Je suis en pleine contradiction quand il s’agit de technologie. Je passe beaucoup trop de temps sur Internet. Parfois c’est productif, comme quand je paie des factures, fais des recherches pour mon travail et lis les nouvelles, mais je perds la plupart de mon temps avec un trop grand nombre de vidéos rigolotes. Pour tout cela, j’utilise toujours un téléphone portable acheté en 2009, le Nokia E71. (Ne riez pas, il a gagné le téléphone de l’année de Mobile Choice en 2008, battant l’iPhone d’Apple.)
J’écoute les médias à la maison, mais je fais tout mon possible pour protéger mon fils d’un an.
Je consulte Facebook quand je suis dans une file d’attente, mais je frémis à l’idée que mon fils puisse regarder des vidéos de Peppa Pig sur son smartphone (qu’il n’a pas) quand nous sommes dehors et considérer que cela puisse être “une distraction”.
La technologie. Nous pouvons aimer la détester, la blâmer de nous avoir rendus stupides (selon Nicholas Carr, auteur de The Shallows), la blâmer d’endommager le cerveau de nos enfants (selon Dr Liraz Margalit dans Psychology Today) et de nous faire sentir plus seuls que jamais (comme rapporté dans The Guardian). Mais pour la plupart d’entre nous, il s’agit d’une chose omniprésente dans nos vies. Il y a quelque chose dans ces écrans lumineux qui semble attirer l’attention des gens, petits et grands, comme un papillon de nuit et un tue-mouches électrique. Au moment même où l’écran de télévision s’allume ou si j’allume mon ordinateur, mon petit se retrouve devant le moniteur en un éclair, les yeux grands ouverts.
Donc, d’un côté, j’aime la technologie et je ne peux pas imaginer ma vie sans elle, d’un autre côté quand il s’agit d’éduquer mon enfant, je m’approprie la vision dédaigneuse que les Amish ont sur la technologie. Et selon The Barna Group, une société d’études de marché spécialisée dans l’étude des croyances religieuses, du comportement des Américains et de l’intersection de la foi et de la culture, je ne suis pas seul (en ce qui concerne le paradoxe et non pas l’envie d’être Amish).
Les dernières recherches de Barna révèlent que la technologie est la première raison pour laquelle les parents pensent qu’aujourd’hui il est plus difficile que jamais d’élever des adolescents. Ils affirment que « le monde est plus dangereux » et nomment aussi les « facteurs financiers ». Sauf que je ne pense pas que le problème se limite aux adolescents : il me reste 12 ans avant qu’Elliott ne devienne un adolescent et j’ai déjà du mal à l’élever au milieu de la technologie.
Génération des pionniers
La recherche de Barna sur le sujet est publiée dans le livre « La famille Tech-Wise : Les étapes quotidiennes pour remettre la technologie à sa place », écrit par Andy Crouch, un commentateur culturel, stratège en communication et chrétien. Il s’agit d’un aperçu intéressant de la façon dont certaines familles tentent de faire face à l’éducation des enfants à une ère technologique.
Cet ouvrage est utile car, comme Crouch l’admet dans une interview télévisée : « Nous sommes les premiers à devoir faire face à l’éducation des enfants à une ère technologique. Il n’y a pas de tradition culturelle héritée et (donc) nous sommes tous en train de la comprendre au fur et à mesure. » Alors que nous ne pouvons pas obtenir une réponse définitive sur ce qui est bien ou mal, apprendre comment d’autres familles gèrent la technologie peut peut-être nous aider à découvrir quelles attitudes et stratégies personnelles adopter.
« Déterminer la place appropriée de la technologie dans notre famille et notre stade de vie exige du discernement plutôt qu’une simple formule toute faite », explique Crouch.
À un moment donné, j’avais comme des attaques de panique légères dès qu’Elliott posait ses yeux sur un écran avec des images clignotantes (sauf pour les appels Skype avec sa grand-mère). Il est intéressant de voir que la plupart des parents n’éliminent pas l’utilisation de l’appareil, ils la limitent (en moyenne 4,65 heures par jour pour les enfants de 4 à 17 ans).
Ce qui est surprenant, c’est que, selon Barna, « les parents des “millennials”- peut-être parce qu’ils ont des enfants plus jeunes ou parce qu’ils sont plus susceptibles d’être plongés dans leur propre angoisse de l’utilisation électronique – sont plus susceptibles (73%) que les parents de la Génération-X (57%) ou de la génération Baby Boom (57%) à limiter le temps de leurs enfants sur les appareils électroniques. »
En d’autres termes, nous ne pouvons pas lutter contre le fait que la technologie existe et nous ne devrions pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Mais elle ne doit pas non plus consumer nos vies. Comme l’a dit un jour le roi Salomon : « Il y a un temps pour tout et une saison pour toute activité sous les cieux » (Ecclésiaste 3.1).
