Après plusieurs jours de réunions, de présentations et de dialogue, les principaux dirigeants Adventistes du Septième Jour représentant le siège de l’église mondiale et ses divisions mondiales ont conclu le 11ème Sommet Mondial sur le Leadership à Lisbonne, au Portugal, les 6 et 7 février 2018.
Les participants au sommet de cette année se sont penchés sur de multiples questions, parmi lesquelles: Qu’est-ce qui vient d’abord, la mission ou l’organisation de l’église ? Est-il possible d’être fidèle et loyal envers l’église, tout en adhérant à des convictions personnelles ? Comment la dénomination peut-elle trouver un équilibre entre une structure ecclésiale centralisée et les besoins des divers champs à travers le monde ? Comment les dirigeants Adventistes peuvent-ils compléter les discussions sur l’unité de l’église avec une attention prêtée aux autres problèmes urgents qui affectent la dénomination ?
Des sommets comme celui-ci ont lieu tous les mois de février depuis 2008. Leur objectif est de faciliter les discussions sur les questions liées à la formation continue des dirigeants dans le monde entier, principalement aux niveaux administratif et institutionnel, a expliqué Claude Richli, secrétaire adjoint de la Conférence Générale. « [Leur] format est celui d’une série de présentations essentiellement académiques, entrecoupées de rapports de. . . divisions et d’institutions », a-t-il déclaré. « [Ensuite], des tables rondes ont lieu pour réfléchir sur les sujets présentés. »
Le sommet de cette année, qui avait pour thème « La Nécessité Spirituelle de l’Unité de l’Église et de l’Autorité Biblique pour Accomplir la Mission de Dieu, » avait pour objectif de considérer la question de l’unité et de l’autorité de l’église à partir de perspectives différentes. Les présentations comprenaient des éclairages venant de la Bible, des écrits d’Ellen G. White – appelés l’Esprit de Prophétie par les Adventistes – et de l’histoire de l’Église Adventiste du Septième Jour. Les dirigeants présents ont qualifié les présentations et le dialogue de « francs, » « d’ouverts, » et « d’honnêtes. »
Pour de nombreux dirigeants d’église, y compris le président de l’Église Adventiste du Septième Jour, Ted N. C. Wilson, l’unité de l’église est un sujet de la plus haute importance. « Il est essentiel de n’avoir l’unité que par la puissance du Christ, alors que nous proclamons les messages des trois anges, » a écrit Ted Wilson à Adventist Review dans un e-mail commentant le sommet. « La soumission à la Sainte Parole de Dieu, la prière et la direction du Saint-Esprit sont des éléments clés pour l’unité dans le mouvement Adventiste. »
Ted Wilson a réitéré ces idées dans une présentation faite au sommet. « Notre véritable unité céleste ne peut être accomplie que lorsque nous nous soumettons humblement à l’instruction divine par le biais des appels du Saint Esprit et de notre compréhension de Sa volonté à travers les Saintes Ecritures, la Bible, et les conseils inspirés de l’Esprit de Prophétie. » a déclaré Ted Wilson en encourageant les participants à considérer « l’extraordinaire demande » d’unité exprimée par le Christ et mentionnée dans Jean 17.
Artur Stele, vice-président général de l’Eglise Adventiste mondiale, a appuyé. « L’unité était une grande préoccupation pour Jésus, alors qu’Il achevait Son ministère ici sur terre. Ce n’est que si l’harmonie existe que nous pouvons vraiment célébrer la diversité des dons, des talents, des services et des ministères. »
Le président du Comité de Surveillance de l’Unité mis en place par la Conférence Générale, ainsi que l’assistant auprès du président, Michael Ryan, ont approuvé. « Croyant que les plus grands jours de l’église sont encore devant nous, il est vital que la direction comprenne, valorise et protège le don de l’unité, » a-t-il dit à Adventist Review.
Au cours de ce programme de deux jours, les principaux dirigeants de l’église ont considéré certaines des implications contemporaines, les défis et les nuances de l’unité de l’église pour l’Église Adventiste du Septième Jour.
