La question de savoir si le doute est un signe de reniement de sa foi est importante, parce que plusieurs chrétiens se la sont posée. Un sondage effectué en juillet 2017 par le Groupe Barna, une firme chrétienne américaine de recherche sur les tendances culturelles et religieuses, révèle que 65 % des chrétiens américains déclarent avoir déjà vécu une période de doute dans leur vie spirituelle.1 Selon ce sondage, il y a raison de s’inquiéter étant donné que la réponse la plus répandue au doute spirituel est l’éloignement des lieux de culte, de la prière, de la lecture de la Bible et du partage de choses spirituelles avec d’autres. Cependant, il y a aussi raison de s’encourager, car chez plus de la moitié (53 %) de ceux qui ont vécu une période de doute spirituel,« le temps passé à poser des questions honnêtes sur ce qu’ils croient à propos de leur religion ou de Dieu a renforcé leur foi. »2
Il existe pourtant un malentendu courant parmi les chrétiens sur la place du doute dans la vie d’un croyant. Le doute est souvent interprété comme de l’incrédulité, de sorte qu’on tente souvent de faire taire les questions et de dissiper les doutes. Cela ne devrait pourtant pas être le cas, puisque le doute fait partie du cheminement spirituel de certains chrétiens. Nous ne sommes pas tous des Pierre; certains sont des Thomas. Dans son livre ln Two Minds, Os Guinness, qui a abordé le sujet du doute avec compétence et rigueur convaincantes, situe le doute à l’intersection de la foi et de l’incrédulité et souligne que le doute ne devrait pas être pris pour de l’incrédulité « Le doute n’est pas le contraire de la foi ni la même chose que l’incrédulité.
Le doute est un état d’esprit en suspension entre la foi et l’incrédulité, de sorte qu’il n’est ni l’un ni l’autre entièrement et qu’il n’est chacun qu’en partie. Cette distinction est absolument essentielle, car elle permet de découvrir et de traiter la première grande idée fausse sur le doute, à savoir, l’idée qu’en doutant, un croyant trahit la foi et s’abandonne à l’incrédulité … »3
Ce n’est donc pas nécessairement le doute qui détruit la foi, mais plutôt l’incrédulité, car elle a pour origine un refus délibéré de croire ou une décision délibérée de désobéir.4
Néanmoins, le doute doit toujours être résolu. Puisque le doute est un état de double esprit, il est invivable et ne doit être que temporaire.5 C’est souvent quand le doute n’est pas résolument affronté et sagement résolu qu’il doit faire peur au chrétien, car il peut, de là, dégénérer et mener à l’incrédulité. A l’instar du Christ qui a répondu à un Thomas qui doutait de la véracité de sa résurrection en lui permettant de voir et de palper, de ses mains, les preuves de sa crucifixion
(Jean 20.27), nous pouvons gérer nos doutes, et ceux des autres, non pas en nous qualifiant ainsi que les autres d’incrédules, mais en recherchant nous-mêmes la foi ou en leur présentant les raisons profondes et les preuves de notre foi. L’appel divin à ne pas« clocher des deux côtés» (1 Rois 18.21) nous rappelle constamment que le doute ne devrait être que transitoire et temporaire, devant toujours être résolu.
De Kambale Jim Nziwa, pasteur adjoint des églises adventistes francophones d’Ottawa et d’Orléans (Canada).
Source : Le Messager / Juillet-août 2021
1 “Two-Thirds of Christians Face Doubt; Barna Group, accédé le 13 avril 2021, https://www.barna.com/research/two-thirds-christians-face-doubt/
2 Idem.
3 Os Guinness, ln TwoMinds: The Dilemmaof Cbubt & How toResolve lt
(Downers Grove, Ill.: lnterVarsity Press, 1976), 27, 28 (ma traduc tion).
4 Idem, 30.
5 Idem, 48,49.
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