Dans le conflit cosmique, la proclamation de l’Évangile éternel aboutit à un appel à choisir le camp de Dieu (Ap 14.7). Dieu respecte la liberté humaine et invite chaque individu à répondre librement à son plan pour lui. Cette décision, des plus importantes, déterminera la destinée éternelle de chacun. L’appel divin ressemble à celui des parents qui, sentant que leur enfant est sur le point de prendre une mauvaise décision, font tout ce qu’ils peuvent pour l’en dissuader. L’appel vient du coeur d’un Dieu rempli d’amour.
UN APPEL GLOBAL
L’ampleur de la décision est exprimée par l’utilisation de trois verbes à l’impératif : craignez Dieu, donnez-lui gloire, et adorez-le. Dans ce qui suit, nous aborderons les trois plus en détail.
« CRAIGNEZ DIEU »
La peur peut nous inciter à faire quelque chose pour éviter le danger qui la cause. Dans les Écritures, la présence de Dieu pouvait engendrer la peur. Qui ne tremblerait pas en présence d’un Dieu qui se manifeste dans une lumière glorieuse et impénétrable, qui ébranle la nature et la fait reculer devant lui ? Les êtres humains craignent pour leur vie, non pas parce que Dieu menace de les tuer, mais parce qu’ils se rendent compte que l’expérience de sa présence est d’une intensité telle qu’ils redoutent de ne pas y survivre (Ex 20.19). Ce Dieu incomparable s’approche de ses créatures avec le désir d’être leur Dieu. Par conséquent, la peur qui les fait trembler et les terrifie les attire à lui avec admiration, laquelle s’exprime dans une soumission reconnaissante à lui, dans l’adoration, et dans une communion avec celui qui est la vie même (Dt 5.26,27). Elles sont animées de la véritable crainte de Dieu : une crainte révérencielle du Dieu créateur et rédempteur (Ex 20.1 ; Ap 4.10,11 ; 5.8,9).
C’est dans Ecclésiaste 12.15,16* qu’on trouve le meilleur parallèle biblique de l’appel à craindre Dieu consigné dans Apocalypse 14.7.
1) Dans ces deux passages, on utilise l’impératif (« Crains Dieu » [Ec 12.15] ; « Craignez Dieu » [Ap 14.7]), indiquant ainsi qu’il s’agit d’une question urgente.
2) Cet appel est universel en ce sens qu’il s’adresse à tous les êtres humains (« ce que doit faire tout homme » [Ec 12.15] ; « aux habitants de la terre » [Ap 14.6]).
3) La crainte de Dieu est liée au jugement (« Dieu amènera toute oeuvre en jugement » [Ec 12.16] ; « l’heure de son jugement est venue » [Ap 14.7]).
4) Craindre Dieu est associé à l’observation de ses commandements (« Crains Dieu et observe ses commandements » [Ec 12.15] ; les saints « qui gardent les commandements de Dieu » [Ap 14.12]).
Le premier ange invite instamment les êtres humains à faire de ce Dieu glorieux leur Dieu personnel et à manifester leur « crainte » (ou leur « admiration ») de lui en se soumettant à sa volonté empreinte d’amour. L’alternative est de craindre le dragon ou de s’y soumettre pour échapper à la mort (Ap 13.15) ; par contre, celui-là seul qui est « le vivant » est mort mais maintenant est « vivant pour toujours ». Seul l’Agneau qui a été immolé peut préserver la vie (Ap 1.18).
« DONNEZ-LUI GLOIRE »
Les êtres humains doivent mettre de côté leur orgueil et n’attribuer l’honneur et la gloire qu’à Dieu. L’ange précise comment ils doivent glorifier le Créateur au coeur d’un conflit cosmique où la justice et l’amour de Dieu ont été mis en doute. Dans la Bible, l’expression « donnez-lui gloire » est utilisée dans le contexte du jugement pour reconnaître l’état de péché de l’humanité et le jugement juste de Dieu. Dans un tel cas, cette expression est une confession de culpabilité (Jos 7.19) et/ou une expression de repentance (Jr 13.16 ; 1 S 6.5).
