La Bible suscite de nombreuses réactions différentes. Pour certains, elle n’est qu’un livre ancien contenant des histoires fabuleuses, alors que d’autres se sentent remués par son message d’espérance. Selon les chrétiens, elle est inspirée, ou «insufflée de Dieu», tel que le suggère la traduction littérale du terme grec theopneustosdans 2 Timothée 3.16. Cette parole insufflée de Dieu est comme «une lampe qui brille dans un lieu obscur» (2 P 1.19). Elle a été transmise par les prophètes qui, mus par le Saint-Esprit, ont parlé (et plus tard écrit) de la part de Dieu (2 P 1.21).
L’histoire de l’amour inébranlable de Dieu, cependant, exige une traduction et une interprétation. Les auteurs bibliques ont écrit en hébreu, en araméen, et en grec koinè. Ils ont vécu des milliers d’années avant nous dans des cultures largement différentes, et dans diverses circonstances historiques. Comment nous assurer que nous comprenons vraiment non seulement ce qu’ils ont écrit, mais aussi, sous l’inspiration de l’Esprit, ce qu’ils ont vraiment voulu dire ?
INTRODUCTION À L’HERMÉNEUTIQUE BIBLIQUE
Si nous voulons éviter des interpréta-tions erronées de la Bible, nous devons faire très attention aux principes et aux règles de l’interprétation biblique. Les érudits appellent ce domaine «herméneutique». Nous reconnaissons, pour la plupart, certains de ces principes. Le cri de ralliement de la Réforme protestante, sola scriptura (l’Écriture seule), nous rappelle que la Bible seule est la norme finale de la vérité dans notre vie. La tradition et même nos propres idées sont vraiment sans importance quand on cherche la vérité inspirée de Dieu. Tota scripturaest un autre principe important. Il suggère que toute l’Écriture – l’Ancien Testament et le Nouveau Testament – est inspirée de Dieu, et ainsi, fait pleinement autorité. Les réformateurs ont aussi souligné l’analogie de l’Écriture. Qu’est-ce que cela signifie? Si toute l’Écriture est vraiment inspirée de Dieu, alors nous y trouverons aussi une unité et une harmonie fondamentales du début à la fin. Cette unité et cette harmonie exigent que l’Écriture soit son propre interprète. Sur le plan pratique, cela signifie que si nous voulons vraiment comprendre le sujet ou le thème abordé, nous lisons tout ce que la Bible dit là-dessus.
Voici le dernier principe dont nous devons nous souvenir: les choses spirituelles doivent être spirituellement discernées (1 Co 2.11,14). Comme l’a noté Martin Luther il y a fort longtemps, nous venons à la Parole de Dieu comme des mendiants, demandant la puissance illuminatrice de l’Esprit. Cette reconnaissance est à la fois une expérience d’humilité et d’exaltation. Nous faisons l’expérience de l’humilité parce que nous reconnaissons que nous avons besoin du même Esprit qui a insufflé la vie dans les mots écrits par de frêles prophètes au cours des siècles passés. En même temps, nous sommes aussi exaltés, car le fait de sonder plus en profondeur les Écritures nous permet de rencontrer constamment le Dieu vivant – où que nous soyons.
CONTEXTE, CONTEXTE, CONTEXTE
Les adventistes ont toujours utilisé la méthode d’interprétation historico-grammaticale (aussi appelée historico-biblique). Cette méthode procède naturellement des principes fondamentaux déjà mentionnés. Elle a deux points d’ancrage. Elle accepte le témoignage personnel des Écritures, mais fait particulièrement attention à la langue du texte, à sa structure, au contexte historique, et au contexte culturel.
Ceci dit, chaque rencontre avec le texte biblique com-mence par une traduction. Comme nous ne lisons pas, pour la plupart, l’hébreu, l’araméen, ou le grec koinè, nous devons nous appuyer sur différentes traductions. Une bonne stratégie pour une étude et une interprétation minutieuses de la Bible consiste à comparer les traductions, car chaque traduction (y compris la version anglaise King James) implique une interprétation. Bien que parfois utiles, les traductions littérales ne constituent pas toujours la meilleuretraduction. La lecture d’une grande variété de traductions nous assure une meilleure compréhension du texte biblique.
