Bill Lee, gouverneur du Tennessee, examine un jugement d’appel en faveur de Donnie Edward Johnson, le prisonnier adventiste, détenu dans le couloir de la mort, qui doit être exécuté le 16 mai 2019. « C’est un procès difficile, quelque chose que je n’ai jamais connu auparavant », a affirmé le gouverneur en faisant référence au cas difficile du détenu Johnson. Le gouverneur est récemment intervenu lors d’une manifestation consacrée à la réforme de la justice pénitentiaire, déclarant qu’il n’avait pas encore établi une ligne de réflexion claire sur la clémence exécutive et qu’il était en charge depuis trop peu de temps (début 2019) pour pouvoir définir précisément l’avenir de la peine capitale dans l’État du Tennessee.
C’est Cynthia Vaugh qui a demandé au gouverneur d’avoir pitié de Donnie en présentant une demande d’appel en faveur de l’homme, âgé de 68 ans, condamné à mort. Donnie a été accusé d’avoir tué sa femme, Connie, ainsi que la mère de Cynthia, à Memphis en 1984, lorsque Cynthia n’avait que 7 ans.
Donnie a connu la foi en prison, au point de prendre la décision de se baptiser alors qu’il était dans le couloir de la mort, et est ainsi devenu membre de l’Église Adventiste. En 2008, il a été nommé Ancien de l’église adventiste de Nashville, passant du statut de « menteur, tricheur, fraudeur et meurtrier » à celui d’Ancien d’église qui se soucie de son « troupeau ». Oui, parce que, bien qu’en prison, Donnie a décidé d’être le porte-parole de ce message d’amour et d’espérance qu’il a connu, l’évangile, et qui cherche à faire connaître aux autres prisonniers à travers son expérience, sa transformation et son exemple. Il s’adresse aussi aux personnes à l’extérieur, qu’il atteint grâce à son émission radio « What the Bible says » (littéralement, Ce que la Bible dit).
Dans leur appel au gouverneur Lee, qui avait souligné à plusieurs reprises sa foi chrétienne pendant sa campagne électorale, les avocats de la défense du prisonnier décrivent la situation comme « un cas extraordinaire, où la miséricorde, le pardon, la rédemption et le miracle de la seconde naissance en Christ (le baptême) se lient pour assurer l’exercice des pouvoirs constitutionnels ».
Au cours de son cheminement spirituel, après le report de son exécution en 2006, Donnie avait décidé de prendre contact avec Cynthia. Mais ce n’est qu’en 2012 que la femme a accepté de le voir et de parler avec lui.
« Chaque moment décisif de ma vie où ma mère n’était pas présente, comme mon premier rencard, le jour de mon mariage, la naissance de mes trois enfants, ne faisait qu’augmenter la haine que je ressentais envers mon beau-père. Je lui souhaitais de mourir, soutenant qu’il le méritait ».
Le jour de leur rencontre, Cynthia s’est débarrassée de tout ce qu’elle ressentait, s’exprimant avec des mots forts et racontant toute la profonde douleur que le geste fou de Donnie lui avait provoqué au cours des années. « Puis je me suis assise et j’ai entendu une voix m’inviter à laisser tomber ma haine. J’ai réalisé que toute cette haine ne détruisait que moi, pas lui. J’ai réalisé que pour guérir véritablement, j’avais vraiment besoin de me débarrasser de toute cette colère. Peut-être que j’ai réussi toute seule ou peut-être que c’est Dieu qui m’a soulagé de ce fardeau, je ne sais pas ; mais je suis certaine d’une chose : à ce moment-là, enfin, je me suis sentie libre ». Après lui avoir dit qu’elle ne pouvait pas continuer à le détester, Cynthia a regardé Donnie dans les yeux et a prononcé une phrase qu’elle ne pensait pas pouvoir l’entendre par sa bouche, une phrase qu’elle n’avait pas prévue mais qu’elle ressentait plus que jamais comme vraie et profonde : « Je te pardonne ». Enfin libérée de cet énorme fardeau, de la haine et de la colère, la vie de Cynthia a changé à jamais. Sûre que Donnie était aussi un homme différent, consciente de la transformation que le Seigneur avait réussi à opérer dans son cœur, Cynthia continue à espérer que le gouverneur pourra annuler la condamnation à mort de son beau-père.
De Tiziana Calà
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