Dieu a-t-il des favoris ? Certaines personnes ont tous les avantages. Comme Moïse. “[Notre] Dieu est un feu dévorant“*, dit deux fois Moïse lui-même (Deutéronome 4.24 ; 9.3). Sauf que Moïse lui-même semble imperméable à la flamme.
Moïse, l’ami de Dieu
Pensez, par exemple, au Dieu d’Exode 19 : intense, passionné, dictateur. “Consacrez [le peuple] aujourd’hui et demain” ; “Qu’ils lavent leurs vêtements” ; “Qu’ils soient prêts pour le troisième jour” ; “Fixez des limites au peuple tout autour” ; “Ne montez pas sur la montagne et ne touchez pas sa base” ; “Quiconque touchera la montagne sera mis à mort” (Exode 19.10-12). Pensez à l’agitation furieuse pour clôturer la montagne, se tenir à l’écart ou mourir. Mais notez qu’au milieu de la clôture de la montagne, du tonnerre terrifiant, des nuages impénétrables sauf pour les éclairs aveuglants, à travers la fumée la plus épaisse et la trompette retentissante, Dieu appelle son collègue Moïse “au sommet de la montagne” (verset 20), afin qu’ils puissent communier tous les deux. C’est un rendez-vous incomparable et continu entre ces deux-là, “face à face, comme un homme parle à son ami” (Exode 33.11).
Plus d’une fois, leur entretien dure 40 jours et 40 nuits, par sessions (Exode 24.18, 34.28). Jusqu’à ce que la gloire étouffée par la fumée et les nuages au sommet de la montagne descende pour terrifier la foule de l’humanité au pied de la montagne. Moïse, sans aucun effort de sa part, Moïse, du simple fait d’être en présence du Seigneur, devient une image de gloire qui effraie son propre peuple : “Aaron et tous les enfants d’Israël virent Moïse, et voici que la peau de son visage resplendit, et ils eurent peur de s’approcher de lui” (Exode 34.30). Le feu ne le consume pas : il le fait briller.
Moïse, que Dieu venge
La particularité de Moïse ne s’arrête pas là. Ses frères et sœurs aînés veulent intenter un procès contre lui, et le Seigneur lui-même intervient pour s’en occuper, réduisant au silence la demande de Moïse d’être traité plus gentiment que le Seigneur ne l’a fait pour sa sœur (Nombres 12.1-15). Dans un autre cas, Dieu est prêt à détruire toute la congrégation [kol ha’edah] pour sa sympathie envers un groupe défini par sa brillance, identifié comme la congrégation le plus célébrée. Encore une fois, Moïse demande la miséricorde : Dieu sait ce que mon péché d’aujourd’hui fera à mon frère et à ma sœur, à mon père et à mon voisin demain, infectant l’ensemble comme un virus en fuite. Sachant aussi ce qu’il faudra faire pour l’arrêter, Il dit à Moïse et à Aaron : “Séparez-vous du milieu de cette assemblée [ha’edah hazzo’t], afin que je les consume en un instant” (Nombres 16.21). Les frères tombent à terre sur leur visage et s’écrient : “Un seul homme péchera-t-il et seras-Tu en colère contre toute l’assemblée [kol he’edah] ?” (verset 22).
Moïse ne cesse de demander à son Dieu de faire preuve de miséricorde. Dieu accède toujours aux supplications de Moïse. Il change son ordre : Parle à l’assemblée [ha’edah], et dis : “Éloigne-toi des tentes de Koré, de Dathan et d’Abiram“. (verset 24).
Ainsi, Moïse ne se contente pas de bénéficier d’avantages : c’est lui qui décide. Parfois, du moins. Bien sûr, ça n’a pas marché avec Myriam. Dieu l’a fait taire. Mais cela semble avoir fonctionné dans une certaine mesure avec la congrégation -ha’edah. Dieu allait balayer tout le monde. Moïse a supplié. Dieu est descendu d’un cran et n’a visé que les rebelles actifs : “Le sol se fendit sous eux, . . et les engloutit. . Ils descendirent vivants dans la fosse, eux et tous ceux qui étaient avec eux ; la terre se referma sur eux et ils disparurent du milieu de l’assemblée” (Nombres 16.31-33).