La Bible dit aussi : « Instruis l’enfant selon la voie qu’il doit suivre ; Et quand il sera vieux, il ne s’en détournera pas. » (Proverbes 22.6). Comment pouvons-nous nous assurer que nos enfants ne seront pas dépendants de la technologie alors que nous-mêmes n’arrivons pas à nous arracher de nos téléphones mobiles ?
C’est alarmant : sept parents sur dix affirment dormir avec leur téléphone à côté d’eux. Mais ce qui est le plus déchirant n’est pas le fait que nous transmettons ce comportement à nos enfants ou qu’ils sont également accros, c’est que nos enfants préfèrent passer du temps avec nous qu’avec leurs téléphones !
Lorsqu’on a demandé aux enfants ce qu’ils aimeraient changer dans leur relation avec leurs parents, leur première réponse a été : « J’aimerais que mes parents quittent des yeux leurs écrans et me parlent », révèle Crouch.
S’il y a un signal d’alerte, c’est que nos enfants veulent passer du temps avec nous, et nous pouvons être aussi coupables de toutes ces plaintes qu’ils sont accro à leurs appareils. Je repense à toutes les fois où j’ai été sur Facebook, en train de parcourir mon fil d’actualité, quand le petit Elliott rampait à mes pieds, et que je penchais la tête de honte. Quoi de plus précieux que de passer du temps avec votre bébé, qui, comme tout le monde me le dit, va grandir trop vite ?
Coeur et âme
Où allons-nous maintenant ? La technologie, comme le montre la recherche de Barna, est devenue quasiment un élément indissociable de nos vies. Alors comment pouvons-nous, comme le promet le livre “Tech-Wise Family”, « créer une maison où enfants, parents et technologie vivent en harmonie » ?
Crouch a quelques suggestions, dont la première a été mise en place par Dieu quand notre monde a été créé : le sabbat – un jour par semaine où nous prenons le temps d’enlever notre attention de nous-mêmes, de nous reposer de l’agitation de nos vies et simplement s’imprégner, adorer et contempler la beauté et l’émerveillement de Dieu.
« Nous avons été créés pour un rythme de travail et de repos, mais nos nouveaux appareils nous disent que nous n’avons plus besoin de faire cela. Nous pouvons travailler n’importe quand n’importe où », dit Crouch.
« C’est très dangereux car ce n’est pas comme ça que Dieu nous a créés ». Crouch et sa famille respectent un sabbat technologique de temps en temps : ils se déconnectent et se concentrent simplement sur leur famille.
Les recherches de Barna ont également révélé que nous passions la plupart de notre temps en famille dans le salon, un endroit où, pour beaucoup d’entre nous, réside notre téléviseur. La deuxième suggestion de Crouch est donc la suivante : “La façon dont vous façonnez l’espace de votre maison compte vraiment. Chez nous, tous les écrans lumineux sont placés dans un coin de notre maison et non pas au centre de notre maison. Au cœur de notre maison, là où nous passons le plus de temps en famille, il n’y a rien de visible sur le plan technologique ». Le téléviseur de Crouch se trouve au sous-sol de sa maison et la règle de la famille est de l’éteindre avant de se coucher. De même, ils se réveillent puis seulement allument leurs appareils.
Il est peut-être un peu difficile pour moi de déplacer mon téléviseur dans mon sous-sol inexistant puisque j’habite dans un petit appartement de deux chambres, mais c’est un principe que je comprends.
« La technologie est à sa vrai place quand elle nous aide à tisser des liens avec les personnes que nous aimons », affirme Mme Crouch. « La technologie est à sa place quand elle permet d’entamer de grandes conversations, quand elle nous aide à prendre soin des corps fragiles que nous habitons, quand elle nous aide à acquérir des compétences et à maîtriser des domaines qui font la gloire de la culture humaine (sports, musique, arts, cuisine, écriture, comptabilité, la liste pourrait continuer encore et encore). La technologie est à sa place quand elle nous aide à cultiver l’admiration pour ce monde créé dont nous faisons partie et pour qui est responsable de son intendance. La technologie n’est à sa place que lorsque nous l’utilisons avec attention et une intention. »
De Melody Tan
Source www.hopechannel.com/read/to-raise-an-amish-child
Traduit par Lorena Teixeira
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