Depuis un certain temps on nous dit que boire avec modération est bon pour la santé. Plus récemment (2014), dans une étude scientifique titrée « To Drink or Not to Drink » (littéralement, Boire ou ne pas Boire) le Dr. Rubin a conseillé à ses lecteurs de se « détendre et boire un verre par jour, préférablement pendant le dîner ». Est-ce que la plupart des docteurs pensent que boire de l’alcool avec modération peut vraiment améliorer la santé et permettre aux gens de vivre plus longtemps ? Est-ce qu’on peut énumérer l’alcool avec les fruits et les légumes, les vitamines et les minéraux qui aident notre santé et notre longévité ? Si la réponse est affirmative, alors les bienfaits d’une consommation modérée d’alcool pour la santé devraient vraiment être importants, vu que la décision de commencer à boire de l’alcool porte avec soi toute une série de risques assez sérieux.
Le risque le plus sérieux
Commençons par considérer le risque le plus sérieux par rapport à une consommation modérée, à savoir celui de devenir un buveur immodéré, un alcoolique. La pluparts des écrivains, lorsqu’ils parlent des risques d’une consommation modérée, n’arrivent pas à inclure le risque assumé par tous ceux qui boivent de l’alcool. Parce qu’une personne qui commence à boire beaucoup n’est plus un buveur modéré et ne fait plus partie du groupe des personnes dont la santé a été analysée. Cela a comme conséquence une grave sous-estimation des risques d’une consommation modérée d’alcool. Il est vraiment important de ne pas exclure de l’étude des buveurs modérés ceux qui arrivent à abuser de l’alcool ; des études ont montré que dans la population caucasienne, 1 buveur modéré sur 12 (8%) devient un alcoolique.
Peut-être qu’un simple exemple clarifiera le point. Imaginez un homme avec un revolver à six coups dans chaque main, avec les revolvers pointés sur les deux côtés de la tête. Tandis qu’un revolver n’est pas chargé, l’autre a une balle. Si l’homme appuie au hasard sur la gâchette, soit avec sa main droite que avec sa main gauche, il jouera une version à deux mains de la roulette rousse. Voilà les possibilités statistiques que un buveur a de devenir un alcoolique. Et tous les experts, y compris le Dr. Rubin, conviennent qu’une consommation excessive d’alcool est catastrophique pour la santé de l’homme.
Chez la population amérindienne, l’inconvénient de boire de façon modérée est pire encore. 20% des amérindiens deviendront des alcooliques ! Cela vaut dire mettre deux balles dans l’un des nos revolvers et une balle d’un l’autre, si l’on continue avec l’image précédente.
Alors pourquoi y-a-t-il un doute sur la nuisibilité de l’alcool ? Parce que, comme je l’ai déjà souligné, pour une période la presse a annoncé que la science montrait qu’une consommation modérée d’alcool nous protège des maladies et des arrêts cardiaques et d’autres désagréables façons de mourir. Dit autrement, boire avec modération est censé avoir des avantages pour la santé, tout comme manger des fruits et des légumes.
Quelle est la qualité des données disponibles qui supportent cette conclusion ? Est-ce que la science le démontre vraiment ?
Est-ce que la preuve est fiable ?
J’essaie de me tenir informé sur le sujet de l’alcool et ses effets, grâce aux preuves scientifiques et à travers les opinions signalées dans la presse populaire. Tout d’abord, permettez-moi de confirmer que la presse populaire fait rapport à une quantité impressionnante de données. Le croyez-vous qu’il y a plus de 2 500 études scientifiques qui parlent de boire avec modération et de la conséquence d’avoir une vie plus longue ? Probablement il y a le même nombre d’articles aussi dans les revues et les journaux, mais cela devient plutôt difficile de les compter. Des dernières 87 études que j’ai lu, 84 concluaient en disant que les buveurs modérés ont moins de chances de mourir de maladies cardiaques ; deux autres études ne donnaient aucun résultat final.
Avant de continuer, il sera utile de noter bien que malgré le grand nombre de données, leur qualité est mauvaise, et d’ailleurs cela ne pouvait pas être autrement. La quasi-totalité de tous ces documents est fondée sur des études dans lesquelles un grand nombre de personnes relativement saines est divisé en deux groupes : les buveurs modérés et les ex-buveurs (ceux qui ont arrêté complètement de boire d’alcool). Ces deux groupes sont ensuite étudiés pour 10, 15 ou peut-être 20 ans pour voir le pourcentage du groupe qui est encore en vie. Combien de buveurs modérés vivent bien leurs vies et combien d’ex-buveurs (ceux qui, même avant le début de la recherche, avaient déjà arrêté de boire) vivent une vie sereine ? Si un pourcentage plus élevé d’ex-buveurs est mort, cela signifie que boire avec modération a comme résultat final une vie longue, les deux aspects vont ensemble.