Moïse, humain, après tout
Sauf que ce n’était pas suffisant. Parce que Moïse ne sait pas tout. Pas tout sur le péché. Il ne sait pas ce qu’il peut faire s’il est laissé à la miséricorde sans jugement. Un jour après que la terre de Dieu ait englouti les brillants rebelles, la congrégation clame contre Moïse et Aaron : “Vous avez tué le peuple du Seigneur” (Nombres 16.41). Dieu, qui avait fait preuve de miséricorde pour l’amour de Moïse, devait encore procéder à une grande purge : “L’Éternel parla à Moïse, et dit : Retirez-vous du milieu de cette assemblée, afin que je les consume en un instant” (versets 44, 45) – des versets qui forment un contraste gênant avec les versets 20, 21 : “L’Éternel parla à Moïse et à Aaron, et dit : Retirez-vous du milieu de cette assemblée, afin que je les consume en un instant“.
Bizarre ou quoi ? Je vais les anéantir, Moïse, sors de mon chemin. Mais il ne le fait pas, car Moïse le supplie de le faire. Demain, Il se répétera alors que Moïse saisit docilement de grandes vérités : qu’il y a des péchés qui justifient la discipline ultime, que Dieu seul et toujours sait quand c’est approprié.
Il y a une autre chose inquiétante que Moïse ne sait pas à propos du péché : il ne sait pas ce qu’il peut lui faire. Israël, qui se plaint à nouveau, aurait souhaité mourir avec les rebelles au lieu de mourir de soif (Nombres 20, 2-5). Dieu charge Moïse et son frère d’accomplir un miracle afin de réprimander l’esprit intempestif de la congrégation. Au lieu de cela, Moïse lui-même fait preuve d’intempérance : “Écoutez, rebelles ! Devons-nous faire sortir de l’eau pour vous de ce rocher ?” (verset 10). Par deux fois, il frappe le rocher avec son bâton. L’eau sort en abondance pour l’assemblée et pour les animaux (versets 6-11).
Par deux fois, il frappe le rocher avec son bâton. L’eau sort en abondance pour l’assemblée et pour les animaux (versets 6-11). Le Seigneur dit alors à Moïse et à son frère : “Parce que vous n’avez pas cru en Moi, pour Me sanctifier aux yeux des enfants d’Israël, vous ne ferez pas entrer cette assemblée dans le pays que Je leur ai donné” (verset 12).
Moïse gravira les montagnes et regardera de l’autre côté du Jourdain la terre de Canaan vers laquelle il avait vécu pour faire entrer son peuple. Mais il n’entrera jamais à leur tête, parce que, lui explique le Seigneur, “dans le désert de Zin, pendant les querelles de la congrégation, tu t’es rebellé contre mon ordre de me sanctifier aux eaux sous leurs yeux” (Nombres 27.14).
Et c’est comme ça que nous voyons que Moïse est humain après tout, pécheur après tout, malgré tous les avantages et la miséricorde : pas de Canaan pour Moïse. Pas d’entrée triomphale. Pas d’avantages pour le péché. Le pardon, oui, et la translation aussi (Jude 9 ; Matthieu 17.1-3 ; Luc 9.28-36). Mais pour Moïse, comme pour vous et moi, la rébellion est aussi impardonnable chez un saint que chez un pécheur (1 Samuel 15.23). Le salaire du péché est toujours la mort (voir Romains 6:23) ; et l’obéissance totale est toujours d’une importance capitale.
De
Source : www.adventistreview.org/mo-gets-all-the-perks
Traduction : Eunice Goi
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