Tous les ans, le Conseil annuel du Comité exécutif de la Conférence générale se réunit au siège de l’église adventiste mondiale, à Washington. Il réunit les administrations des divisions et des unions de toutes les régions du monde. C’est le niveau plus haut de décision entre les assemblées générales des adventistes du septième jour qui ont lieu tous les 5 ans. Pour information, la prochaine aura lieu à Indianapolis, capitale de l’État de l’Indiana, 61e session de la Conférence générale en 2020.
Cette année le Conseil annuel du Comité exécutif aura lieu exceptionnellement à Battle Creek, lieu historique qui a marqué les débuts de l’église adventiste. Certaines rencontres auront lieu sous une tente, comme dans les années où l’église était connue pour ses fameuses campagnes d’évangélisation, attirant de nombreuses foules sous ses immenses chapiteaux, mais aussi dans le célèbre temple adventiste de Battle Creek. Le but de se rendre à Battle Creek avec tous les délégués, selon le département de communications de la GC, est de donner plus d’importance au début de notre église et de « marcher sur les traces de nos pionniers ». Pour cette rencontre les messieurs ont été invités à laisser pousser la barbe et les participants à s’habiller avec un costume d’époque pour une photo « historique » après le culte de sabbat matin du 13 octobre.
Ce que vous ne savez pas peut-être pas, c’est que l’église adventiste mondiale devrait vivre un moment mémorable ce week-end à Battle Creek pendant ce conseil annuel comme ce fut le cas en 1888 ou 1901. Pour information, 1888 a été l’un de ces moments où l’Église a dû décider si elle devait continuer sur la voie du légalisme, ou avancer sur la voie du changement et embrasser davantage le message de la grâce et du salut par la foi. Ellen G. White a soutenu A. T. Jones et E. J. Waggoner, se dressant contre un salut méritoire. Comme dit Richard Lehmann, « ce débat fait bien état de la position critique de la doctrine adventiste entre l’indicatif de la foi et l’impératif de l’obéissance. »(1)
La session de la Conférence générale de 1901 (tenue à Battle Creek aussi), a également abordé cette frontière sensible entre continuité et changement. Et encore une fois, c’est Ellen White qui a exhorté l’Église à un changement organisationnel et à répartir la responsabilité de diriger le travail entre un plus grand nombre, plus mondial, plutôt que de concentrer le pouvoir au siège de l’Église, à Battle Creek.
Dimanche 14 octobre 2018
Lorsque l’ordre du jour sera ouvert ce dimanche 14 octobre 2018, après le rapport du secrétaire et le rapport du
trésorier, le principal document qui a suscité des déclarations d’opposition de la part d’églises, de conférences et des unions répandues dans le monde sera considéré : « Considérations et pratiques concernant la session de la Conférence générale et les décisions du comité exécutif de la Conférence Générale. » C’est le seul point à l’ordre du jour qui comporte la mention « Vote à prendre ». C’est aussi le point à l’ordre du jour qui semble être à l’origine d’une grande partie du temps qui reste à la session, car une grande partie du programme des polices découle des dispositions du « Document en Considération » (Document Regard).
Six des points de l’ordre du jour sont des formulations proposées pour modifier les modèles de constitution à tous les niveaux afin d’exiger des entités que « les objectifs et les procédures soient en harmonie avec les orientations, mesures et procédures de fonctionnement » dans leur Division.
De quoi sera-t-il question ?
Le contexte des questions qui seront débattues lors de ce Conseil annuel de 2018 découle d’un vote tenu lors de la Conférence générale de 2015 à San Antonio. Un changement proposé aurait permis à des régions du monde d’ordonner des femmes au ministère pastoral, si cela était culturellement approprié. Cette proposition a été rejetée. En réponse, certaines unions et conférences ont commencé à ordonner des femmes contrairement au vote pris lors de cette assemblée. Dans le système adventiste, les unions supervisent les ordinations au ministère pastoral. Un exemple qui exprime cet état de choses, c’est la récente réélection de Sandra Roberts à Southeastern California Conference le 7 octobre dernier. Or, une femme n’ayant pas de consécration au ministère pastoral ne peut pas d’office devenir présidente, place réservée seulement à un pasteur consacré.
C’est ainsi qu’en 2016, le Conseil annuel a discuté et voté sur un document intitulé « L’unité dans la mission » : Procédures de réconciliation de l’Église. Voté par une majorité de 169 voix contre 122, le processus s’est déroulé en deux phases. La première étape a été l’écoute et la prière, la consultation, les lettres pastorales, l’écoute et la prière avant de passer à la deuxième phase, qui n’a été définie qu’au Conseil annuel de 2017.
Dans l’année qui a suivi le vote, des visites ont eu lieu dans des « Unions non conformes ». Thomas Lemon, chef du Comité de surveillance de l’Unité à l’époque, a rencontré trois des divisions (Division de l’Amérique du Nord, Division transeuropéenne et Division intereuropéenne) qui ont rapporté au Conseil annuel en 2017 qu’ils ne trouvaient « aucun signe de révolte » et que « l’unité et le soutien de la communauté de l’Église Adventiste du septième jour sont plus fort qu’ils n’ont jamais imaginé ». Thomas Lemon a depuis démissionné de son poste et a été remplacé par Mike Ryan.