La Mission d’Abord
« Qu’est-ce qui vient en premier, la mission ou l’organisation de l’église ? » a demandé Mark Finley, assistant du président de l’Eglise Adventiste mondiale et évangéliste chevronné, qui a fait trois présentations au cours du sommet de cette année.
Dans des commentaires adressés à Adventist Review, il a indiqué que dans une de ses présentations, après avoir passé en revue le premier chapitre du livre des Actes dans la Bible, il a expliqué que l’organisation de l’église émane du mandat à témoigner donné par la mission. « L’organisation de l’église n’est pas une fin en soi, [parce que] Dieu ne se glorifie pas dans l’administration bureaucratique, » a déclaré Mark Finley. « L’organisation est toujours un serviteur de la mission. . . . C’est toujours le moyen au service d’une fin plus grande. »
Michael Ryan a approuvé. « Toutes les fonctions de l’église sont au service de la mission, » a-t-il dit.
Tom Lemon, un autre vice-président général de l’église mondiale, a également souligné la prééminence et l’engagement envers la mission qu’il constate chez les membres d’église à travers le monde. « Quand il s’agit de la mission, peu importe qui vous êtes ou où vous êtes. . . il n’y a aucun doute sur la mission, [ou] sur l’engagement de toute personne envers la mission », a-t-il dit.
Selon Tom Lemon, la priorité donnée à la mission est un signe encourageant. « Nous avons du mal avec l’unité sur certaines questions, » a-t-il écrit, « [mais] je ne pense pas que nous soyons à ce point divisés. »
La Question de l’Autorité
Ella Simmons, également vice-présidente générale de l’église mondiale, a discuté des fondamentaux et des caractéristiques bibliques de l’autorité de l’église dans sa présentation au sommet. « Toute autorité que l’église ou l’un de ses dirigeants pourrait avoir, ils la reçoivent en tant qu’intendants de l’autorité de Dieu, » a-t-elle indiqué dans des commentaires adressés à Adventist Review. En tant que tels, « [les dirigeants d’église] ont certaines responsabilités, qui incluent des exigences et des limitations. »
Selon Ella Simmons, ces « limitations » impliquent le fait de s’assurer que l’autorité de l’église fonctionne « dans le cadre de la volonté expresse de Dieu, » et ne s’aventure pas au-delà de ce qu’Il a clairement déclaré. « Nous devons exiger ou rechercher seulement ce qui est clair à partir des Écritures, sans permettre à l’autorité de s’étendre au-delà de ce que Dieu a dit, » a-t-elle indiqué. « Nous devons donc interdire ce que Dieu interdit et exiger ce que Dieu exige. Rien de plus ou rien de moins. Tout autre chose serait une manière d’imposer les traditions ou les opinions d’êtres humains. »
Dans ce contexte, le rôle des dirigeants d’église est essentiel, a déclaré Ella Simmons. « [Dieu] nous a placés en tant que leaders pour prendre la responsabilité de l’exercice de l’autorité de l’Eglise, » a-t-elle écrit. « Nous devons être sûrs que nous nous alignons complètement sur la volonté de Dieu, et que le Saint-Esprit nous guide. »
Fidèle, Loyal ou Entêté ?
