus importantes que l’on puisse apporter pour l’écosystème, c’est de devenir végé- tarien. À ce chapitre, il ne s’agit pas que de la cruauté envers les animaux. Une étude récente de l’Université de Loma Linda, publiée dans le American Journal of Clinical Nutrition, a révélé qu’un régime à base de végétaux est responsable de près de trois fois moins d’émissions de gaz à effet de serre par rapport à un régime comportant des produits animaux42. En outre, selon la Water Education Foundation (Fondation de l’éducation relative à l’eau), il faut près de 10 000 litres d’eau pour produire approximativement 0,5 kilo de bœuf43, mais seulement 100 litres d’eau pour produire 0,5 kilo de blé44.
3. Lancez-vous dans l’alphabétisation environnementale. Transmettez de façons engageantes ces préoccupations et priorités environnementales à ceux qui vous entourent par le biais de l’art, du théâtre, de la technologie, de modèles, de métaphores. Si possible, menez une recherche environnementale, ce qui vous fournira une base empirique pour des décisions stratégiques.
En un mot, devenons des agents de changement pour stopper l’exploitation égoïste des ressources de la terre et la dégradation irresponsable de l’environnement, lesquelles sont responsables d’une vaste souffrance, d’un désarroi environnemental et de la menace d’un changement climatique ; pour tenir en bride la consommation débridée et le consumérisme irresponsable ; pour mettre un frein à la diminution des ressources non renouvelables et à la pollution menaçant les écosystèmes de la terre ; enfin, pour créer et mettre en œuvre un ordre du jour environnemental. Donnons-nous pour objectif le développement durable des ressources ; comblons les besoins humains tout en prenant soin de l’environnement en bons intendants du Seigneur. Bref, gérons fidèlement les ressources de la terre !
LA VISION DIVINE POUR UN AVENIR DURABLE
Dieu envisage un avenir écologique. Cet avenir dépend, toutefois, de notre intendance. « Si mon peuple sur qui est invoqué mon nom […] revient de ses mauvaises voies, moi, […] je lui pardonnerai son péché et je guérirai son pays45. » En conséquence, « le désert et le terrain sec se réjouiront, la plaine aride exprimera sa joie et fleurira comme un narcisse […] elle se couvrira de fleurs […] La terre brûlante deviendra un étang et la terre aride se changera en sources d’eau. Dans le repaire qui servait de gîte aux chacals pousseront des roseaux et des joncs46. »
Dans cet écosystème florissant, Dieu établira de nouveau une alliance de l’intendance environnementale. « En ce jour-là, je conclurai pour eux une alliance avec les animaux des champs, les oiseaux du ciel et les reptiles du sol. Je briserai dans le pays l’arc, l’épée et la guerre, et je les ferai se coucher en toute sécurité47. » « Il ne se fera ni tort ni dommage sur toute ma montagne sainte ; car la terre sera remplie de la connaissance de l’Éternel, comme le fond de la mer par les eaux qui le couvrent48. »
Alors, quelle est donc notre responsabilité ? « Ce qu’on demande en fin de compte à des intendants, c’est de se montrer fidèles49. » Nous mesurons notre intendance par des écosystèmes sains, un développement durable et une consommation responsable. Des intendants fidèles… Vous. Moi. Envisagez donc l’avenir… et passez à l’action dès maintenant !
John Wesley Taylor V
(titulaire d’un doctorat de l’Université Andrews et d’un doctorat en éducation de l’Université de la Virginie), est directeur adjoint du Département de l’éducation de la Conférence générale. Il recycle, ferme les robinets, éteint les lumières, est végétarien et a planté deux arbres cette année. Il espère acheter un jour un véhicule hybride – enfin, dès que sa vieille voiture de 20 ans se retrouvera au recyclage. Son courriel : taylorjw@gc.adventist.org
Source : https://dialogue.adventist.org/issues/28-1-fr.pdf
NOTES ET RÉFÉRENCES : https://dialogue.adventist.org/issues/28-1-fr.pdf
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