Voici ce qui a amené l’empereur romain Constantin à établir officiellement le dimanche comme jour de repos, il y a 1700 ans.
Une des questions d’Histoire apparue cette année dans les épreuves d’entrée à l’université Fuvest au Brésil traitait de la transformation du christianisme, de son passage de religion persécutée à religion d’Etat. Le point soulevé étaient les raisons qui avaient amené l’empereur romain Constantin à adopter le christianisme comme religion officielle.
Une des réponses possibles à cette question se trouve dans la quête de l’Empire romain d’un point d’appui qui contribue à sa stabilisation. Or le christianisme, en pleine expansion malgré les persécutions, possédait des caractéristiques pour concrétiser cette quête. En se basant sur cette hypothèse, le livre O Livro da História (édition Globo, 2017, “Le livre de l’Histoire” en français) déclare que le christianisme est devenu un outil pour l’unité et une validation de l’autorité impériale. En ce sens, en 313 ap. J.C., l’empereur Constantin a concédé la liberté religieuse à tout l’Empire romain par l’intermédiaire de l’Edit de Milan (Gilberto Cotrim, História Global [Saraiva, 2005]).
Par ailleurs, en mars 321, il promulgua un décret établissant le dimanche comme jour de repos. Cet édit exigeait que la population résidant dans les villes sous sa domination suspende toute activité “le jour vénérable du Soleil” (venerabili die Solis), bien qu’il soit plus flexible avec les paysans.
Le document indiquait : “Que les magistrats et les personnes qui résident dans les villes, ainsi que les commerçants, se reposent le jour vénérable du Soleil. Aux habitants des campagnes, toutefois, est concédé de s’occuper librement et sans encombre de leur plantation, puisqu’il arrive souvent qu’il n’y ait pas de jour plus propice pour semer et planter la vigne. Il ne faut donc pas manquer l’occasion opportune et le peuple ne doit pas être privé des provisions offertes par le Ciel” (Codex Justinianus).
En réalité, il s’agissait d’un statut païen, mais qui fut nominalement accepté par le christianisme (Philip Schaff; David S. Schaff, History of the Christian Church, v. 3 [C. Scribner’s, 1889], p. 380; Paul Krueger, Codex Justinianus [Weidmann, 1877], p. 248; Ellen G. White, La Tragédie des Siècles). De ce que l’on sait, ce qu’on appelle l’Edit de Constantin fut le premier registre de loi, de nature ecclésiastique ou civil, où l’observance sabbatique (dans le sens de cesser tout travail) du dimanche fut ordonnée (Joseph Harvey Waggoner, The Origin and Growth of Sunday Observance in the Christian Church [Pacific Press, 1889], p. 21).
Ce décret fut la matrice de la loi dominicale. Soit, de cet décret a surgi une série d’édits sur l’observance du dimanche qui ont influencé profondément les Européens et la société américaine. Si pendant la période du règne de l’Empire romain l’observance du dimanche a été renforcée par des statuts civils, plus tard, l’Eglise, sous l’autorité papale, a imposé ce décret par des édits ecclésiastiques et civils (voirr Walter W. Hyde, Paganism to Christianity in the Roman Empire [Philadelphia: University of Pennsylvania Press, 1946], p. 261).
Le décret de Constantin faisait partie d’un plan de travail impérial qui avait pour fondement la promotion d’un amalgame entre le paganisme et le christianisme. En ce sens, le “jour du Soleil”, qui correspond au dimanche du calendrier actuel, devrait être un jour de repos général pour chrétiens et païens (Christian Edwardson, Facts of Faith [Southern Publishing Association, 1943], p. 109). Dans cette perspective, l’étymologie du mot anglais sunday, qui correspond au terme dimanche, contient exactement le sens “jour du Soleil”. Cela renforce l’influence que détient encore ce plan de travail sur la société occidentale, 17 siècles plus tard.
En contre-partie, pour donner une teneur théologique à la législation impériale exigeant l’arrêt du travail le dimanche, les hiérarchies ecclésiastiques ont souvent fait appel au précepte créationniste du quatrième commandement, mais en l’adaptant à l’observance du dimanche (Samuele Bacchiocchi, Divine Rest for Human Restlessness [The Pontifical Gregorian University Press, 1980], p. 35).
Et qu’est-ce que ce fait historique a à voir avec notre futur ? Selon la perspective biblique prophétique adventiste, le rapprochement entre l’Eglise et l’Etat, dans le contexte du chapitre 13 du livre de l’Apocalypse, démontre qu’une loi universelle, semblable à l’Edit de Constantin, interférera directement sur la liberté de tous les humains de la Terre (v16). Et que, sous couvert d’une bonne intention d’un objectif commun, une crise divisera tous les chrétiens de la planète.
De Flavio Pereira Da Silva Filho, Maître en Théologie biblique, pasteur et journaliste.
Source : www.revistaadventista.com.br/da-redacao/destaques/decreto-dominical/
Traduction : Eunice Goi
Photo : Renaud Camus – Flickr (“Constantin écrasant un barbare”)
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