À 84 ans, le célèbre chirurgien adventiste de l’œil reçoit encore 20 patients par jour
Howard Gimbel a été nommé à l’Ordre du Canada.
Si votre médecin vous dit que vous avez besoin d’une opération délicate pour sauver votre vue, feriez-vous confiance à un chirurgien ophtalmologiste âgé de 84 ans ? Il y a de fortes chances pour que vous y pensiez à deux fois avant d’accepter, à moins de rencontrer le très convoité Dr Howard Gimbel, ophtalmologue, Adventiste du Septième Jour, professeur d’université, rédacteur en chef, conférencier international, musicien amateur et récemment nommé à l’Ordre du Canada.
“Les pneus ne sont pas encore usés”
Gimbel, qui a eu 84 ans en janvier 2018, travaille encore à plein temps, et opère environ 20 patients par jour dans sa clinique Gimbel Eye, à Calgary, au Canada. Et ce médecin de renommée mondiale n’a pas l’intention de prendre sa retraite.
« Les pneus ne sont pas encore usés », a-t-il récemment déclaré sur le ton de la plaisanterie lors d’une entrevue accordée à la CBC News. “Je ne suis pas près de prendre ma retraite parce que je ne m’attends pas à avoir les mêmes joies que j’ai en pratiquant.”
En 1974, Gimbel a été un pionnier en développant des méthodes novatrices qui ont considérablement changé la chirurgie de la cataracte au Canada et partout dans le monde.
« Quand j’étais en formation, nous avions des patients qui restaient à l’hôpital pendant une semaine », a-t-il raconté lors de son entrevue avec CBC. « Ils étaient alités avec des risques d’embolie pulmonaire ou autres. Maintenant, ils n’ont même pas besoin de changer de vêtements pour subir l’opération… C’est comme aller chez le dentiste. »
Un innovateur novateur
Gimbel est né dans une famille adventiste et a grandi dans une ferme du sud du Canada. Après avoir étudié au Canadian University College (aujourd’hui Burman University) et le Walla Walla College (maintenant Walla Walla University) dans l’État de Washington, il a étudié la médecine à l’Université de Loma Linda, en Californie. Il a également réalisé une spécialisation en ophtalmologie au White Memorial Medical Center de Los Angeles.
De retour à Calgary, il a ouvert une clinique où il a rapidement mis à profit sa fascination pour les technologies émergentes. En 1974, il est devenu le premier chirurgien canadien à utiliser une sonde à ultrasons pour enlever les cataractes, selon le site web de la clinique. Quand il a combiné cette technique aux nouveaux implants de lentilles intraoculaires, les demandes d’opération ont augmenté de manière exponentielle, puisque la procédure ne nécessite pas d’hospitalisation.
« Gimbel et son équipe ont été en mesure de fournir une expérience chirurgicale agréable et rassurante », lit-on sur le site web de la clinique. « Les tests et procédures invasifs, les blouses d’hôpital et les médicaments inutiles ont été éliminés. »
Le succès de cette nouvelle méthode a encouragé Gimbel à continuer à développer de nouvelles techniques, y compris la co-invention de la Capsulorhexis Curviligne Continue (CCC), qui est finalement devenue un standard mondial et est toujours utilisée dans l’opération de la cataracte.
« Dieu m’a donné le courage d’innover », a-t-il déclaré au cours d’un récent entretien téléphonique avec la Revue Adventiste, pour expliquer les raisons de sa brillante carrière. « Après tout, le Seigneur désire que nous devenions une bénédiction pour les autres. »
Un assistant approprié
Gimbel a reconnu que beaucoup de ses grandes réalisations n’auraient jamais été possibles sans le soutien de diverses personnes tout au long de sa longue carrière. Petit-fils d’un évangéliste, il a dit qu’il s’est également senti inspiré par ses professeurs chrétiens. « [Au long de mon éducation] j’ai eu des modèles inspirants », a-t-il dit.
Gimbel vole encore une fois par mois vers l’université de Loma Linda, où il enseigne, opère et forme une future génération de chirurgiens oculaires.