Dans l’Apocalypse, « donnez-lui gloire » décrit premièrement ce qui se passe dans le ciel, où les êtres célestes déclarent d’une seule voix que Dieu est digne de recevoir la gloire parce qu’il est le Créateur (Ap 4.9-11) et, parce qu’il est, à travers l’Agneau, le Rédempteur (Ap 5.9-13). Deuxièmement, les êtres humains reçoivent l’ordre de donner gloire à Dieu sur la terre (Ap 11.13 ; 14.7 ; 16.9). Troisièmement, à la fin du conflit cosmique, tous rendront gloire à Dieu (Ap 19.7 ; Ap 5.13). Ici-bas, on est réticent à reconnaître que tous les êtres humains sont pécheurs et que Dieu est un Dieu juste et aimant. L’appel devrait être lancé à tous, car certains d’entre eux seront témoins du bouleversement destructeur des forces de la nature et « donneront gloire à Dieu » ; ils reconnaîtront qu’ils sont pécheurs et que les jugements de Dieu sont justes (Ap 11.13 ; Rm 10.8,9).
Le jugement est, en principe, une recherche juridique de la vérité.
ADORATION ET JUGEMENT
L’appel à accepter le Dieu majestueux de la Bible en tant que Dieu personnel (autrement dit, à le « craindre ») et à confesser notre état de pécheur en reconnaissant la justice et l’amour de Dieu, est énoncé dans le contexte de l’annonce disant que « l’heure de son jugement est venue » (Ap 14.7). Le jugement est, en principe, une recherche juridique de la vérité. Un crime aux proportions cosmiques a été commis lorsque les puissances du mal ont tiré à boulets rouges sur l’intégrité du caractère d’amour de Dieu. Mais dans le jugement final, la réputation du Créateur sera blanchie. Les méchants ont soutenu la tromperie du dragon, mais le jugement révélera leur erreur. C’est maintenant que les êtres humains doivent craindre Dieu et lui rendre gloire.
Le jugement dernier est une doctrine chrétienne. Selon les Écritures, il se compose de trois étapes. La première est le jugement investigatif dans le ciel avant le retour de Jésus. Lors de ce jugement, on examine la vie des enfants de Dieu pour voir s’ils sont restés fidèles à l’engagement de leur foi envers l’Agneau (voir, par ex., Dn 7.8-10,13,22 ; Rm 2.5,6 ; 1 Co 3.8 ; 2 Co 5.10 ; Ep 6.8). Quand Jésus reviendra, ce sera non pour juger son peuple, mais pour le sauver (He 9.28).
Les chrétiens qui croient en l’immortalité de l’âme croient aussi en un jugement précédant le retour de Jésus. Selon eux, le jugement a lieu à la mort de l’individu ; c’est à ce moment-là que sa destinée éternelle est légalement déterminée. La Bible, elle, rejette le concept de l’immortalité de l’âme et enseigne que l’individu « dort » dans le Seigneur jusqu’au retour de ce dernier. Deuxièmement, lorsque les forces du mal et leurs partisans se tiendront devant le trône de Dieu après le millenium (Ap 14.10 ; 20.11,12), un jugement aura lieu, lequel sera suivi du troisième aspect du jugement final, c’est-à-dire la phase exécutive (Ap 20). C’est à ce moment-là que le cosmos sera purifié du péché. Dans l’Ancien Testament, l’événement le plus glorieux était représenté par le jour des expiations, indiquant le moment (« l’heure ») de l’histoire où le processus judiciaire commencerait dans le ciel, soit en 1844 selon le calendrier divin (Dn 8.14 ; voir Ap 11.19 ; 14.7). Alors que nous vivons au jour antitype des expiations, nous devons appeler l’humanité à craindre Dieu et à lui donner gloire.
CONCLUSION
Le Dieu glorieux et transcendantal des Écritures veut être notre Dieu. Mais la décision nous appartient ! Le jugement dernier révélera que, par la croix du Christ, Dieu a manifesté son amour infini en sauvant des pécheurs tels que nous. Choisissons donc de craindre Dieu et de lui donner gloire en nous joignant, dans le conflit cosmique, au camp de l’Agneau.
Questions pour la réflexion
- Comment pouvons-nous relier le message de jugement des trois anges de l’Apocalypse à l’histoire d’amour des Évangiles ?
- Comment pouvons-nous « donner gloire » à Dieu dans notre vie quotidienne ?
- Dans un monde gouverné par l’ambition, le péché et le mal, pourquoi la promesse du jugement divin est-elle un message d’espérance ?
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