Ce genre de projet de recherche est connu sous le nom d’étude observationnelle. Les données qui en résultent sont d’une médiocre qualité scientifique, vu qu’il y a d’autres facteurs qui peuvent influencer le résultat final. (La façon technique d’exprimer ce concept dit que la plupart des variables est incontrôlée).
Mais si vous réfléchissez un peu, c’est presque impossible d’avoir des données de qualité sur le sujet de l’alcool, vu que les buveurs et les ex-buveurs sont librement choisis. Pour des raisons étiques et légales, un chercheur ne peut pas inviter une personne à commencer à boire de l’alcool, à continuer à boire ou même à interrompre cette habitude pour 10, 15 ou 20 années ! Cela signifie que d’autres facteurs au-delà de l’alcool peuvent influencer la durée de vie d’une personne.
Dans une situation idéale, ni les chercheurs ni les participants savent qui est en train de boire de l’alcool et qui non. Cela s’appelle une situation « en double-aveugle ». Donc, même si la quantité des données est grande, la qualité est mauvaise et il n’ya pas grand chose à faire à ce propos. Cela a comme résultat l’incertitude des données, y compris la pensée qui affirme que consumer de l’alcool avec modération aide à vivre plus longtemps.
Un exemple
Je vais clarifier le point avec un exemple hypothétique de deux écoles. Les étudiants de l’école A vont très bien tandis que les étudiants de l’école B vont très mal. Il serait facile d’en conclure que les étudiants de l’école A vont mieux parce qu’ils ont des enseignants meilleurs par rapport à ceux de l’école B.
Mais supposons de changer les enseignants des écoles (une chose que l’on ne peut pas faire avec les buveurs et les ex-buveurs) ; malgré ce changement, les étudiants continuent à avoir les mêmes résultats. Cela révélerait l’erreur logique de la supposition que la capacité des enseignants était la cause du succès des étudiants de l’école A et le manque de capacité des enseignants était la cause de l’échec des étudiants de l’école B.
Tout directeur raisonnable envisagerait la possibilité que le manque de capacité d’enseignement a contribué aux mauvais résultats scolaires des étudiants de l’école B, mais ils prendront aussi en considération d’autres facteurs au-delà des capacités des enseignants, comme par exemple les différents milieux familiaux, le niveau d’instruction et le niveau de vie des parents.
Parallèlement, il est facile d’arriver à la conclusion que consommer de l’alcool avec modération provoque les bénéfices sur la santé et sur la longévité de vie que la plupart des buveurs expérimentent. Plusieurs, si non la plupart, des observateurs ont tiré ces conclusions, y compris le Dr. Rubin. Toutefois, d’autres experts du secteur ne sont pas si convaincus et beaucoup d’entre eux ont réprimandé le Dr. Rubin pour ses conseils. En effet, ils croient qu’il est un peu inconsidéré dans sa recommandation.
Et à raison. Seulement parce que ceux qui boivent avec modération vivent pour plus longtemps ne signifie pas que c’est l’alcool à avoir prolongé leurs vies. Après les nombreuses années passées à étudier la relation entre boire de l’alcool et vivre longtemps, une question fondamentale reste posée: « Comment est-il possible boire une toxine (une toxine légère, mais quand même une toxine) et croire que cette dose journalière de toxine puisse permettre de vivre pour plus longtemps ? ». Cela n’a pas de sens. Quelque chose d’autre doit se passer, mais de quoi s’agit-il ?
Une étude de cas
Une étude très récente conduite pas des chercheurs en Nouvelle-Zélande a fournit une réponse plausible. On sait depuis au moins dix ans que ceux qui boivent avec modération sont mieux éduqués et plus sains par rapports à ceux qui ne boivent pas, et beaucoup parmi les chercheurs ont suspecté que cela avait une influence pour mesurer la longévité de la vie. Les personnes plus riches et mieux éduquées sont aussi les plus saines et ces-dernières vivent pour plus longtemps. Toute recherche concorde sur ce point.
Les docteurs de la Nouvelle-Zélande ont examiné avec attention cette relation. Ils ont même produit un questionnaire très détaillé qui prenait en considération non seulement le niveau d’éducation et le salaire mais aussi combien d’argent chaque participant possédait après avoir payé pour les nécessités de la vie. À partir de cela ils calculaient un index assez sophistiqué de niveau de vie qui mesurait trois choses pour chacun des environ 3 000 habitants de la Nouvelle-Zélande qu’ils avaient étudié : (1) la quantité d’alcool ingérée ; (2) son état de santé ; et (3) l’index du niveau de vie déjà mentionné.
