La famille Brooks habite à la campagne. Tous les jours de la semaine, Charles ainsi que ses frères et sœurs vont à l’école située en ville. Un autobus jaune les prend devant leur maison, puis les y ramène après l’école.
En hiver, lorsque le soleil se couche tôt, de nombreuses activités se déroulent en soirée. Par conséquent, si on veut avoir du plaisir, il ne faut surtout pas avoir peur du noir ! Pas de problème pour ceux qui possèdent une voiture ou qui ont quelqu’un pour les ramener. Mais lorsque Charles ou ses frères et sœurs restent en ville pour participer à des activités qui se déroulent après le coucher du soleil, rentrer à pied à la maison peut être quelque peu intimidant… Le dernier autobus de ville dépose les passagers dans une partie prospère de la ville appelée Fairfield. De là, Charles doit marcher environ deux kilomètres dans les rues obscures de la campagne et dans la forêt – où il fait terriblement noir.
Lorsque les enfants restent trop tard, leur « punition » consiste donc à descendre du bus à Fairfield et à marcher seuls dans « la vallée de l’ombre de la mort ». Après plus d’un kilomètre sur la grande route, il faut emprunter un sentier serpentant à travers une forêt dense cachant les étoiles. Elle est si noire qu’on en suffoque presque. Les créatures nocturnes s’animent ; en entendant le bruit des feuilles et des branches craquer sous les pas, on croit devenir fou. Les hiboux hululent. Les rayons de lune perçant à travers les branches donnent à celles-ci l’aspect de tentacules d’une pieuvre. Ici et là, on voit des chauves-souris exécuter une danse sinistre.
Pour se rendre chez les Brooks, il faut encore traverser deux ruisseaux et l’infâme plantation Hatcher. M. Hatcher, un producteur de tabac, est un homme étrange de qui tous les habitants de la campagne ont peur. Ses cinq chiens méchants gardent sa propriété. Pour la traverser sans se faire repérer, on doit marcher sur la pointe des pieds à travers une langue de sable – sans bruit.
Dès qu’il aperçoit la lumière de la véranda que sa mère allume toujours la nuit, Charles sait qu’il n’est plus loin de la maison. Il ne lui reste qu’un obstacle à franchir : le pré de M. Schloser. M. Schloser, un boucher, est à peine moins étrange que M. Hatcher. Le jour et une partie de la soirée, le vieil homme se berce sur sa véranda, l’air en transe. Dès qu’on le voit, on sait qu’il ne reste que peu de distance à franchir pour arriver à la maison.
Un soir, Charles reste tard en ville, bavardant avec des amis tout en sirotant une boisson gazeuse. Comme il est le seul du groupe à habiter à la campagne, il rentre seul chez lui. Il descend du bus à Fairfield, marche sur la grande route, puis pénètre dans la forêt. Ce soir, elle lui semble carrément épouvantable. Soudain, il entend un bruit : il y a du mouvement non loin de lui… Il presse le pas.
Charles traverse la plantation Hatcher sans incident. Arrivé aux abords du pré de M. Schloser, il entre dans la clairière, laquelle offre une vue globale de cette terre oubliée. Soudain, il s’arrête. Sur une colline située à environ 91 mètres de là, il aperçoit quelque chose qui lui glace le sang.
Dans le clair de lune se détache la silhouette d’un homme aux bras étendus et portant une chemise blanche. Mais cet homme… il n’a pas de tête !
Charles en a la chair de poule ! Il jette un coup d’œil, se frotte les yeux, et regarde encore. Serait-il victime d’une hallucination ? Ce qu’il voit a l’allure d’un fantôme errant dans la campagne un soir de pleine lune !
Mais Charles ne croit pas aux fantômes. La Bible déclare que « les morts ne savent rien » (Ec 9.5). Charles est convaincu que les morts sont bien morts et qu’ils attendent le retour de Jésus. Mais alors, qu’est donc cette apparition sans tête, là, droit devant lui, qui semble contredire sa croyance ?
Charles s’agenouille. Il prie Dieu de lui révéler ce mystère. Tout en priant, il ne peut s’empêcher de jeter de brefs coups d’œil sur la silhouette lugubre qui se dresse devant lui. C’est vraiment bizarre ! Cet « homme sans tête » n’a pas bougé d’un pouce depuis qu’il l’a aperçu.
Finalement, Charles se lève et décide de marcher vers « l’homme sur la colline ». Sentant des pierres sous ses pieds, il en ramassa deux et les lui lance. Mais il ne bouge pas. Seule sa chemise blanche ondule légèrement lorsque souffle la brise.
Charles décide d’appeler l’homme.Il sait que ça n’a aucun sens de parler à un corps sans tête, mais que peut-il faire d’autre ? L’homme n’a même pas réagi quand il a reçu les pierres ! Il ne répond pas non plus. Tandis que Charles s’en approche, il remarque que la chemise blanche brille encore plus dans le clair de lune.
À environ 21 mètres du sommet la colline, Charles doit s’arrêter et ramper sous une clôture de barbelés entourant le pré de M. Schloser. Une fois de l’autre côté, il s’approche courageusement du sommet. Ça y est, il n’est maintenant qu’à 15 mètres de l’homme… Le cœur battant, il s’arrête, se repositionne, et, soulagé, éclate de rire !
« L’homme sans tête » n’est qu’un arbre dépourvu de ses feuilles. Ses branches de part et d’autre ressemblent à des membres étendus. Et la « chemise blanche » ? Ce n’est qu’une toile d’araignée soigneusement tissée entourant l’arbre plusieurs fois ! La soie de la toile brille au clair de lune, donnant l’impression d’une chemise blanche.
Depuis cette nuit-là, Charles ne doute plus jamais de ses croyances. Ce sera, plus tard, le secret de la puissance de son ministère, au cours duquel il apportera quelque 14 000 personnes à Jésus.
À notre époque, il est populaire de douter de tout et de ne rien défendre. Quand on a des croyances, elles sont mises quotidiennement au dé par ce que l’on voit et entend sur Internet, à la télé, dans la musique populaire, etc. Les enfants finissent par ne plus vraiment croire en quoi que ce soit, parce que chaque fois que leurs croyances sont mises en doute, ils sont incapables de les défendre.
La Bible dit que nous devons lutter pour nos croyances (Jude 3). Ceci veut dire que lorsqu’une personne, une idée, une situation, un spectacle, une conversation — quoi que ce soit — t’amène à remettre tes principes en question, tu dois prier, puis vérifier ce que la Bible dit, et en n, utiliser ton cerveau pour en tirer une conclusion.
À tout moment, sache que Dieu est avec toi dans la nuit la plus sombre du doute. Si tu restes près de lui et tiens compte de son conseil, il te montrera toujours la vérité.
Benjamin Bakertel dans KidsView – cette histoire est d’abord parue dans KidsView, une revue pour les enfants de 8 à 12 ans, la Adventist Review pour les enfants, et pour tous ceux qui auront toujours un cœur d’enfant.
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