Il y a plus à observer le Sabbat que vous ne pourriez pas penser.
De Dresse Elizabeth Ostring[1]
Avez-vous pensé, comme moi, que le quatrième commandement ne se referait qu’à sanctifier le Sabbat ? Alors, rejoignez mon enthousiasme et découvrez qu’il s’agit de vivre pour Dieu chaque jour. Non seulement le sens du Sabbat a été perdu[2], mais le but chrétien du travail a été déformé. Le Sabbat, béni par Dieu et créé pour nous, nous prépare à faire notre travail de bénir les autres pendant le reste de la semaine.
La base pour comprendre le Sabbat est l’histoire de l’activité créatrice de Dieu racontée dans la Genèse. Il est intéressant de noter que la Genèse commence et finit avec les œuvres de Dieu : Il est le créateur et le sauveur. La création est clairement l’œuvre de Dieu seul. La conclusion de l’histoire de Joseph dans la Genèse semble un conte de fées, mais Dieu est bien présenté comme seule source du succès de Joseph. Sept fois le narrateur déclare que Dieu a béni Joseph comme esclave et qu’Il l’a rendu victorieux (Genèse 39.2-5, 21-23). Sept fois Joseph lui-même déclare que Dieu a dirigé sa vie afin qu’il puisse sauver sa famille et les égyptiens (Genèse 45.5-8, 50.19-25). La Genèse commence avec Dieu comme créateur et termine avec Dieu comme sauveur.
Et le reste du livre ? Vous avez deviné, il s’agit d’œuvres humaines. Le fil rouge qui unit toutes les histoires des personnages dans la Genèse, est le désir de Dieu que les hommes travaillent avec Lui. Comme sa grande contrepartie à la fin de la Bible, l’Apocalypse, la Genèse a la classique structure narrative hébraïque : caractérisée par le chiasme, elle commence et termine avec le travail de Dieu et est axée sur le texte d’Abraham de donner son travail à Dieu (chapitre 22)[3].
Quand les hommes ont refusé d’accepter la souveraineté de Dieu et quand ils ont mangé le fruit défendu, leur travail a été maudit. Cela n’a pas été le décret d’un Dieu en colère. Même avant que Dieu ne prononce la première malédiction (les femmes enfanteront avec douleur ; les hommes travailleront durement pour rendre le sol fructueux), le livre de la Genèse montre que les hommes ne pouvaient pas travailler avec succès sans Dieu. Les fragiles feuilles de figuier sont un matériau inefficace pour cacher la nudité, et le choix de style, un pagne (qui en hébreu signifie simplement une ceinture), est presque inutile pour atteindre cet objectif. Dieu doit intervenir et Il leur fait des vêtements résistants avec la peau d’animaux (Genèse 3.21).
Après l’entrée du péché dans le monde, le livre de la Genèse décrit une série de cinq malédictions, provenant des hommes qui cherchaient à travailler sans Dieu : sur le travail du couple ; sur le terrain, à cause du péché de Caïn ; la destruction des œuvres violentes des hommes dans le Déluge ; la malédiction de Noé sur l’esclavage (travail acharné), illustré par le grand Nimrod, fondateur de Babel (Genèse 10.9-10) ; et, au final, la cessation du travail de la tour de Babel. Les constructeurs de la tour aspiraient à devenir célèbres et à atteindre le ciel, en montrant ainsi « que la diffusion du péché en Genèse 3-11 est sur une échelle ascendante »[4]. Cette histoire se concentre encore sur le travail humain plus que sur le péché ou sur l’adoration. Par conséquent, le plus grand péché est d’être fier de son travail, son accomplissement et, à travers lui, d’aspirer à « atteindre le ciel ».
Dans cette triste manifestation de péché et de malédiction, l’appel d’Abram (Genèse 12.1-3) fait irruption avec sept bénédictions[5]. En effet, le mot bénédiction apparaît dans le livre de la Genèse pour un total de 88 fois, plus que dans tous les autres livres de la Bible[6]. L’acte de bénir est « l’indicatif musical » du livre de Genèse[7], et le concept de base dans le plan de Dieu, et pour le travail de l’homme et pour l’adoration. Dieu promet de donner à Abram un grand nom ; il n’a pas dû lutter pour l’obtenir. La bénédiction centrale de l’appel d’Abram (la quatrième) est exprimée en hébreu comme un commandement : « Sois une bénédiction ! » Tous les avantages de Dieu sont, bien entendu, des bénédictions. Abram, prototype du peuple de Dieu, a été appelé pour « sortir » de l’approche de lutte et d’efforts de Babel envers le travail, pour recevoir les bénédictions de Dieu et vivre comme une bénédiction pour les autres.
Comme nous, les patriarches s’efforçaient de comprendre comment travailler avec un Dieu bénissant. Trop souvent, ils ont essayé de donner un coup de main à Dieu. Abraham a utilisé Agar pour « aider » Dieu. Isaac pensait qu’il pouvait choisir quel fils bénir, sans considérer le choix de Dieu. Jacob a même pensé qu’il pouvait utiliser des artifices pour faire fonctionner le plan de Dieu, et puis a passé 20 ans en travaillant dur pour atteindre le succès tout seul. Mais au centre du chiasme du livre de la Genèse il y a les histoires de l’obédience d’Abraham à l’appel incompréhensible de Dieu de sacrifier Isaac (en ruinant apparemment toutes les promesses de Dieu et abandonnant le travail de toute sa vie) et ses préparatifs dévoués pour les funérailles de Sarah. Adam a raté l’épreuve d’obéissance de Dieu tandis qu’Abraham Lui est resté fidèle et obéissant. Après qu’Abraham renonça à Isaac (l’œuvre de toute sa vie), Dieu lui assura que les bénédictions qu’Il lui avait promises étaient sûres.
