Cela fait plusieurs mois que le thème de la réalité augmentée (RA) est fortement discuté sur les forums et les conversations technologiques, en marketing et communication. Ce qu’on ne soupçonnait pas c’est que se créerait un phénomène culturel lié à la RA. Je parle du jeu pour smartphone très acclamé, Pokemon GO.
Pokemon GO est un jeu dérivé du dessin animé du même nom, succès de la fin des années 90 et des années 2000. Son nom vient de “Pocket Monsters” (petits monstres, ndlr), et est devenu culte chez les geeks. Il était certain que le lancement du jeu serait un succès. Mais personne n’imaginait à ce point, même pas les développeurs. Le jeu invite le joueur à entrer dans l’univers Pokemon, en transformant le monde réel en une ambiance similaire à celle de l’histoire, plein de petits monstres collectionnables.
Cela a “explosé” ! C’est devenu une véritable obsession ! Les récits les plus impressionnants arrivent de toute part du monde, à une vitesse qui fait peur. Des gens envahissent des propriétés (maison, églises, places publiques), ont des accidents de voiture, se blessent… Une folie totale ! Tellement qu’en peu de temps, le jeu est devenu l’application avec le plus long temps d’utilisation parmi toutes les plateformes, détrônant ainsi TOUS les “grands” comme Facebook, Snapchat, Twitter, WhatsApp, etc.
Le tourbillon provoqué par Pokémon GO en dit long sur l’être humain. Nous sommes accros aux réalités alternatives. Accros à la simulation. Bien que je considère Jean Baudrillard, l’un des plus grands penseurs de la culture moderne, comme un pessimiste de la technologie, j’aime beaucoup sa vision qui veut que l’être humain a besoin de simuler des réalités. Un décor qu’il appelle “hyper-réalité”, où cette génération crée des scènes “réelles”, sans origine dans la réalité.
Au contraire. Notre vie “réelle” est bien réelle. L’échanger délibérément contre une simulation de la réalité n’est pas sain. Vous voulez un exemple ? Combien de fois voyons-nous des personnes à un concert s’agglomérer pour essayer de filmer le chanteur avec leur téléphone portable, quand elles pourraient simplement assister au concert et profiter de chaque minute. Ou un paysage en pleine nature, une prédication à l’église. Nous voyons ici une préférence pour l’hyper-réalité, au lieu de vivre la réalité qui est beaucoup plus belle et complète.
Quand nous sommes immergés dans une réalité de simulation et d’hyper-réalités, nous sommes disposés à voir des faits importants de la vie comme de simples simulations. Nous perdons notre sensibilité pour les choses simples et complexes de la vie. Comme si, par magie, nous branchons et débranchons cette simulation. La compassion est désormais un domaine réservé aux réseaux sociaux ; l’interaction avec les autres passe à peine par les moyens technologiques ; ce qui arrive à notre semblable est facilement supprimé de notre mémoire, car nous nous détachons aussitôt après avoir posté un commentaires avec des émoticones. Nous plaçons la simulation à la place de la vie réelle. Quel monde étrange, n’est-ce pas ?
Nous sommes des êtres créés par Dieu pour profiter au maximum du monde qu’il a lui-même créé. Pour vivre à fond nos relations avec ceux que nous aimons, et les bonnes choses de ce monde pas si bon que ça. Vivre est une vrai cadeau de notre Père ! Simuler la réalité fait partie de l’être humain, mais échanger intensément et constamment la réalité avec une simulation est une perte de temps, un perte d’énergie, un gaspillage du cadeau divin !
Christ a donné l’exemple de comment vivre pleinement la vie réelle. Toutes ses leçons étaient parsemées d’exemples simples tirés de la vie et de la nature. Il regardait avec soin chaque détail de la vie, y voyant une leçon pour l’éternité. Arriverions-nous à faire cela aujourd’hui, face à tant de simulacres et hyper-réalités ?
Je vous invite à vous “débrancher” un peu de ce monde de simulations. Que Pokémon GO soit un exemple de comment ne pas laisser une simulation devenir une réalité qui commande notre vie. Notre réalité est très intense. Elle est à portée de main. En prenant conscience de la beauté du don de la vie, nous comprendrons que le chant d’un oiseau est beaucoup plus inspirant qu’un petit monstre numérique que je n’arrive à voir que sur l’écran de mon téléphone.
“En vivant la vie du Créateur de la vie, par le foi en Lui, tous peuvent accéder à la norme indiquée dans Sa Parole. Cette quête n’est-elle pas digne d’un effort permanent et infatigable ?” (Ellen White, Conseils aux éducateurs, aux parents et aux étudiants).
Source http://noticias.adventistas.org/ Par Fábio Bergamo
Traduction : Eunice Goi