BANNIR LE SUCRE OU NON ? – EXPÉRIMENTATION D’UN MOIS

Quand Sarah Wilson, la journaliste australienne qui se définissait elle-même amatrice de gourmandises, a décidé de renoncer au sucre pour un mois, elle n’avait aucune idée de comment sa décision impacterait sa vie. Diagnostiquée porteuse d’une maladie auto-immune, pendant des années les médecins lui avaient conseillé un régime sans sucre… le meilleur choix pour sa santé, selon eux. En 2011, elle a finalement décidé d’arrêter de manger du sucre mais uniquement comme une expérience de courte durée.

Aujourd’hui, six années plus tard, Sarah a vu presque 1,5 millions de personnes dans le monde entier réussir à arrêter de consommer du sucre grâce à son programme de huit semaines appelé I Quit Sugar. Elle est auteure à succès du New York Times et des livres : I Quit Sugar dans lesquels elle parle des dommages du sucre sur notre santé.

En lisant sa biographie, je n’ai pas été surprise. Pendant des années, des milliers de professionnels de la santé ont exposé les dangers du sucre et cela pour une bonne raison : les études ont lié une consommation excessive de sucre à un dysfonctionnement du métabolisme, au diabète du type 2, aux maladies du cœur et même aux cancers.

Le point de désaccord pour moi résidait dans l’expression « consommation excessive ». Toute consommation excessive peut être dangereuse. Mais que dire d’une consommation occasionnelle de sucre ? Le programme de Wilson interdit le sucre sous toutes ses formes, y compris les édulcorants et les fruits[1], chose qui a attiré l’attention des passionnés et des critiques. Paula Kotowicz, experte en troubles de l’alimentation, était une des adversaires les plus acharnées contre ce type de régime ; elle soutenait que cela pouvait faire plus de mal que de bien.

« Mes préoccupations sont liées au fait que les régimes tout-ou-rien ont tendance à impliquer d’importantes conséquences », a-t-elle écrit sur son site Internet. « [Mais] les recherches ont montré à maintes reprises que la restriction et la privation peuvent être la voie vers une frénésie alimentaire, des troubles de l’alimentation ou vers le développement d’un désordre alimentaire ».

Cassie Platt, nutritionniste à Sydney, a aussi attaqué le régime sans sucre, en écrivant un livre intitulé Don’t Quit Sugar. « Il est facile d’inaugurer un mouvement pour arrêter de manger du sucre sans se poser beaucoup de questions, mais il serait préférable de se focaliser sur un régime équilibré, et non pas sur un régime qui souligne des restrictions. Ces régimes qui excluent le sucre regardent d’un mauvais œil le fructose ; les gens commencent à avoir peur des aliments qui en contiennent, y compris les fruits. C’est complètement insensé », déclare-t-elle.

Mon expérience

En prenant en considération tout cela et après avoir observé les deux côtés du mouvement anti-sucre, j’ai décidé de l’essayer à mon tour. Pourquoi pas ? Je ne suis pas une passionnée de sucreries, je préfère les plats salés, cela ne sera pas si difficile.

J’ai conçu mon propre régime alimentaire : un mélange de tout ce que j’avais lu, tout en gardant une position équilibrée entre les deux extrêmes. Même si je ne pensais pas être dépendante du sucre, je refusais rarement un dessert quand on me le proposait. Mon objectif était d’éliminer le sucre dans ses formes les plus délicieuses : les pâtisseries.

Pendant un mois je me suis empêchée de manger gâteaux, muffins, biscuits, barres de chocolat, yaourts, jus de fruit et sucettes. Je n’ai pas renoncé aux fruits frais, car mon seul but était de couper autant de sucre raffiné que possible. Dans ce que j’avais lu, y compris dans la recherche de Platt, on plaidait contre l’élimination des fruits dans un régime bien équilibré.

