Ce n’est pas sans sourire que j’entame ce petit reportage en pensant à la personne d’Éric. Pendant une année, période de transition, j’ai été pasteur à Renens et c’est là que je l’ai rencontré pour la première fois. Comme beaucoup d’autres, il m’a surpris dès notre premier échange. D’emblée il m’a dit : c’est toi qui vas me baptiser ! Je ne savais pas d’où il sortait. Le temps m’a montré toute la spontanéité du personnage et son authenticité. Sa passion pour la bible est impressionnante, tout autant que sa détermination de mettre Dieu à l’épreuve. Je me propose de raconter comment nous en sommes arrivés à son baptême, le samedi 15 juillet 2017 à l’église de Renens. Suivez-moi donc dans un petit résumé de son histoire…
Né au sein d’une famille protestante, Éric se fait baptiser par ses parents dans une église protestante. À cette époque il pensait même devenir pasteur. Il poursuit sa formation religieuse, catéchisme, confirmation, mais de manière mécanique, sans trop de conviction. C’est pour cela qu’il laisse tomber ses valeurs et décide de ne plus fréquenter l’église.
À
l’âge adulte, il devient musulman pour pouvoir se marier à une femme de cette confession dans une mosquée. Propriétaire d’une école de massage, un jour, un membre de l’église de Gland se présente pour un poste dans son école. Cette rencontre va changer le cours de sa vie. Hélène* lui offre quelques livres qui lui font voir la vie autrement et surtout, goûter à la foi. C’est alors qu’il met Dieu à l’épreuve pour la première fois.
A un moment où son école traverse une petite crise financière, Eric se voit en difficulté pour payer une somme importante qu’il doit régler le lundi matin suivant, en liquide, chez son créancier. Alors il défie Dieu. Cet argent doit arriver par le biais de ses clients pendant le week-end. Problème : les clients ont l’habitude de payer par facture ou transfert bancaire. Or de cette manière, il n’aura pas l’argent en liquide lundi matin.
Mais l’improbable s’accomplit. Plus de clients que d’habitude sont venus ce week-end-là, et pratiquement tous ont payé en liquide. Le dimanche soir, Eric détient la somme exacte dont il a besoin. Il ne lui reste que 3,50 CHF dans la poche, mais une joie énorme dans le cœur. Oui, Dieu l’a écouté. Pour Éric, c’est un tournant.
Une autre épreuve s’en suit quand il annonce à sa femme qu’il a l’intention de devenir un chrétien engagé. Elle le rejette car c’est contraire à la loi coranique à laquelle elle est très attachée. Il se retrouve seul, mais selon ses propres dires, « pas tant que ça, puisque je ressentais la présence de Dieu dans ma vie ».
Un énième défi l’attend. Une fois les études bibliques entamées, il découvre le sabbat, jour de relation spéciale et d’alliance avec Dieu et son prochain. Ceci le met face à un grand dilemme. Comment vivre le quatrième commandement et survivre financièrement, sachant que le samedi est le jour qui rapporte à son école 50% de son chiffre d’affaires ? Malgré tout, il prend la décision ferme de suivre le commandement de Dieu et ferme son école les sabbats, mais non sans crainte. Encore une fois, Dieu était au rendez-vous. Petit à petit, les clients s’organisent autrement. Après quelques temps, il constate que son chiffre d’affaires mensuel n’a pas baissé, au contraire, il a augmenté de 20% ! Sa nouvelle foi lui fait vivre de sacrées expériences.
En poursuivant les études bibliques, il sent qu’il lui manque quelque chose. Une femme, mais pas n’importe laquelle. Il lui faut une femme adventiste. Mais dans son entourage, il n’y en a pas ! Que faire ? Rebelote. Il remet Dieu à l’épreuve. Il prie et demande à Dieu de l’aider dans sa recherche. Il va sur un site internet chrétien et fait la connaissance d’une certaine Bophana, une Cambodgienne qui vit à l’île de la Réunion. Même si elle est déjà chrétienne, Éric, avec toute sa spontanéité, lui parle de sa nouvelle foi adventiste et de ses particularités, dont le sabbat. Très curieuse et sentant la main de Dieu dans cette relation virtuelle avec Éric, Bophana vient donc en Suisse et rencontre le pasteur Samuel Cunha de l’église de Renens, qui accompagne désormais les deux dans les études bibliques.
Voilà qu’Éric a non seulement une nouvelle foi, mais une nouvelle famille. Bophana s’engage avec lui et dans sa foi aussi. Lors des préparatifs du mariage et du baptême, Éric se rend au Cambodge pour connaître la famille de sa future épouse. Il découvre en même temps ce pays, ses beaux paysages et aussi sa misère. Notamment la traite des enfants et l’esclavage sexuel. Totalement touché par cette réalité, il prend la décision très courageuse et incroyable de vendre son école, créer une association et se rendre dans ce pays pour aider ces enfants.
Au final, ce que nous avons vécu le week-end du 14 au 16 juillet 2017, fut le « marathon d’une nouvelle vie ». Le couple se marie à l’état civil le vendredi, se fait baptiser le samedi (en même temps, au cours d’une belle journée ensoleillée dans les jardins de l’église) et le dimanche, s’unit en tant que mari et femme devant Dieu. Pour couronner le tout, le couple partira au Cambodge dix jours plus tard pour une nouvelle vie. Wouahou… Quelle histoire ! Oui, avec Dieu, tout est possible !
Je ne peux m’empêcher de penser à ce verset biblique où Jésus dit : « Laissez-les petits enfants, et ne les empêchez pas de venir à moi ; car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent ». La spontanéité et la simplicité d’Éric et Bophana me font penser à une foi enfantine, celle que Jésus nous demande pour hériter le royaume de Dieu. Que Dieu nous aide à avoir une foi en Lui plus simple et plus courageuse !
Merci aux pasteurs actuels, Patrick Maeder et Samuel Cunha, et à toute l’église de Renens, qui ont su être souples et flexibles pour accompagner le « rythme » un peu intense dans la vie d’Éric !
De Rickson Nobre, éditeur d’Adventiste Magazine
*Le prénom a été modifié
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