Le document voté en 2017 par un vote à la même majorité (169-122), à l’issue de nombreux débats et discussions, décrit un processus de réconciliation d’un an, qui sera supervisé par le Comité de surveillance de l’unité. Ce comité a supervisé les développements entre les conseils annuels et a été lui-même supervisé par ADCOM de la Conférence Générale.
Les rapports de la revue Adventist Review de l’époque soulignent que les questions sont passées de l’ordination des femmes à des processus et des politiques qui portent davantage sur la conformité en général. Les polices tracent la voie de la réconciliation et de la conformité si une région de l’Église se trouve en décalage par rapport à l’ensemble du corps de l’Église Mondiale.
Le nouveau président Mike Ryan, en décembre 2017, s’est engagé à rendre le processus « ouvert et transparent ». Le comité a mené une enquête et tenté d’évaluer le niveau de conformité dans toutes les régions du monde.
Le processus
Le processus mentionné ci-dessus sera suivies des étapes suivantes :
- Non-conformité signalée à un niveau d’administration supérieur.
- Ce niveau a la responsabilité de traiter les cas de non-conformité.
- Le processus comprend la prière et le dialogue, des explications écrites et verbales claires, la création d’un échéancier pour traiter la non-conformité.
Si ces étapes ou la communication échouent, les questions seront renvoyées à un niveau supérieur de l’administration. Si ces processus n’aboutissent pas, le cas sera renvoyé au Comité spécial de la conformité approprié de la Conférence générale. Les appels peuvent être adressés directement à ce comité.
Cinq comités de conformité ont été créés le 17 juillet 2018 par le Comité administratif de la Conférence générale (ADCOM) pour examiner la conformité dans les domaines suivants : ordination, homosexualité, création/origines, croyances fondamentales et règlements ecclésiaux.
Justement, concernant le comité sur l’ordination, il a été voté le 18 septembre dernier que « La Conférence Générale de 2015 a pris une décision visant à « ne pas permettre aux comités exécutifs des divisions, selon qu’ils le jugent approprié sur leurs territoires, d’autoriser la consécration des femmes au ministère pastoral. » Il a été porté à l’attention du Comité Administratif de la Conférence Générale que certaines unions n’ont pas respecté cette décision de la Conférence Générale en session. L’ADCOM a voté de demander au Comité d’Examen du respect des Normes de la Conférence Générale sur la Doctrine, les Règlements et Directives pour les organisations et institutions de l’Église à propos des questions de consécration, de mettre en application leur cahier des charges en explorant des solutions et en évaluant la réaction de l’église par rapport au règlement et aux directives régissant la consécration au ministère pastoral. »
Conséquences de la non-conformité
Une fois ce processus épuisé, les dirigeants peuvent être avertis, réprimandés publiquement, empêchés de voter et éventuellement démis de leurs fonctions. Ce sont principalement ces mesures qui préoccupent beaucoup de leaders, car certains d’entre eux arrivent à la conclusion qu’il y a nécessité d’adoption d’une loi sur la conformité.
Les partisans des politiques de conformité soutiennent qu’il doit y avoir un moyen d’assurer l’unité et de donner suite aux décisions prises par l’Église mondiale lors d’une session de la CG.
Le pasteur Wilson l’a exprimé ainsi sur la question : « Le but de cette recommandation est de fournir un cadre aux structures les plus proches d’un problème de non-conformité pour résoudre ce problème d’une manière rédemptrice à la manière du Christ. »
Réactions
Les opposants aux mesures proposées soutiennent que ces changements concentreront trop fortement le pouvoir et l’autorité au sommet du système, rappelant ainsi la crise de 1901. Ils croient aussi que les partisans de l’ordination des femmes seront ciblés et que cette question est une question de conscience et que ce système punira les régions du monde qui suivent leur conscience dans ce domaine.
Les dirigeants des divisions, en tant que représentants de la Conférence générale dans le monde entier, n’ont pas dit grand-chose officiellement à la lumière du prochain Conseil annuel. Toutefois, un certain nombre de dirigeants d’unions se sont prononcés sur le vote à venir et ont envoyé des lettres ouvertes et/ou ont fait des déclarations officielles, notamment l’Union tchécoslovaque, les unions allemandes et l’Union du Pacifique (États-Unis).
Certaines conférences et églises locales se sont également prononcées ouvertement sur la question. Une église allemande a envoyé une pétition autour des églises en Allemagne et ici Suisse. Certains responsables d’église dans les pays européens affirment que pour se conformer à la décision de l’église mondiale sur l’ordination des femmes, ils vont créer une politique qui discrimine en toute illégalité les femmes dans leur pays.
D’autre part, des articles et manifestes des membres, pasteurs et professeurs ont fusé de toute part. Il y a eu des accusations assez graves contre l’administration de l’église, certaines les comparant même à l’Église catholique.
Réponses de l’Administration de la Conférence Générale.
