Les avocats de Sajjad Masih Gill, Adventiste du 7° Jour de 31 ans, qui purge actuellement au Pakistan une peine à perpétuité en vertu des lois controversées sur le blasphème, auraient été menacés par des hommes armés la semaine dernière sur le trajet pour l’audience d’appel devant la Haute Cour de Lahore. Selon l’AIIC, agence d’infos, les deux avocats ont été arrêtés sur la route entre Kasur et Lahore par des hommes armés qui les ont menacés de violence s’ils persistaient à défendre Sajjad Masih Gill.
Masih, un membre de l’église Adventiste, a été condamné pour avoir envoyé des sms diffamatoires à l’encontre du prophète Mahomet, un acte qu’il n’a de cesse de nier. Il a été jugé coupable bien que le procès ait été estimé controversé et présentant des failles. Au cours du procès, l’accusateur principal de Masih est revenu sur ses propos et le procureur n’a pu présenter aucune preuve du délit allégué. En parallèle, l’avocat de Masih, Javed Sahotra, a raconté que d’intenses pressions exercées par des extrémistes avaient joué un rôle décisif dans la condamnation, malgré le manque de preuve.
Les lois sur le blasphème au Pakistan ont connu une condamnation internationale, et ont généré des récits de fausses accusations et de condamnations injustifiées. Depuis 1986, lorsque la définition de blasphème a été élargie dans le code pénal au Pakistan, le nombre d’accusations et de condamnations a dramatiquement augmenté. Selon la loi, toute personne suspectée de termes ou d’actions diffamatoires envers le prophète Mahomet – cas le plus grave de blasphème – doit être condamné soit à mort soit à la prison à perpétuité. Selon de nombreux organismes internationaux de surveillance, ces lois sont extrêmement susceptibles d’être abusées, et les accusations de blasphème sont souvent portées contre des individus comme un moyen de régler des comptes personnels. Les plus vulnérables face à cette loi sont les minorités religieuses, dont les chrétiens, qui ne représentent que 2% de la population pakistanaise.
Bien que le cas de Masih soit une fausse accusation, le Dr Ganoune Diop, directeur des affaires publiques et de la liberté religieuse pour l’Église Adventiste mondiale, souligne que les lois sur le blasphème sont fondamentalement incompatibles avec les principes de la liberté religieuse ou de croyance. “Ces lois ont tendance à être utilisées pour restreindre les activités des minorités religieuses, pour limiter la liberté d’expression de la pensée religieuse et, en même temps, pour atteindre des groupes ou des individus via la discrimination ou la persécution“, dit Ganoune Diop. “Alors qu’il est important de toujours traiter les autres avec respect, la vraie liberté religieuse permet à tous de faire des déclarations selon leur propre conviction, sans être humilié, harcelé ou soumis à des violences“.
Une étude récente du Pew Research Center a démontré que plus de 20% des pays du monde – dont plusieurs pays du Moyen-Orient comme le Nigeria, le Soudan, la Somalie, l’Inde, l’Indonésie et la Malaisie – ont des lois ou des politiques anti-blasphème.
Attorney Dwayne Leslie, un directeur associé au département des affaires publiques et liberté religieuse de l’Église Adventiste mondiale, a également suivi de très près le cas de Masih et exhorte les membres d’église à continuer à prier pour Masih et sa famille. “Les minorités religieuses au Pakistan ne vivent pas seulement sous la peur des accusation de blasphème, mais aussi en sachant que les cas sont souvent jugés injustement“, dit Attorney Dwayne Leslie.
Au regard de l’incident du 29 janvier 2016, les avocats de Sajjad Masih ont demandé un report de son audience, qui a finalement été reprogrammée pour le 16 Février.
Source www.adventistreview.org Par Bettina Krause
Traduction : Eunice Goi
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