Tom Lemon a fait une présentation sur le leadership biblique lors du sommet. Basant son étude sur plusieurs mots-clés, sa présentation intitulée « Unis dans la Fidélité, la Soumission et la Loyauté pour Accomplir la Mission, » Tom Lemon a défini les termes clés et les a ensuite appliqués à plusieurs exemples bibliques. « Ma principale emphase portait sur le fait que toutes ces choses allaient dans la direction de Dieu bien avant qu’elles ne soient dirigées vers l’homme, » a expliqué Tom Lemon à Adventist Review. « Quand on n’est pas fidèle, c’est envers Dieu qu’on n’est pas fidèle. »
Tom Lemon a poursuivi en discutant des différences qu’il y a entre la fidélité, la soumission, la loyauté et l’entêtement. « Ma définition de la fidélité est le fait d’avoir une position et de travailler pour la mission face à l’incertitude, la pénurie et l’opposition immédiates, » a-t-il expliqué. « L’entêtement c’est défendre son point de vue personnel au détriment de la mission face à ces mêmes choses. »
Bien que Tom Lemon reconnaisse que certains personnages de la Bible tombent facilement dans l’une de ces catégories – Saül et David, Caïn et Abel, par exemple – il dit que d’autres sont plus difficiles à classer, en particulier dans le Nouveau Testament. « Quand Paul et Barnabas se disputaient, lequel était fidèle et lequel était entêté ? » a-t-il demandé. « [Et] quand Paul est venu à Jérusalem vers la fin de sa vie et que [les dirigeants] l’ont forcé à aller dans le temple, était-il fidèle, soumis ou têtu ? »
Tom Lemon n’a pas répondu à toutes les questions qu’il a soulevées, bien qu’il ait cité la co-fondatrice de l’église Ellen G. White dans des cas où ses écrits apportaient de la lumière sur un sujet spécifique. En relatant l’expérience de Paul à Jérusalem juste avant de devenir prisonnier (Actes 21), par exemple, Ellen White écrit qu’en répondant aux exigences des dirigeants juifs, Paul a eu le sentiment que « si, par une concession raisonnable de sa part, il pouvait les amener à la vérité, il supprimerait le grand obstacle qui nuisait au progrès de l’Evangile dans d’autres endroits. » Ellen White ajoute cependant que « Dieu ne l’autorisait pas à faire toutes les concessions qu’on exigeait de lui. » (Conquérants Pacifiques, p. 359).
En ce qui concerne la loyauté, Tom Lemon a demandé: « La loyauté s’étend-elle de la base vers le haut ou va t-elle du leadership vers la base ? » Dans la dernière partie de sa présentation, il a fait valoir que les leaders « peuvent inspirer la loyauté, mais ils ne peuvent pas l’exiger, et ils ne peuvent certainement pas l’obtenir sur ordre. »
Dans des commentaires adressés à Adventist Review élaborant sur le sujet qu’il a présenté, Tom Lemon a dit que l’appel à l’unité rapporté dans Jean 17 « est un don que Dieu accorde à son église » et « pas quelque chose que l’église peut accomplir » d’elle même. Je pense que l’église peut le recevoir, et je crois qu’elle le recevra, » a conclu Tom Lemon, « mais cela demandera qu’à tous les niveaux et dans le cœur de chaque personne, il y ait une volonté d’être humble devant Dieu et les uns avec les autres. » Il a souligné qu’il est important de parler de l’unité comme d’une manière de réfléchir et de permettre à l’Esprit de Dieu d’utiliser des échanges pour apprendre et grandir.
Le président de la Division Sud Américaine, Erton Köhler, allait dans le même sens. « L’unité a un rapport direct avec la communication, les conversations et l’intégration de la direction, » a-t-il partagé avec Adventist Review. « Plus de dialogue entre les dirigeants et avec Dieu permettra de résoudre la plupart de nos défis. »
Unité, Gouvernance et Documents Légaux
S’ajoutant à la liste des intervenants, Karnik Doukmetzian, conseiller juridique général de l’Église Adventiste du Septième Jour, a offert une perspective juridique sur l’unité dans le contexte de la gouvernance de l’église.