À la lumière de l’importance de ces discussions, et peut-être en réponse à certaines réactions, le pasteur Ted Wilson, président de l’Église adventiste mondiale du septième jour, a également publié une déclaration appelant à un temps de prière spécial sur cette question, dès maintenant et jusqu’au 20 octobre prochain, date de la clôture du conseil automnal 2018.
« Dans la responsabilité qui m’incombe en tant que président de la Conférence générale, j’appelle à une période spéciale de prière qui commence immédiatement et dure jusqu’au sabbat 20 octobre, pour demander que tous ceux qui sont présents manifestent un esprit gracieux, respectueux et aimant, afin que l’Esprit Saint dirige dans les débats ce que l’Église mondiale souhaite voir accomplir. » a déclaré Ted Wilson.
En réponse à certaines allégations, Adventist News Network a publié il y a quelques jours un document traitant des « Questions concernant l’Église adventiste du septième jour et ses dirigeants ». Ils répondent à 7 questions qui expliquent la position de l’administration et réfutent certaines attaques :
- Dans sa démarche visant à unir l’église sur des questions difficiles, la direction de la Conférence Générale est-elle devenue un pouvoir persécuteur comme identifié dans Apocalypse 13 ?
- La direction de la Conférence Générale exerce-t-elle un « pouvoir royal » s’apparentant à l’autorité papale ?
- En 2015, la Session de la Conférence Générale a voté contre le fait de permettre aux divisions mondiales de choisir de consacrer des femmes au ministère pastoral. Les rapports complets du Comité d’Étude sur la Théologie de la Consécration (TOSC) ont-ils été mis à la disposition des délégués et des membres avant la Session de la Conférence Générale de 2015 ?
- L’Église supprime-t-elle la liberté de conscience en demandant aux dirigeants élus de se conformer aux décisions votées lors de la Session de la Conférence Générale et par le Comité Exécutif ?
- Quand quelqu’un n’est pas d’accord avec la direction de l’Église, quel est le moyen approprié de remettre en question ses actions et ses décisions ?
- Pourquoi l’unité est-elle si importante ?
- Si le respect des décisions est si difficile à obtenir et si cette question suscite tant de divisions, ne vaudrait-il pas mieux oublier tout cela et se concentrer sur la mission ?
Pour lire ce document dans son intégralité, cliquez ici.
Appel à la prière.
Les discussions du Conseil annuel, dès dimanche 14 octobre et pendant toute la semaine prochaine pourraient être cruciales pour l’Église adventiste du septième jour et son avenir. En Suisse, David Jennah président de la FSRT (Fédération des Églises Adventistes de la Suisse Romande et du Tessin) et Stephan Sigg président de la DSV (Freikirche der Siebenten-Tags-Adventisten in der Deutschschweiz) se sont rencontrés ces derniers jours à ces propos. Ils appellent les membres de l’église adventiste en Suisse à prier pour cette rencontre du Conseil annuel du Comité exécutif de 2018. Stephan, qui cumule la charge de président de l’Union Suisse pendant cette mandature, a la responsabilité de transmettre aux responsables de l’église mondiale un message claire de l’église adventiste en pays helvète : nous souhaitons que l’église adventiste fonctionne dans la démocratie.
Pour finir, les paroles d’Ellen White sont plus qu’actuelles que jamais dans ce moment d’épreuve « L’Église semblera peut-être sur le point de tomber, mais elle ne tombera pas » (2). Que nous puissions « marcher sur les traces de nos pionniers » de Battle Creek, que malgré plusieurs moments de crise ont tenu bon avec l’aide du Christ pour que Son église, aujourd’hui composée de 21 millions des membres partout dans le monde, puisse autant rayonner et annoncer le retour de Jésus.
Adventiste Magazine d’après Adventist Review, Adventist Record, ANN— agence des nouvelles adventistes.
Transmission de la rencontre du conseil annuel 2018 en direct (cliquez ici)
Si vous souhaitez rejoindre le live Stream du 11 au 17 octobre 2018 pour une diffusion en direct du Conseil annuel du Comité exécutif de la Conférence générale aux heures suivantes (Attention : heures UTC-04:00) :
Jeudi 11 octobre 2018, de 18 h à 20 h 30
Vendredi 12 octobre 2018, de 8 h à 9 h.
Vendredi 12 octobre 2018, de 19 h à 20 h 30
Sabbat, le 13 octobre 2018, de 8 h 30 à 12 h 5.
Dimanche 14 octobre 2018, de 8 h à 12 h 30.
Dimanche 14 octobre 2018, de 14 h à 17 h 30
Lundi 15 octobre 2018, de 8 h à 12 h.
Lundi 15 octobre 2018, de 14 h à 17 h 30
Mardi 16 octobre 2018, de 8 h à 12 h.
Mardi 16 octobre 2018, de 14 h à 17 h 30
Mercredi 17 octobre 2018, de 8 h à 13 h.
Les dates et heures sont susceptibles d’être modifiées.
- LEHMANN Richard, Les adventistes du septième jour (Brepols, 1987, pages 10-27)
- WHITE Ellen , Messages choisis, Vol. 2 p. 437.
Laissez votre commentaire