Découvrez comment la Bible nous aide à affronter le rythme répétitif et suffocant du quotidien.
« Si tu veux gagner plus, tu dois travailler moins ». Le titre d’un sujet publié sur le site de la BBC Brésil fin avril a attiré mon attention. Le reportage montrait des recherches récentes qui indiquent que la productivité d’une personne diminue considérablement après de trop longues journées de travail. Au Japon, ou la culture « workaholic » (accro au boulot) est très présente, on enregistre plusieurs morts dues à l’excès de travail.
Le Ministère de la Santé, du Travail et du Bien-Être Social du Japon a présenté le premier rapport sur le karoshi (nom donné par les japonais à ce phénomène) en octobre de l’année passée et souligne qu’environ 1 entreprise sur 4 (soit 23%) compte des employés qui font plus de 80 heures supplémentaires par mois. Un des exemples mentionné dans le sujet est celui de Stuart Nomimizu qui est arrivé au point de s’évanouir dans son appartement à cause de journées exténuantes.
Aux États-Unis, selon une étude récente de l’Institut Gallup également citée par la BBC, quasiment 1 employé sur 5 (soit 18%) travaille 60 heures ou plus par semaine. Cependant, une étude de l’Université de Stanford (USA) a démontré que la productivité chute significativement après plus de 50 heures de travail hebdomadaire. Selon les chercheurs, une personne qui travaille 70 heures par semaine peut ensuite être incapable de produire quoi que ce soit pendant les 14 heures suivantes.
Cela étant, pourquoi les gens travaillent-ils compulsivement ? Ils dépensent leurs énergies dans le travail et les études, dans une course effrénée contre le temps, s’accrochant à la vie, alors qu’elle semble leur échapper des mains. Ces questions me rappellent les mots d’un ancien sage qu’on trouve dans les livres d’Ecclésiastes.
La recherche du Sens
Ecclésiastes est l’un des livres bibliques préféré hors du cercle chrétien, surtout pour le sujet qui, de par sa nature, est universel : l’expérience de l’homme face à la vie et la mort. A ce qu’il paraît, l’auteur a développé son analyse alors qu’il était déjà bien âgé, il sentait donc que sa mort était proche. La manière de parler de ces choses a tant attiré l’attention des lecteurs que Herald Bloom, un des critiques littéraires les plus connus actuellement, en arrive à dire que « la vanité (ou le désir capricieux) appartient à toutes les traditions, à la nature même de l’Homme ». Et il ajoute que « seul l’auteur d’Ecclésiastes, dans la Bible, peut se comparer à Shakespeare ».
L’analyse de deux versets d’Ecclésiastes presqu’identiques nous aide à comprendre le message central du livre : « Vanité des vanités, dit le prêcheur, vanité des vanités, tout est vanité » (Ecclésiastes 1.2) et « Vanité de vanité, tout est vanité, dit le prêcheur » (Ecclésiastes 12.8). Ces versets marquent le début et la fin du livre. Ce que nous avons avant et après est ce que l’on peut appeler le prologue et la conclusion. Pourtant, tout le discours peut être résumé en une phrase : « Tout est vanité ».
Au-delà de cela, il existe la suggestion que le livre d’Ecclésiastes « s’articule autour de trois concepts, déjà présents dans son prologue : ‘tout est vanité’, ‘il n’y a pas de but au travail de l’homme’ et ‘tout est répétitif’, ainsi les trois mots-clefs du livre sont : ‘vanité’, ‘travail’ et ‘sous le soleil’ ».
Bien que le terme « vanité » apparaisse dans la plupart des Bibles en (français), celle-ci n’est pas l’unique possibilité de traduction pour le terme hébraïque havel. Il peut aussi se référer à « vent », « vapeur », métaphore de ce qui est éphémère et transitoire, selon ce qu’on observe dans Jacques 4.14 : « Eh bien, vous ne savez pas ce que votre vie sera demain ! Vous êtes, en effet, comme un léger brouillard qui apparaît pour un instant et disparaît ensuite. » (Version Français courant).
Au milieu du rythme répétitif et suffocant du quotidien, et face à la fugacité de la vie, Salomon entreprit une recherche de sens. Cependant, contrairement à ce qui est présenté dans le livre des Proverbes, la recherche dans le livre d’Ecclésiastes n’a pas pour but d’atteindre la sagesse, mais plutôt d’atteindre quelque chose à travers la sagesse. Comme l’affirme Dianne Bergant, professeure de l’Ancien Testament, l’auteur d’Ecclésiastes « représente un roi sage… N’étant pas satisfait de ce que la vie lui avait apporté, il s’est proposé de découvrir la profondeur et la largeur de tous les efforts humains. Possédant la sagesse nécessaire, la richesse, le pouvoir et la liberté, il était bien mieux équipé que la majorité pour s’embarquer dans cette quête » (Israel’s Wisdom Literature : A Liberation-Critical Reading, Fortress Press, 1997, p. 34).
La découverte de Salomon
Dans son analyse de la vie, Salomon a narré les choses qui se passent sous le soleil. Cette expression, qui apparait trente-cinq fois dans Ecclésiastes et nulle part ailleurs dans la Bible, est utilisée pour dire que les réalisations et les poursuites humaines, du début à la fin, en elles-mêmes ne sont rien de plus que des activités suffocantes, éphémères, paradoxales et, finalement, inutiles. Même la « normalité et régularité du monde naturel, utilisée dans les premiers livres de sagesse pour encourager l’harmonie sociale (Proverbes 30.15-33) sont caractérisées ici comme monotones et vides de tout type de progrès », commente Bergant.
A la fin de sa quête, Salomon approfondit quelques convictions : (1) La mort annule tout et vient à tous : idiots et sages ; alors, pourquoi courir après le vent ? (2) La sagesse n’a pas de fin en soi : elle provient de Dieu et nous amène à Lui ; (3) Dieu travaille constamment pour le bien de Ses enfants, c’est pourquoi, (4) L’être humain doit profiter de plaisirs sains, étant donné qu’il devient le seul moyen de sauvegarder une portion de vie. Le Créateur a implanté dans l’homme la capacité d’être heureux ; (5) Il y a un temps pour tout sous le soleil. Ceci dit, sans vouloir louer l’oisiveté, le livre d’Ecclésiastes nous invite à être équilibrés dans l’utilisation de notre temps.
Dans sa synthèse, Salomon conclut avec une exhortation qui ressemble plus à une formule de contentement et de satisfaction, même dans un monde imparfait : « Crains Dieu et garde Ses commandements » (Ecclésiastes 12.13). Il exprime ainsi sa confiance en le fait que la vie et ses réalisations sont placées sous la direction et l’attention de Dieu.
Par Nilton Aguiar, maître en Sciences de la Religion, professeur de grec et Nouveau Testament à la faculté Adventiste de Bahia. Il prépare un Doctorat en Nouveau Testament à l’Université d’Andrews (USA).
Source : http://www.revistaadventista.com.br/blog/2017/05/12/tempo-para-tudo/
Traduction : Stéphanie Da Silva
Photo : Photolia
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