En décembre 1996, j’ai connu Ralph lors d’une rencontre à l’aveugle et nous nous sommes immédiatement bien entendus. Il était aimable, drôle et s’est révélé être un homme profondément spirituel, tout ce qu’on puisse désirer chez un mari. Toutefois, j’étais inquiète en sachant qu’il était un fonctionnaire de police. Les hommes et les femmes appelés à cette tâche, travaillent en sachant qu’ils pourraient ne plus rentrer en un jour donné. J’aimais Ralph et c’est pour cela que j’étais inquiète pour sa sécurité. Cependant, nous avons continué à sortir ensemble et en novembre 1998 nous nous sommes mariés.
Le style de vie de la femme d’un policier peut être différent par rapport aux autres parce que les troubles ont toujours la priorité sur les événements programmés; en effet, on peut se trouver à dîner toute seule pour plusieurs nuits. Mais Ralph aimait vraiment son travail et je savais très bien que ma préoccupation pour lui ne pouvait pas lui assurer la sécurité. Cela ne veut pas dire que normalement je n’ai aucun souci, parce que j’en ai ! Cela ne veut pas dire que je n’ai pas arpenté tout au long de notre maison en regardant par la fenêtre et en me demandant si un autre policier était en train d’arriver pour me prévenir de l’inimaginable. Cela veut simplement dire que j’ai appris à faire confiance en quelque chose, ou mieux en quelqu’un, qui chasse toutes les peurs.
Il y a onze ans, quand notre première-née n’avait que six semaines, Ralph est dû aller sur le lieu où un homme retenait sa femme chez eux. Le suspect était ivre et extrêmement déprimé. Ralph s’installa directement devant la maison, tandis que les pompiers, le SAMU, d’autres policiers et l’équipe SWAT étaient positionnés plus près de l’habitation.
Ralph dirigea sa torche en direction de la maison et commença à appeler l’homme, afin qu’il dépose ses armes et se rende. Tandis qu’il était assis au volant du véhicule, Ralph se rappela de quelque chose qu’il avait lu au cours de la semaine à propos de la voiture de patrouille qui était toujours la cible. Après être sorti pour utiliser sa portière comme un bouclier, il y a eu un coup de feu en direction de la voiture de patrouille et la balle se planta justement dans l’appui-tête où il était assis peu avant. Un membre de l’équipe SWAT en profita pour bousculer le suspect et mettre ainsi fin au conflit.
Quelques mois plus tard, lorsque le cas fut présenté devant le tribunal, nous avons été appelés à témoigner. Je tenais notre fillette et je regardais le visage de l’homme. Je continuais à penser qu’il avait essayé de tuer mon mari, mon protecteur, le père de notre fille.
À mon tour de témoigner, les scénarios de toutes les possibilités qui auraient pu arriver tourbillonnaient dans ma tête. Puis on me posa l’incontournable question : « Que pensez-vous du suspect ? » Avec une sensation de malaise dans mon estomac, je l’ai regardé dans les yeux et j’ai dit que j’étais triste pour lui et pour son acte lâche de la soirée en question. Je lui ai dit que les hommes et les femmes de la police avaient prêté le serment de protéger la société, oui, même lui, et que son acte extrêmement égoïste n’aurait pas été oublié. Je lui ai dit plusieurs choses dans celle salle d’audience, mais c’est la dernière chose que je lui ai dit qui m’a accompagné le long des années. Je lui ai dit que j’allais prier pour lui. Je n’ai pas prié pour lui à ce moment-là, même pas dans les jours suivants. Mais à la fin, j’ai réussi à prier pour cet homme. J’ai prié malgré la réponse de sa sœur, qui se portait garant de son bon caractère. J’ai prié même après qu’il a commencé à purger sa peine en prison. Et j’ai continué à prier pour lui tout en ne sachant plus ce qui lui était arrivé entre-temps.
De temps en temps il m’arrive de revivre ces moments et de penser que « Dieu est mort pour cet homme tout comme Il est mort pour moi et pour ma famille. Dieu aime lui et sa sœur tout comme Il aime tout le monde. » Au lendemain de la prise d’otage et du procès, je ne me sentais pas capable de prier pour ces personnes. Et c’est justement à ce moment-là que je me suis rendue compte que la prière et le pardon résultant étaient valables autant pour moi que pour eux.
Ma foi en Dieu n’est pas simplement un pacte que je fais avec Lui en échange de choses comme la sécurité de Ralph. Je choisis de croire parce que je sais que le parfait amour de Dieu est si universel qu’Il nous aime tous de la même manière. Indépendamment du passé, du présent et de l’avenir, Dieu nous aime et cet amour chasse toutes les craintes que l’on peut rencontrer.
Est-ce que celle-là a été la seule fois que je me suis inquiétée pour Ralph quand on l’appelait pour régler des situations? Absolument pas. Les menaces deviennent de plus en plus fréquentes chaque jour. Partout, les policiers subissent des actes de violence, sont menacés, frappés, les cibles des coups de feu mais ils continuent à faire leur travail malgré tout. Ce qui m’encourage, c’est le fait de savoir que plusieurs personnes prient pour mon mari. Même quand les jours deviennent vraiment difficiles et que les rues empirent toujours plus, je continue à croire que Dieu est mon refuge, ma force, mon aide dans les moments difficiles.
Une version originelle de cette histoire a été publiée dans FLAME Magazine de la Fédération du Texas.
De Misty Buckingham
Source : http://www.adventistreview.org/church-news/story5010-one-bullet-away
Traduit par Tiziana Calà
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