La clé, dans notre lecture des Écritures, c’est le contexte. Le contexte fonctionne à différents niveaux. Tout d’abord, chaque texte a un contexte immédiat – des versets qui l’entourent qui offrent davantage d’information afin que nous puissions le comprendre. Ensuite, on a des unités de texte plus larges. Ces unités de texte ne correspondent pas toujours aux chapitres (comme c’est le cas dans Ésaïe 52.13-53.12). De nombreux chapitres réunis peuvent former une sous-unité plus grande. Genèse 1-3 nous parle de la magnifique création de Dieu et de la chute tragique de l’humanité. Les chapitres suivants nous renseignent sur la croissance et le développement de l’humanité, et sont suivis d’une autre section traitant du Déluge (Gn 6-10) – dû à la méchanceté de l’humanité. La lecture de ces sections réunies nous aidera à éviter de sortir quelque chose de son contexte.
Les livres dans leur ensemble sont le prochain contexte plus large. Les auteurs n’écrivaient pas tout bonnement les choses qui leur venaient à l’esprit. La Bible n’est pas le résultat de la dictée divine (du moins pour la majeure partie de son contenu). Nous y voyons des structures claires, souvent présentées comme un architecte présente le plan d’une maison. Les auteurs bibliques étaient minutieux et focalisés lorsqu’ils communiquaient le message de Dieu.
Après avoir compris le contexte immédiat et plus large d’un texte donné, nous désirons savoir quand il a été écrit et qui l’a écrit. Quel était le contexte historique ? Le livre prophétique de Jonas n’émerge pas d’un vide. Israël souffrit des nombreuses incursions assyriennes et d’autres menaces externes pendant sa vie. Des moments de paix relative alternaient souvent avec des périodes de crises nationales graves. Cette information peut nous aider à mieux comprendre le comportement de Jonas, et peut-être même une partie de ses émotions.
TROUVER DIEU
Cependant, l’interprétation biblique ne concerne pas seulement l’histoire, la culture, et les langues. Au bout du compte, nous désirons mieux comprendre qui Dieu est et ce qu’il fait dans ce monde. Une bonne question que nous pouvons nous poser, tandis que nous lisons un texte ou un chapitre, est la suivante: «Qu’est-ce que ce texte ou ce chapitre me révèle sur Dieu et son caractère ?» C’est vraiment ça l’essence de la théologie – et elle n’exige pas de diplôme universitaire.
Parfois, la réponse à cette question peut être simple; parfois, il se peut que nous devions «lire entre les lignes» et considérer l’histoire à un niveau plus vaste. L’engagement de Moïse envers Dieu sur la montagne, lequel mena finalement à la propre révélation de Dieu lui-même dans Exode 34.6, 7, offre certaines réponses claires à cette question. Dieu est miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité, et tellement plus encore ! Mais en même temps, le texte biblique nous dit qu’il est aussi un juge juste qui prend le péché au sérieux. Il est passionnant de découvrir Dieu dans les Écritures dans de nombreux endroits inattendus.
ET MA VIE ?
Comprendre la Bible n’est pas purement un exercice universitaire. C’est une rencontre existentielle tandis que nous nous penchons sur les textes inspirés par l’Esprit de Dieu pour communiquer le grand plan du salut. Une fois que nous avons appris quelque chose sur les actes de Dieu dans ce monde, nous devons répondre à une question très simple, et cependant très personnelle : Qu’est-ce que cela signifie pour ma vie, aujourd’hui, alors que j’établis un rapport avec Dieu et avec les gens qui m’entourent?
L’application de la vérité biblique apprise par le biais d’une étude plus profonde des Écritures exige souvent une décision. C’est une réponse au Dieu des Écritures qui poursuit continuellement sa création avec l’éternelle question: «Où es-tu mon enfant ? Reviens à la maison, car je veux passer l’éternité avec toi!»
De Gerald A. Klingbeil, titulaire d’un doctorat en littérature, rédacteur adjoint de Adventist World, et passionné de la Parole de Dieu – de la Parole écrite, et de la Parole incarnée.
Source : Adventist World, janvier 2020
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