Les résultats étaient surprenants, et c’est peu dire. La quantité d’alcool consumée correspondait presque parfaitement à l’état de santé et au niveau de vie ! Cela veut dire que ceux qui buvaient avec modération avaient les plus hauts niveaux de vie et les meilleurs états de santé. Ceux qui buvaient trop et ceux qui buvaient de temps en temps avaient un pire état de santé et un plus bas niveau de vie. Et pour finir, l’état de santé des ex-buveurs, tout comme leur niveau de vie, était le plus bas du groupe.
Tandis qu’il a été affirmé pendant près de deux décennies que consumer de l’alcool avec modération peut avoir une influence positive sur la santé et peut être l’une des causes pour que les buveurs vivent plus longtemps, personne n’a jamais affirmé que un paire de verre pourrait augmenter le niveau de vie ! Mais, comme les confirment les chercheurs, ceux qui boivent avec modération jouissent d’une meilleure santé et de plus de richesse (plus d’éducation, maisons plus grandes, plus de loisirs, etc.).
Donc maintenant, qu’en est-il des prétendus avantages pour la santé suite à une consommation modérée d’alcool ? C’est assez facile de calculer combien d’années de vie productive les 8 buveurs sur 100 qui sont devenus alcooliques perdent. Ce groupe a été bien étudié et on a documenté les dommages de leur état de santé. Mais s’il n’y a pas des avantages qui compensent, si les avantages supposés ne sont que le reflet d’un niveau de vie plus élevé, alors quoi ? Nous sommes dans une situation qui voit un raccourcissement de vie du 8% mais aucun significatif allongement de la vie pour le restant 92% ! Ce n’est clairement pas une bonne situation. Mais cela semble être la meilleure compréhension de la situation à laquelle nous pouvons maintenant arriver.
Et puis, est-ce qu’il est possible d’avoir des recherches encore plus définitives ? Eh bien, pour déterminer d’une manière claire si une consommation modérée d’alcool contribue à la santé (sans doute cela n’améliore pas le niveau de vie), nous devons faire le changement hypothétique, comme nous l’avons fait pour l’exemple des écoles. Tous ceux qui boivent avec modération devraient arrêter pour au moins cinq années tandis que ceux qui boivent trop ou ceux qui boivent de temps en temps devraient boire avec modération pour la même période de temps. Au même moment, les personnes qui auparavant buvaient avec modération devraient baisser leurs niveaux de vie, tandis que le reste du groupe devraient augmenter le leur ! Après cinq ans, la même recherche devrait être répétée pour déterminer quel est le groupe plus sain.
Bien sûr cette étude est impossible.
La modération contre l’abstinence
Examinons ce que nous savons à propos de l’alcool : quand les cellules ou les tissus de nos corps sont exposés à une petite concentration d’alcool, les effets sont, presque sans aucune exception, dangereux. Nous savons aussi que 8 buveurs sur 100 deviennent alcooliques. Cela veut dire que boire un premier verre avec l’intention de boire avec modération correspond à jouer à la version des deux revolvers de la roulette rousse. Ceci est vrai parce qu’il est généralement impossible pour une personne de savoir s’il elle fera partie ou non de ce 8%, avant de boire ce premier verre.
Nous avons donc deux questions importantes. Pour ceux qui ne boivent pas, est-ce que cela veut dire qu’ils doivent commencer à consumer de l’alcool pour avoir quelques des effets de ceux qui boivent avec modération ? Je répondrai à cette question comme tous les autres médecins, sauf le Dr. Rubin : non ! La recherche nous dit que pour voir quelques des avantages précédemment énumérés, il faut au même temps améliorer son propre style de vie et son état de santé. En tant que médecin et chercheur, je peux vous assurer que si vous réussissez à faire les deux choses, vous pouvez vous abstenir de la consommation d’alcool parce que votre niveau de vie et votre santé augmenteront les possibilités de vivre une vie longue et saine ! En outre il n’y aura pas le risque de devenir un alcoolique, qui voit sa vie se raccourcir.
Pour finir, ne buvez pas d’alcool. Et si vous en consumez déjà, arrêtez d’introduire dans votre corps quelque chose qui est connue être toxique pour la santé.
De Dr. Brian Bull
Source : http://www.signstimes.com/?p=article&a=40078838809.645
Traduit par Tiziana Calà
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