Karnik Doukmetzian a expliqué et souligné le rôle joué par les documents légaux – tels que la constitution et les statuts modèles de la Conférence Générale – dans la promotion de l’unité dans la mission ainsi que dans la protection juridique. « La formulation qui a été utilisée dans ces modèles au fil des années a été intégrée surtout pour éviter les problèmes juridiques pour les organisations, » a expliqué Karnik Doukmetzian à Adventist Review. Le principal avocat de l’Église a donné de multiples exemples de situations dans le monde entier où des pratiques qui différaient des documents de gouvernance officiels ont créé des problèmes juridiques. « Ces situations se terminent devant les tribunaux, et quelqu’un d’autre nous dit: « Hé, vous ne suivez pas vos propres règles, » a expliqué Karnik Doukmetzian. « Donc, non seulement c’est une situation embarrassante en interne du fait que nous ne suivions pas nos propres règles, mais alors cela devient une affaire publique devant le monde entier »
Karnik Doukmetzian a également rappelé aux participants que le rôle des documents légaux est crucial pour soutenir la structure organisationnelle historique de l’Église. « Nous avons une théologie qui nous identifie et nous maintient ensemble en tant qu’Adventistes du Septième Jour, mais nous nous sommes également mis d’accord sur la façon dont nous nous gouvernons nous-mêmes, sur notre forme de gouvernance, sur notre façon de nous administrer nous mêmes au sein de l’église, » a-t-il conclu. « Nous ne sommes pas des congrégations séparées et indépendantes. Nous ne suivons pas le modèle congrégationaliste. Nous sommes une organisation basée sur des entités constituantes. »
Dans sa présentation, Claude Richli a également élaboré sur la question de la valeur de la structure organisationnelle Adventiste. « Il y a aussi toutes sortes d’avantages que les composantes individuelles de [l’Église] tirent de leur appartenance à un système articulé autour de ces prémisses, » a-t-il dit, « comme la force de travailler au sein d’un système, avec des règlements et des procédures qui accélèrent le processus pour faciliter la réalisation de la mission et augmenter nos chances de succès. »
Au-delà de l’Unité de l’Église
Tout en reconnaissant l’importance de l’unité de l’église, il y a d’autres sujets connexes qui devraient aussi occuper l’esprit des dirigeants Adventistes, a dit Erton Köhler. « [Nous devons] également consacrer du temps à l’examen . . . du défi consistant qu’il y a à investir et à impliquer les nouvelles générations dans la direction, la structure de l’église et le meilleur modèle permettant de servir notre unité et notre mission, [et] le rôle de la direction pour renforcer nos croyances fondamentales à une époque postmoderne. »
Erton Köhler estime que ces sujets et d’autres sont des questions stratégiques qui constituent un défi pour l’église, et le rôle des dirigeants Adventistes, présents et futurs, est essentiel pour les aborder. « Plus que de résoudre les problèmes que nous avons aujourd’hui, [la Conférence générale] doit investir dans les bonnes personnes, [dans] des dirigeants qui seront en mesure de servir dans des postes de principaux dirigeants. . . avec une vision équilibrée et un objectif clair, » a-t-il conclu. « L’avenir de l’église est directement lié à la qualité de ses dirigeants »
C’est aussi la position de Mark Finley qui a souligné que la formation des dirigeants est une tâche qui ne s’achève jamais. « En tant que dirigeants, il est essentiel pour nous de nous lancer constamment le défi qui consiste à élargir notre processus de réflexion et à approfondir notre compréhension des responsabilités du leadership, » a-t-il déclaré à Adventist Review.
Dans ce contexte, Mark Finley a déclaré qu’il était impressionné par la qualité des présentations faites pendant le programme, un sentiment partagé par d’autres dirigeants présents. Il a également souligné l’état d’esprit général du sommet. « Ce qui m’a le plus impressionné était. . . l’esprit collégial et le sens unifié de la mission de la part des personnes présentes ici », a déclaré Mark Finley.
Artur Stele partage cette analyse. « L’atmosphère du sommet était très chaleureuse et amicale, » a-t-il dit à Adventist Review. « L’amitié et le désir de faire avancer la mission de Dieu, manifeste parmi les dirigeants, étaient impressionnants. »
Les dirigeants, y compris Ted Wilson, ont quitté le sommet au Portugal sur une note très optimiste. « J’ai pleinement confiance dans le fait que nous verrons une église totalement unifiée alors qu’un esprit de sacrifice et de soumission prend le contrôle en réponse à la direction du Saint Esprit dans nos vies, » a-t-il écrit.
* Mark Finley est également rédacteur occasionnel pour les magazines Adventist Review et Adventist World.
Traduction: Patrick Luciathe
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