J’étais curieuse de savoir si je verrais des changements sur mon corps même après seulement un mois. Pendant ma consultation médicale mensuelle, j’en ai parlé à mon médecin et je l’ai mis au courant de mon défi. Il était amusé en m’écoutant lui expliquer mon plan mais à la fin il m’a donné le feu vert, en me disant qu’il me souhaitait le meilleur.

J’ai choisi le mois de février pour commencer à arrêter de manger des desserts, mois qui s’est avéré être le pire. J’ai dû combattre les douceurs des réunions du matin, les thés de l’après-midi au travail, la célébration mensuelle de mon mariage (pendanr notre première année de mariage nous avons célébré tous les mois), la Saint-Valentin, les fêtes d’anniversaires et les dîners où les desserts semblaient m’appeler personnellement. Mais j’étais bien déterminée et écrivais les progrès sur mon journal intime.

Semaine 1
Échecs : 0
Changements : la peau s’éclaircit.

C’est facile, je peux y arriver. J’ai une grande force de volonté, je n’échouerai pas. Même si… je sens l’odeur de biscuits au chocolat. Merci, les collègues, d’avoir apporté des biscuits le tout premier jour de mon défi ! J’ai résisté, difficilement, mais j’ai résisté.

Le reste de la semaine s’est déroulée avec des hauts et des bas. Il est arrivé que malgré les gens qui mangeaient une glace devant moi, j’étais sereine. D’autres fois, je me surprenais à rêver d’une glace pour échapper aux 40 degrés de mon bureau. Mais la première semaine est terminée, j’en suis reconnaissante. Bien que j’aie eu mal à la tête pendant quelques jours, je vois déjà les petits boutons sur mon visage disparaître.

Semaine 2
Échecs : 2
Changements : la peau continue à s’éclaircir, le mal de tête a empiré, l’irritabilité est grande.

Ok, c’est dur. Dimanche on a fêté notre anniversaire mensuel de mariage et mon mari m’a donné des fleurs et du chocolat. « Je vais le mettre dans le frigo et tu le pourras manger quand le défi sera terminé », m’a-t-il dit en se référant au chocolat. Je me suis demandée s’il était en train de mettre à l’épreuve ma force de volonté. Peut-être que oui parce que le lundi soir il est rentré à la maison avec un autre cadeau en chocolat. La pile d’interdits continuait à augmenter et moi, je sentais ma résolution se dissiper.

Mardi, premier échec. Les fêtes d’anniversaires ne comptent pas, n’est-ce pas ? Il y avait deux grands gâteaux au chocolat placés devant moi et quand la reine de la fête m’a servi une petite part des deux, je n’ai pas pu refuser. Cela aurait été vraiment impoli de ma part. Voilà mon premier échec, même si je n’ai mangé que la moitié de chaque part.

Mercredi. Dans mon désespoir, j’ai décidé que je ne suis pas le genre de personne qui arrête tout, tout à coup. J’ai décidé de m’accorder une petite gourmandise tous les samedis.

Jeudi. Le mal de tête continue à empirer et moi, je suis grincheuse. Je suis réticente à respecter mon interdiction au sucre. Mais je n’ai pas une dépendance…ou si ?

Semaine 3
Échecs : 0
Changements : la peau du visage est complètement nettoyée, le mal de tête a disparu et j’ai plus d’énergie le matin.

Quelque chose s’est passé. Toute la semaine passée j’attendais impatiemment la journée de samedi, pour ma dose de sucre. Pour la première fois, cette semaine je n’ai pas désiré de sucre. La journée de samedi venait de se terminer quand j’ai réalisé que je n’avais pas consommé de sucre ce jour-là. Et, chose encore plus importante, je n’ai pas eu l’impression d’en avoir besoin !

J’ai aussi plus d’énergie le matin et mon mari, qui dès le début de notre mariage cherchait à me transformer en une personne matinale, en est ravi. Il dit que je devrais abandonner le sucre pour toujours, mais moi je suis encore un peu hésitante. La semaine prochaine je consulterai mon médecin à ce propos.

