Dimanche 17 juin, notre petit pays aux 26 cantons et 8,4 millions d’habitants, la Suisse, fera face au géant mondial du football, le Brésil avec ses 200 millions d’habitants et déjà 5 fois vainqueur de la compétition. Un défi de taille au regard des chiffres. C’est David contre Goliath. Cette comparaison ne s’arrête pas seulement à la taille des deux pays, mais aussi parce que les plus petits peuvent parfois surprendre, comme ce fut le cas de David. L’équipe suisse ne cesse d’améliorer son niveau, en partie grâce aux nouveaux joueurs qui ont été accueillis dans ce pays en raison de leur situation, notamment à cause de la guerre. Aujourd’hui ces joueurs sont une fierté sur le terrain, mais aussi sur le modèle d’intégration.
Cependant, alors que notre regard sera tourné vers ce match, ces joueurs et l’espoir de voir de beaux buts marqués, peu de personnes regarderont un autre match bien plus important qui se jouera loin des caméras. Dans celui-ci, plus qu’une coupe, ce sont des vies qui sont en jeu.
Depuis deux ans, après l’adoption de la loi limitant l’évangélisation en Russie, les tribunaux ont déjà jugé des dizaines d’affaires, en particulier contre des chrétiens et des organisations chrétiennes. Les églises chrétiennes sont en train de perdre leur match. Pour l’instant, malheureusement Goliath écrase David.
Bien que la Russie n’apparaisse pas dans la plupart des classements mondiaux d’intolérance religieuse, les résultats de la nouvelle loi ont été considérés comme un pas en arrière pour la liberté de pensée dans ce pays.
Siège de la 21e édition de la Coupe du monde de football, la Russie a été le théâtre de fréquents conflits dans le domaine de la liberté religieuse. Ce droit humain fondamental a été mis en jeu par une loi du président russe en juillet 2017. Près d’un an plus tard, la législation s’est avérée être plus qu’un ensemble de mesures visant à renforcer la sécurité publique et à protéger les citoyens contre le terrorisme. L’une des conséquences a été la restriction des activités d’évangélisation considérées comme illégales, ce qui explique pourquoi des dizaines d’affaires ont déjà été portées devant nos tribunaux.
Récemment, Forum 18, une organisation norvégienne de défense des droits de l’homme qui agit en faveur de la liberté religieuse a publié une liste de 193 cas impliquant des personnes et des organisations appartenant à divers segments religieux, en particulier les chrétiens, entre juillet 2016 et juillet de l’année dernière. Sur ce total, 143 ont donné lieu à des condamnations initiales, dont 140 étaient des amendes. Au regard de ces chiffres la plupart des chrétiens perdront forcément leur match devant la justice russe.
Selon le dossier, la plupart des accusés sont des citoyens de Russie. Cependant, les étrangers ont également été poursuivis (parmi eux, cinq ont été expulsés). Le rapport cite également des cas de membres de l’église adventistes et d’autres d’églises chrétiennes qui ont dû payer des amendes ou donner une explication à la cour sur le fait d’avoir distribué de la littérature, d’avoir mal identifié le nom de la dénomination sur les matériaux distribués ou pour avoir reçu des missionnaires de l’étranger.
Basés sur la nouvelle loi, les motifs des actions sont variés. Selon les données du « Slavic Center for Law and Justice », une organisation non gouvernementale qui cherche à protéger la liberté religieuse en Russie, plus de 30 % des cas sont liés à l’exécution des activités sans identifier le nom complet de la dénomination (enregistrée par le gouvernement) ou la violation des règles pour le travail missionnaire et 14 % pour les infractions commises par des étrangers.
Les adventistes sont présents dans ce match, et pas seulement comme simples spectateurs.
En novembre, les réflexions sur la loi anti-évangélisation ont été menées par des avocats, des militants des droits de l’homme, ainsi que par des représentants du gouvernement, du ministère de la Justice et de diverses confessions religieuses dans la Chambre publique de Moscou. Les rapports présentés lors de la réunion, organisée par la Commission dirigée par Oleg Goncharov, adventiste nommé cette année pour le secteur de l’organe consultatif du Kremlin, chargé de promouvoir le dialogue interethniques et interreligieux, ont montré que la plupart des condamnations résultaient de mauvaises interprétations. Presque la moitié (48 %) a été appliquée aux personnes physiques, malgré la définition de « l’activité missionnaire » dans la nouvelle loi russe se référant aux « associations religieuses » et que la Constitution russe garantisse normalement le droit de chaque citoyen d’exprimer librement ses croyances.
En conséquence, les participants au débat ont l’intention de demander à la Cour suprême de Russie des explications sur l’application de la loi, de suggérer aux organismes d’État de promouvoir des programmes éducatifs, des séminaires, des conférences et des réunions pour clarifier la question, et de proposer des modifications à la législation à la Douma (Chambre des députés de Russie).
Au vue du nombre immense de visiteurs qui se rendront en Russie ses prochains jours pour assister à la coupe du monde, plusieurs églises chrétiennes de l’étranger pensent profiter de l’occasion, immergée dans les grandes foules pour témoigner de leur foi au plus grand nombre. En contrepartie on craint une recrudescence des procès contre les chrétiens locaux et des expulsions de certains étrangers.
Au final, peu importe le résultat de ce Suisse – Brésil en Russie, du moment que dans le match où se joue l’accomplissement du mandat de Jésus en Matthieu 18, David puisse gagner Goliath et marquer les cœurs sincères de ceux qui cherchent le salut en Jésus-Christ dans ce pays !
RICKSON NOBRE, d’après les informations de MÁRCIO TONETTI, rédacteur en chef adjoint de la Revue Adventiste Sud-Américaine et avec des informations de la Division Eurasie.
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