Bien plus d’adventistes du septième jour devraient faire un minimum de jardinage ou d’agriculture, ont dit John et Pam Dysinger lors d’un forum ouvert au congrès international d’Adventist Laymen’s Services an Industries (ASi) à Louisville, dans l’État américain du Kentucky, le 2 août dernier. Pourquoi? Ces agriculteurs de légumes et de baies biologiques du Tennessee ont passé une partie de leur discussion bidirectionnelle à inviter les participants à répondre notamment à cette question.
Une activité qui favorise la croissance de la foi
D’après John Dysinger, le travail de la terre est un exercice qui fait croître la foi et le caractère. Ce n’est pas facile, a-t-il admis en parlant de certaines difficultés logistiques et économiques auxquelles ils ont dû faire face au fil des ans. Mais il a ajouté que cela n’était pas la seule explication.
Plusieurs participants, expérimentés ou non dans le domaine de l’agriculture, ont aussi offert leurs explications.
« Il y a des leçons spirituelles à apprendre lorsque l’on fait un jardin, a dit l’un d’eux. Il n’est pas nécessaire de faire tout plein de recherches, on en apprend sur Dieu quand on travaille la terre. »
Les Dysinger étaient d’accord lorsqu’ils ont rappelé à leur auditoire que, selon la Bible, la première salle de classe a été le jardin d’Éden.
« Il y a quelques années, nous éprouvions certaines difficultés sur la ferme. Puis nous avons demandé à Dieu, “Pourquoi les choses ne peuvent-elles pas être plus faciles? Pourquoi est-ce si difficile?”, a raconté John. Puis une lumière s’est allumée dans ma tête. J’ai senti Dieu me dire, “Je t’ai créé pour être dans un jardin. Il y a donc quelqu’un qui veut t’en faire sortir.” »
D’après lui, cela fait partie de notre lutte spirituelle.
Un autre participant a parlé des aspects de l’activité qui forgent le caractère.
« Lorsqu’on a un jardin et qu’on cultive des arbres à fruits, il faut du temps, ce qui développe la patience. De plus, il nous permet de subvenir à nos propres besoins et d’être une bénédiction pour les autres. »
Les bienfaits pour la santé
Les Dysinger reconnaissent qu’au cours des dernières années, l’offre de produits non génétiquement modifiés a augmenté, ce qui, selon eux, est une très bonne chose. « Toutefois, nous ignorons souvent que beaucoup de nos légumineuses et céréales, même celles qui ne sont pas génétiquement modifiées, sont pulvérisées d’herbicides pour tuer les récoltes avant la moisson », a expliqué John.
L’un des participants était d’accord. Il s’est souvenu que « lorsqu’on vaporise de petits plants, c’est toute la plante qui en est affectée. »
Et Geoffrey Mbwana, un vice-président de l’Église adventiste mondiale, qui était aussi parmi les participants au forum, a également commenté la valeur thérapeutique de l’agriculture. « Je peux revenir du bureau avec un mal de tête, mais lorsque je passe un peu de temps à jardiner, j’en sors toujours ravivé. »
« C’est vrai, l’a appuyé John. Travailler pour le Seigneur implique de nombreux défis, mais tu te rends au jardin et tu peux enfin te détendre et communier avec Dieu. » Puis, en citant l’auteur Richard Louv et son best-seller Last Child in the Woods: Saving Our Children from Nature Deficit Disorder (« Le dernier enfant dans les bois : sauver nos enfants du trouble déficitaire de la nature »), John a voulu nous rappeler que les enfants sont affectés par le manque de contact avec la nature.
Et sa femme a acquiescé : « Il y a cent ans, environ 70 % des gens avaient un lien quelconque avec une ferme; maintenant, ce n’est que 1 %. L’air frais, le soleil, l’exercice… ces choses sont importantes, et nous faisons personnellement l’expérience de leurs bienfaits. »
Une partie de l’éducation des enfants
Les Dysingers ont spécifié qu’ils ne sont pas nés fermiers. En effet, après s’être mariés, ils ont passé six ans au Kenya, où John était enseignant missionnaire. En 1994, ils sont revenus aux États-Unis et, en 1997, John a quitté l’enseignement, car ils ont ressenti que « le Seigneur nous dirigeait vers l’agriculture. » Maintenant, cinq enfants et 21 ans plus tard, ils disent qu’ils n’avaient aucune idée du ministère que pouvait leur donner cette nouvelle profession.