Je dois noter que mes fringales ne sont plus si fortes que celles de la semaine dernière, mais les tentations sont partout. Il est incroyable de voir combien de desserts on m’offre quand je veux les éviter. Dorénavant, je serai plus attentive aux personnes qui cherchent à éliminer certains aliments de leur régime.

Semaine 4
Échecs : 0
Changements : rien de nouveau à signaler.

C’est confirmé : mon médecin a dit que les changements que je voyais sont liés à mon abstinence de sucre. Il a dit que si je continue à me sentir bien de manière générale je ne me dois pas me préoccuper des effets secondaires.

Je réussis à voir la lumière au bout du tunnel et c’est un sentiment étrange. Avant de commencer le défi, je pensais passer le mois sans aucun problème, peut-être seulement une ou deux petites envies. À mi-chemin je me suis rendue compte que n’arriverais pas à mener à bien mon défi et j’ai dû apporter des changements pour assouvir certains de mes « besoins ».

Le défi est presque terminé et même si j’ai ressenti un léger désir quand on a coupé le gâteau d’anniversaire, je ne me suis pas jetée dessus comme je l’aurais fait auparavant. Et je ne ressens même pas le besoin de manger toute une confection de muffins pour célébrer la fin de mon mois de restriction.

Conclusion 

On m’a demandé plusieurs fois si je renouvellerais l’expérience. C’est vite dit : non. L’expérience est réussie et le défi m’a apporté des changements positifs : cela a permis à mon corps de se purifier, malgré mes deux échecs. Je pense aussi que je n’étais pas pleinement consciente de combien de sucreries je mangeais et le mois d’abstinence me l’a révélé.

Grâce à cette découverte, les mois suivants, j’étais bien plus attentive à la quantité de sucre consommée. Tout en diminuant la quantité de dessert, j’augmentais le nombre d’exercices pour arriver à tenir un style de vie sain et équilibré. Avant le défi je me sentais mal de céder à la vue d’un dessert mais je ne faisais rien pour l’éviter. Maintenant, si je m’accorde un peu plus de liberté pour un soir, je fais plus attention à mon régime le reste de la semaine, en m’assurant aussi de faire de l’exercice physique. Et la partie la plus importante est que je ne m’en veux pas si de temps en temps je succombe à la tentation.

Est-ce l’on devrait arrêter complètement de manger du sucre ? Je ne peux pas répondre pour vous. Il est important de noter que Sarah Wilson, malgré ses bonnes intentions d’aider les autres, a renoncé au sucre pour des raisons médicales, suivant les conseils de médecins qualifiés ; quant à elle, elle n’est pas une experte de la nutrition. Donc je pense qu’il vaut mieux consulter son propre médecin avant d’apporter de grands changements dans son régime alimentaire ou son style de vie.

Mais est-ce l’on devrait diminuer la consommation de sucre ? Absolument. L’équilibre et l’auto-contrôle ont, dans toutes leurs formes, une base médicale et biblique et sont une bonne pratique pour un style de vie sain.

Comme le dit Platt, on a besoin d’un retour à un régime équilibré. « Arrêtez les restrictions et l’évaluation des aliments bons ou mauvais pour penser plutôt à comment avoir un régime équilibré. Ainsi, une douceur de temps en temps ne sera pas si mauvaise ».

Heureusement, c’est bientôt mon anniversaire et je mangerai une part de mon gâteau préféré, un cheesecake aux myrtilles !

De Maritza Brunt

Source https://www.hopechannel.com/read/maritza-brunts-sugar-diaries

Traduit par Tiziana Calà

[1] Après le programme de huit semaines, les participants sont encouragés à réintroduire dans leur régime les fruits qui contiennent peu de sucre et, si leur corps le permet, de se renforcer progressivement avant de consommer la plupart des fruits et des pains.