L’Église ne sait plus à quel registre se vouer :
Qui est membre de l’Église ? Les Églises ont longtemps pu compter sur les contrôles des habitants pour tenir à jour les listes. Mais, aujourd’hui, les administrations sont soit muettes soit imprécises sur la question de l’appartenance confessionnelle. Dieu n’oublie pas ses fidèles, par contre l’Église peut être prise d’amnésie. Dans la plupart des cantons, la liste des membres d’une paroisse dépend des données fournies par le contrôle des habitants. Or, la transmission de donnée par les communes va de moins en moins de soi.
« J’ai découvert que dans les administrations communales, les employés ne reçoivent pas de consigne claire quant à la manière d’inscrire la confession des personnes. Ainsi, quand un enfant naît, certains employés communaux ont pris l’habitude de l’inscrire comme la mère, d’autres comme le père, d’autres inscrivent systématiquement sans confession », relate Diane Friedli. Ce témoignage a été présenté lors du dernier synode de l’Église réformée du canton de Neuchâtel (EREN). La pasteure présentait une motion pour que l’Église entame une réflexion sur un système de fichier efficace. « Aujourd’hui, notre fichier dépend des données sur les personnes inscrites dans les administrations communales. Les informations qu’elles nous livrent sont précieuses, mais il nous faut nous poser la question de savoir si nous voulons confier entièrement à un tiers la gestion des listes de nos membres. »
Garantir des données précises dans la loi
Voir le petit dernier d’une famille protestante ne pas être invité au caté est une crainte partagée à Berne. L’union synodale Berne-Jura-Soleure craint qu’au nom de la protection des données, les paroisses ne reçoivent à l’avenir que des informations lacunaires sur leurs membres. À l’occasion de la mise en consultation du projet de nouvelle loi sur les Églises nationales, le synode a attiré l’attention des autorités sur le fait que « les paroisses ont besoin des données personnelles de leurs fidèles pour la tenue du registre des votants et de celui de leurs membres. L’actualité des registres servant à organiser la vie de l’Église, revêts pour elles une importance particulière. ( … ) Les listes de membres permettent aux paroisses de faire connaître à leurs fidèles les offres de l’Église ainsi que les services, confessionnels ou temporels, qu’elles proposent, et de les inviter de manière ciblée à participer à la vie de l’Église. Elles doivent permettre la sélection de groupes précis, par exemple pour les services religieux spécifiquement destinés aux jeunes paroissiens de 16 à 20 ans, des vacances réservées aux personnes âgées de plus de 80 ans habitant un lieu donné, ou encore des offres destinées aux fidèles séjournant dans différents foyers, mais toujours rattachées à la paroisse. »
L’Église évangélique réformée du canton de Vaud (EERV) a été confrontée à ce problème, il y a quelques années. « Certaines communes ont supprimé la confession de leur registre », explique Paolo Mariani, porte-parole de l’EERV. Les Églises ont alors alerté le canton. « Les autorités ont bien compris quels étaient nos besoins», explique le porte-parole. Cette mention a donc été rétablie dans les registres et les trois Églises reconnues (réformée, catholique romain et communauté israélite) ont rédigé un document commun remis aux personnes qui s’inscrivent dans une commune. Ce papillon explique ce que les Églises font des données transmises et précise qu’elles n’ont aucune influence fiscale en terre vaudoise.
L’Église tient la liste de ses membres
À Genève par contre, depuis 2010, les Églises ne reçoivent plus d’informations cantonales. « Depuis cette date, le registre est alimenté de façon volontaire par les protestants du canton, à travers notamment les activités des paroisses, les demandes d’affiliation à l’EPG, les actes pastoraux (mariages, baptêmes, etc.) », explique Pauline Cressier, chargée de communication à l’Église protestante de Genève (EPG). « Certaines paroisses, notamment en campagne, font des envois sur leurs activités et le catéchisme, soit en tout ménage, soit dans leur feuille paroissiale », ajoute Pauline Cressier.
Publité sur BIA (Bulletin d’Information Adventiste), nº 411. Février 2017.
Laissez votre commentaire