Lors de deux rencontres à l’Élysée avec les responsables des cultes, la nécessité de développer l’enseignement du fait religieux à l’école a été abordée. Un groupe de travail planche sur le sujet au ministère de l’Éducation nationale.
Renforcer l’enseignement de la laïcité et du fait religieux. À deux reprises ces dernières semaines, le président de la République a eu l’occasion de redire sa conviction : non seulement l’enseignement de la laïcité et celui du fait religieux ne s’opposent pas, mais ils sont même liés et indispensables dans la société.
Le 21 décembre, d’abord, lors de la réunion des responsables religieux à l’Élysée, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a affirmé que les « esprits sont mûrs » pour cette nouvelle étape. Le 4 janvier, c’est Emmanuel Macron lui-même qui a enfoncé le clou, soulignant que son ministre de l’éducation nationale avait « pris des engagements très clairs ».
La pratique française tâtonne !
« Nous avons commencé à mettre en place ce sur quoi nous nous sommes engagés en termes d’enseignement, de formation des enseignants, indispensable pour le bon exercice de la laïcité (pour qu’elle) permette à des enseignants placés dans des situations d’extrême difficulté d’être armés, pour expliquer l’histoire de notre pays, mais aussi le fait religieux dans sa plénitude », a-t-il affirmé. La France, aux yeux de ce disciple de Paul Ricœur, doit devenir « ce lieu où nous ne cachons rien des religions et du fait religieux, où le pluralisme des religions est pleinement reconnu et peut s’épanouir et où nous savons dans le même temps traiter de cette grande fracture du monde ».
L’avancée est considérable… tout comme le travail à fournir pour y parvenir. Depuis le fameux rapport de 2002 du philosophe Régis Debray, la pratique française tâtonne, à coups de timides avancées et de soudains reculs.
Quelle formation pour les enseignants ?
L’idée d’aller plus loin dans cet enseignement du fait religieux avait déjà été relancée sous le précédent gouvernement « après les attentats de 2015 », rappelle Isa- belle Saint-Martin, directrice de l’Institut européen en sciences des religions (IESR). Mais sans succès. « Le Conseil supérieur des programmes n’avait pas suivi. La réforme du collège n’a pas permis de dégager un projet cohérent pour l’enseignement du fait religieux comme pour l’histoire des arts : quelques petites avancées ont été obtenues en histoire, mais en français c’est plutôt un recul. »
La directrice de l’IESR voit dans la période actuelle « un moment favorable ». Elle espère que les discours seront suivis par des mesures concrètes en termes de formation des enseignants. Selon un proche du dossier, un groupe de travail s’est déjà attelé à la tâche au sein du ministère de l’Éducation nationale.
« On semble renouer avec le rapport Debray, c’est-à- dire avec un enseignement du fait religieux qui n’est pas à part, mais présent dans toutes les matières », indique un autre bon connaisseur, pour qui « Macron est manifestement sur la même ligne, même si le propos n’est pas clair ». « Des choses se préparent, des réunions sont enclenchées, confirme la directrice de l’IESR, convaincue de la nécessité d’agir. Nos formations affichent complet. Les enseignants veulent du contenu, pas seulement gérer des situations difficiles.
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