Un sondage OpinionWay réalisé en exclusivité pour le journal La Croix révèle un regain d’intérêt des jeunes de 18-30 ans pour la religion… malgré une vision plus sceptique et plus pessimiste.
Que ce soit vers la religion catholique, protestante, musulmane, bouddhiste ou juive, les jeunes de 18-30 se tournent aujourd’hui davantage vers la spiritualité que leurs aînés. En seulement 8 ans, le nombre de jeunes se rattachant à une religion est passé de 34 à 53%, selon un sondage OpinionWay réalisé pour le journal La Croix. Si la religion catholique reste dominante chez les 18-30 ans (42% contre 4% de musulmans et 3% de protestants), un point commun entre toutes ces croyances : le bouleversement des pratiques.
“Désormais, c’est bien plus que la pratique dominicale” explique Sœur Nathalie Becquart, responsable de la pastorale des jeunes à la Conférence des évêques de France, dans un entretien accordé au journal La Croix. “40% prient, 30% disent que la dimension spirituelle est importante dans leur vie et un jeune sur cinq a déjà participé à un pèlerinage”. Chose étonnante, même parmi les agnostiques, la prière a trouvé sa place. Un jeune non-croyant sur quatre a déjà prié dans sa vie.
Comment expliquer ce changement de paradigme ? En plus d’un bouleversement des pratiques, le privé et l’intime des années 80 ont laissé place aujourd’hui à une religion assumée et revendiquée publiquement. Port du voile, sweats avec messages évangéliques explicites, posts sur les réseaux sociaux : en 2016, on affirme sa religion. “On est là face à une identité reconstruite par des jeunes qui n’ont pas eu de réelle transmission de la foi” justifie Jean-François Bruneaud, sociologue à l’université de Bordeaux, toujours dans La Croix. Et Sœur Nathalie Becquart de rajouter: “Une vraie rupture a eu lieu avec la génération 1968 où la pratique religieuse s’est brutalement affaissée”.
Se réapproprier un espace jusqu’alors boudé par une génération post-68 apparaît comme un moyen d’émancipation pour cette jeune génération. Pour 43% des chrétiens de fait, la dimension religieuse est importante pour réussir sa vie personnelle. Du côté des autres religions toutes confondues, le chiffre monte à 71% ! “Les choses ne vont pas si mal” conclut ainsi Jean-François Bruneaud. Et pourtant deux éléments viennent noircir le tableau de cette idyllique recrudescence d’amour du divin. La religion est aujourd’hui perçue comme un “facteur de division” chez ces mêmes jeunes tandis que dans les milieux ruraux on délaisse de plus en plus la religion.
50% des jeunes estiment aujourd’hui que la religion est un facteur de division… contre 20% qui la perçoivent comme un facteur de paix. Tout aussi inquiétant: ils sont 50% à penser qu’il est difficile d’être croyant désormais en France. Guerres de religions, attentats islamistes et laïcisation au XIXe siècle, l’histoire a eu raison d’une vision idéale de la religion.
Tous les stéréotypes ancrés depuis des générations ne sont cependant plus d’actualité aujourd’hui. En effet, le sondage révèle deux glissements sociaux étonnant dans le domaine religieux. D’une part, les filles (51%) sont moins nombreuses que les garçons (55%) à se déclarer croyantes. D’autre part, on assiste à l’établissement “d’un désert spirituel rural”. La religion a délaissé les campagnes pour se diriger vers les grandes villes. Et c’est l’Île-de-France qui détient la palme avec plus de 55% de sa population qui se déclare croyante.
(Protestinter/BIA) – Bulettin d’information adventiste – Dammarie-les-Lys, France
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