Mais personne n’a autant apporté à son succès que sa femme de 61 ans, Judy Carl, qu’il a rencontrée à Walla Walla. Il s’est marié le soir de sa remise de diplôme. Gimbel n’a aucun mal à reconnaître le rôle que Judy a eu dans sa vie personnelle et professionnelle.
« Après que la nouvelle méthode [de chirurgie de la cataracte] soit devenue une totale réussite, ma carrière a explosé », dit-il. « De partout, les gens ont commencé à se rendre à Calgary pour se faire opérer des yeux dans ma clinique. Je n’arrivais plus à suivre. »
Judy est devenue un instrument dans la mise en œuvre d’un programme de formation pour le personnel technique, et dans les conférences de son mari ainsi que pour les conférences d’autres chirurgiens oculaires.
« Le Seigneur nous a donné une responsabilité que nous devions partager », a-t-il affirmé à la revue adventiste. Alors que des chirurgiens venaient du monde entier pour le voir opérer, Judy organisa des événements professionnels à Calgary et dans la ville balnéaire de Banff, où Gimbel pouvait enseigner aux autres ce qu’il avait appris en cours de route.
« L’aide et le soutien de Judy ont été une véritable bénédiction », a-t-il déclaré. Ensemble, ils ont eu cinq enfants et profitent maintenant de leurs treize petits-enfants.
Musique, récompenses et direction de Dieu
Fils d’une mère professeure de piano et d’un père qui aimait chanter à l’église, les premiers souvenirs de Gimbel sont baignés de musique. Jeune homme, il a appris à jouer de la scie musicale et du trombone, et a chanté avec divers quatuors et ensembles musicaux de son église locale. « Au lycée, quelques amis et moi formions un quatuor, et quand je suis arrivé à Walla Walla, j’ai chanté à nouveau dans un quatuor », se souvient-il. Il aime toujours écouter de la musique classique et chanter dans des groupes et chorales.
Tout au long de sa carrière, Gimbel a reçu des douzaines de prix, notamment l’Ordre d’excellence de l’Alberta en 1992 et le prix du Premier chirurgien PS250 en 2010. La Société américaine de chirurgie de la cataracte et réfractive l’a classé parmi les « 25 plus influents ophtalmologistes du 20ème siècle ».
Récemment, il a couronné ses multiples prix avec l’annonce officielle de sa nomination à l’Ordre du Canada. Le prix très convoité du gouverneur général du Canada, qu’il s’attend à recevoir lors d’une cérémonie officielle plus tard cette année, reconnaît le mérite exceptionnel ou le service distingué des Canadiens qui ont fait une différence majeure grâce à des contributions permanentes dans tous les domaines.
Gimbel est co-auteur de deux livres à succès et de nombreux chapitres de livres. Il contribue fréquemment avec des articles dans des revues médicales et est très sollicité comme conférencier. Parce qu’il ne peut pas accepter toutes les invitations, il a produit de nombreuses vidéos de formation en chirurgie et a retransmis en direct, par satellite, quelques-unes de ses opérations depuis sa clinique, pour plus de 25 grandes conférences à travers le monde. Il a également été conférencier d’honneur dans de nombreuses universités, y compris Harvard, Johns Hopkins, UCLA, et les cliniques Mayo et Cleveland.
Malgré sa brillante carrière, les plus grandes joies de Gimbel se trouvent dans des choses plus simples. Il se rend toujours à la ferme familiale de 1 750 hectares chaque fois qu’il trouve le temps et s’efforce de rester actif dans son corps et dans son esprit. « Maintenant, j’apprends l’espagnol ! » a-t-il partagé avec enthousiasme avec la revue adventiste.
Malgré toutes ses réalisations, pour Gimbel, la meilleure vision est la vision de Dieu, et sa plus grande joie est de savoir qu’il a suivi la direction de Dieu pour sa vie.
« Je n’ai jamais imaginé cette vie et cette carrière », témoigne-t-il, « mais souviens-toi toujours que c’est incroyable ce que Dieu peut t’offrir, même quand tu ne t’y attends pas ».
Par Marcos Paseggi, Adventist Review
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