« Nous l’avons fait pour notre famille et notre croissance spirituelle, mais le Seigneur avait des plans encore plus grands, a reconnu John. Je ne dis pas que l’agriculture est le seul moyen de créer de forts liens familiaux, mais c’est un excellent moyen. »
D’accord, Pam a ajouté, « Je n’échangerais ma vie pour rien au monde; nous avons vécu des moments difficiles, mais notre objectif dans cette vie est d’apprendre à connaître le Seigneur, et parfois, cela passe par les difficultés. »
En ce sens, John a dit croire que l’agriculture devrait être un élément crucial de l’éducation des enfants.
« Enverriez-vous vos enfants dans une école qui n’en enseigne même pas les bases? L’éducation comprend, certes, plus que l’agriculture, mais l’agriculture est fondamentale à l’éducation. Je crois que la ferme est une excellente école. »
John a rappelé à son auditoire que, pendant des siècles, les peuples ont appris l’amour de Dieu par la nature. Il a cité Ellen G. White, cofondatrice de l’Église adventiste, qui, dans Testimonies for the Church, vol. 4, a écrit, « Ce sont par les éléments de la nature que les plus grandes vérités spirituelles peuvent atteindre le cœur » (p. 579).
Pourquoi n’y a-t-il plus d’agriculteurs adventistes?
« Qu’est-ce qui empêche les adventistes de faire de l’agriculture? » C’est la grande question que John et Pam ont posée à leur auditoire. Il est triste de constater que [les adventistes] ne sont pas à la tête, mais bien à la queue de ce domaine. « Quand nous avons commencé, il y avait cinq ou six petites fermes qui desservaient la région de Nashville. Aujourd’hui, ce sont des dizaines qui nous entourent, mais nous demeurons les seuls adventistes du septième jour. »
D’après les participants, les explications sont nombreuses. « Il y a notamment le fait que nous ne lisons pas les écrits d’Ellen White sur le sujet », a dit l’un d’eux.
Selon quelqu’un d’autre, « [Les adventistes] sont pragmatiques; nous voulons que nos enfants deviennent infirmières ou comptables et qu’ils aillent directement travailler. »
« La plupart des gens sont trop occupés pour ralentir et prendre le temps de s’occuper d’une ferme », a exprimé une troisième personne.
Les Dysinger ont expliqué que, par le passé, de nombreux agriculteurs adventistes ont encouragé leurs enfants à quitter la ferme pour aller à l’école. Ils avaient de bonnes raisons, ont-ils admis.
« Pour notre part, nous sommes partis de rien. La construction de cabanons, de serres, de systèmes d’irrigation… peut être exténuante! »
Mais, selon eux, les avantages sont plus importants que les difficultés. Ainsi, ils font actuellement partie des dirigeants de l’Adventist Agricultural Association (AdAgrA) qui, au cours des cinq dernières années, a organisé un congrès annuel pour promouvoir et partager ses connaissances agraires. Comme raison d’être de l’événement, ils citent Ellen White à nouveau : « Le dessein de Dieu à l’égard d’Israël était que chaque famille possédât une maison et ait assez de terre cultivable pour assurer sa subsistance… Aucune organisation humaine ne peut améliorer ce dessein » (Ministère de la guérison, p. 155).
Mais qu’en est-il de l’agriculture comme moyen de se préparer pour les temps de détresse à venir? D’après leur compréhension des prophéties bibliques, les adventistes croient à une période future où il nous sera même impossible « d’acheter ou de vendre ».
John croit toutefois qu’il s’agit d’une « raison à faible valeur motivationnelle », car elle est souvent menée par la peur. « Mais, quelle que soit la nature de notre motivation, nous éprouverons effectivement de grandes difficultés si nous n’avons pas notre propre source de nourriture. »
Une occasion de témoigner
En même temps, a dit Pam, qu’il s’agisse d’un jardin familial ou d’un potager de plus grande envergure, travailler la terre peut présenter de nombreuses occasions évangéliques, car on peut toujours entrer en relation avec d’autres agriculteurs.
« Pour notre part, je crois fermement que Dieu nous a placés là pour développer des amitiés pour l’éternité. Un jardin est l’occasion en or d’apprendre à connaître nos voisins. »
Et elle a insisté pour dire qu’il ne s’agit pas d’un mince argument.
« Le jardinage nous ouvre des portes pour le témoignage; voilà donc une excellente raison de le pratiquer! »
Le 18 août 2019 | Louisville, Kentucky, États-Unis | Marcos Paseggi, Adventist Review
Traduction : Marie-Michèle Robitaille
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