Les 5 formes de persécution invisible des femmes chrétiennes

L’équipe de recherche internationale de Portes Ouvertes suit de près la persécution des chrétiens les plus vulnérables. En effet, la persécution, motivée par l’identité chrétienne de la victime, n’est pas un phénomène aveugle mais est souvent ciblée et adaptée en vue de faire mal à la personne visée.

Les femmes, déjà socialement et culturellement discriminées dans certaines sociétés, subissent ainsi des formes spécifiques de persécution. Elles sont mal connues car souvent invisibles car ayant lieu au sein de la cellule familiale, et non dans la vie publique.

Batoul (pseudonyme), jeune femme d’Afrique du Nord, explique: «Une difficulté pour les femmes converties au christianisme est de savoir comment elles peuvent aller à l’église. Un homme peut quitter la maison sans problème… mais une fille sera interrogée sur l’endroit où elle va… Beaucoup ne peuvent pas aller à l’église parce que leur famille ne leur permet pas de sortir sans être accompagnées».

Portes Ouvertes a identifié les 5 formes de persécution que subissent spécifiquement les femmes chrétiennes :

1. Le mariage forcé

En Afrique du Nord, les jeunes femmes converties au christianisme d’arrière-plan musulman peuvent être forcées par leur famille à se marier avec des hommes souvent plus âgés et musulmans très pratiquant, dans le but de sauvegarder l’honneur de la famille et de la faire revenir à l’islam. S’en suivent de nombreuses violations des droits humains dans la sphère maritale, l’impossibilité de rencontrer d’autres chrétiens et d’élever ses enfants selon ses convictions religieuses propres.

2. Les violences sexuelles

Lors des attaques de groupes extrémistes contre les communautés chrétiennes en Afrique Subsaharienne, les hommes sont tués ou mutilés, et les femmes subissent des violences sexuelles. Habiba (pseudonyme) du Burkina Faso, ancienne captive de Boko Haram, témoigne:

«La petite-fille du pasteur et moi-même avons été mariées de force. J’avais 13 ans, elle 11. Ils nous ont violées ».

Un expert régional de Portes Ouvertes pour la Centrafrique fait le terrible constat:

«Les chrétiennes font face à un risque accru de viols et de mariages forcés dans le cas d’attaques de militants. Des cas d’esclavage sexuel sont aussi signalés».

Au Pakistan ou en Egypte, les violences sexuelles contre les femmes chrétiennes sont légion, perpétrés par des groupes d’homme radicalisés voulant semer la peur au sein des communauté chrétienne.

3. La violence physique, souvent domestique

Dans le cas d’une conversion au christianisme depuis un autre arrière-plan religieux, les femmes sont plus vulnérables à la violence domestique. Dans le Nord du Vietnam, Chu (pseudonyme) a été battue par son mari après que les chefs tribaux ont fait pression sur lui.

«Il m’a dit que c’était à cause de moi que nous étions menacés, car je suivais Jésus. Puis il a pris le bâton».

4. La violence psychologique domestique

Si, dans les pays de l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens, les hommes chrétiens subissent de l’humiliation et du stress dans la vie publique et professionnelle, les femmes qui se convertissent au christianisme subissent d’intenses pressions dans leur vie privée : intimidations, menaces, critiques, isolement. Les converties déjà mariées risquent le divorce et la perte de la garde des enfants. Les célibataires risquent d’être «assignées à résidence» par leur propre famille.

5. Le kidnapping

Il s’agit d’une des formes de persécution les plus répandues contre les femmes chrétiennes. Cette tactique laisse des séquelles dévastatrices sur les victimes, et est une arme qui détruit les familles et les communautés chrétiennes. Un des exemples les plus spectaculaire est l’enlèvement des filles de l’enclave chrétienne de Chibok par le groupe terroriste Boko Haram au Nigéria en 2014. Bientôt 11 ans plus tard, des dizaines restent portées disparues…