Le livre de la Genèse enseigne que :
- L’œuvre de Dieu nous entoure ; Il est notre créateur et notre saveur.
- Dieu a partagé le don du travail avec les hommes, afin qu’ils puissent bénir la création en la servant et en la protégeant. Abraham a été appelé à sortir du travail accès à la réussite et à l’orgueil typique de la culture de Babel, pour retourner à la création conçue pour « être une bénédiction ».
- Le travail humain accompli sans Dieu est voué à l’échec, comme les histoires avant Abraham le montrent.
- Le travail humain a le potentiel dangereux d’être la source du plus grand péché humain : un orgueil égocentrique. Même les patriarches, dans la tentative de donner un coup de main à Dieu, ont causé le retard des quelques bénédictions et le bouleversement des relations.
- Les hommes doivent reconnaître que tous les résultats remarquables sont dus à la bénédiction de Dieu. Abraham et Joseph l’ont compris, tandis que les autres patriarches ont eu du mal à le comprendre.
« Comme nous, les patriarches s’efforçaient de comprendre comment travailler avec un Dieu bénissant. Trop souvent, ils ont essayé de donner un coup de main à Dieu ».
Quand l’église des premiers chrétiens a accepté le dualisme grec (l’idée que le corps physique était séparé, et inférieur, à l’âme, qu’on supposait être éternelle) le travail ordinaire de tous les jours a été déclassé et vu comme une punition pour le péché (Gen. 3 :16-19). Cependant, Luther et Calvin ont réalisé que les hommes avaient du travail à faire dans le jardin d’Eden (Gen. 1 :26-28, 2 :5, 15). Luther a suggéré que le travail quotidien était notre appel de Dieu, notre « vocation ». Notre appel originaire était de travailler avec Dieu pour servir et protéger le monde crée (Gen. 2 :15). Malheureusement, les chrétiens ont peu à peu abandonné l’aspect de leur appel de travailler avec Dieu et la vocation a commencé à connoter l’avoir un bon travail bien payé et atteindre le « succès ». La compétition et la réussite sont devenues les facteurs de motivation dans le travail, ce qui a entraîné stress et angoisse.
Les théologiens chrétiens contemporains ont promu le travail de son modeste état de « punition pour le péché », considérant les hommes comme co-créateurs[8] avec Dieu pour mener ce monde à la perfection, pour le transformer de façon que Jésus Christ puisse revenir et réclamer Son règne[9]. De manière significative, les enseignements de l’Église catholique et de la grande ligne du Protestantisme à propos du travail sont désormais pratiquement les mêmes[10]. Cependant, la Bible n’enseigne pas que l’effort humain rendra parfait le monde avant le retour de Jésus, mais que Dieu le rendra ainsi après le millénium.
Le quatrième commandement est un mandat pour un engagement total de notre temps à Dieu et les bénédictions qui suivent cette obéissance. Pendant six jours nous travaillons avec Dieu pour partager Ses bénédictions (au niveau physique, mental, spirituel et social) avec les autres. Le septième jour de sabbat non seulement nous rappelle régulièrement la création de Dieu et le travail rédempteur (Ex. 20 :8-12, Deut. 5 :12-15) et combien nous dépendons de Lui, mais renouvèle aussi notre force, afin que nous soyons une bénédiction pour les autres. Louez le Seigneur, source de toutes les bénédictions existantes !
Source : https://record.adventistchurch.com/2017/02/24/the-blessed-commandment/
Traduit par : Tiziana Calà
Photo: iStock
[1]Dresse Elizabeth Ostring est actuellement une assistante pastorale bénévole pour l’émission de télévision It Is Written Oceania et assistente pastorale à l’église Royal Oak, en NZ.
[2]Voir Sigve Tonstad. The Lost Meaning of the Seventh Day (Berrien Springs, MI: Andrews University Press, 2009).
[3] Elizabeth Ostring, Be a Blessing: the Theology of Work in the Narrative of Genesis. Eugene OR: Wipf and Stock, 2016, pp 141-161).
[4] William Dumbrell. Covenant and Creation: A Theology of Old Testament Covenants. Eugene, OR: Wipf and Stock, 2009, p 62.
[5]Umberto Cassuto. Commentary on the Book of Genesis Part Two From Noah to Abraham. Jerusalem: Magnes Press, 1964, p 312.
[6] Christopher Wright Mitchell. The Meaning of BRK “to Bless” in the Old Testament. Atlanta, GA: Scholars Press, 1987, p 185. Wenham. Genesis 1-15. Waco, TX: Word Books, 1987, p 275.
[7] John Scullion. Genesis- a Commentary for Students, Teachers, and Preachers. Collegeville, MN: The Liturgical Press, 1992, p 102.
[8]Pape Jean-Paul II. Laborem Exercens. Vatican, 1981.
[9] Miroslav Volf. Work in the Spirit: Toward a Theology of Work. Eugene, OR: Wipf and Stock, 2001.
[10] Timothy Keller. Every Good Endeavor. London: Dutton, Penguin, 2012, p 257.
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