Ce qui suit est un extrait du discours d’ouverture de J. L. McElhany, président de la Conférence générale, au Concile d’automne qui s’est tenu à Fort Worth, au Texas. Le discours intégral a été publié dans The Advent Review et le Sabbath Herald, le 3 décembre 1936. Cet extrait a été remanié, faute d’espace. – La rédaction
Quand j’étais enfant, la ville où j’habitais a fait appel à une grande entreprise pour un projet de pavage de rue. Cette entreprise employait des centaines d’hommes qui ont travaillé pendant une longue période. La réalisation de ce projet a coûté des milliers de dollars. Au terme de ce contrat, l’entreprise a demandé aux autorités de la ville leur approbation des travaux effectués, mais celles-ci ont rejeté l’ensemble du travail et ont refusé de payer un centime. Elles n’ont donné qu’une seule raison : « Les travaux n’ont pas été effectués selon les spécifications. » L’entreprise contractante n’avait pas fait le travail selon le plan spécifié.
Chers frères, accomplissons-nous l’oeuvre de Dieu selon les spécifications reçues ? Nous sommes des constructeurs. Nous contribuons à la construction du chemin du Roi. Puisse Dieu nous aider, en tant qu’ouvriers fidèles, à accomplir l’oeuvre selon ses spécifications !
Le triomphe de ce message ne fait pour moi aucun doute. Je suis rempli de courage et d’optimisme quant à sa progression vers la victoire. En même temps, j’estime que pour être un gardien fidèle, je ne dois pas laisser mon optimisme m’aveugler. Lorsque le danger apparaît ou que le mal s’immisce, il faut, je crois, le signaler avec tact.
DEUX DANGERS NOUS GUETTENT
À mon avis, deux dangers nous guettent aujourd’hui : le danger venant de l’extérieur et celui venant de l’intérieur. Je crois que c’est ce dernier que nous devons redouter le plus. Ellen White a écrit : « Les ennemis du dedans sont plus à craindre que ceux du dehors. Les obstacles qui s’opposent à la force et au succès viennent beaucoup plus de l’Église elle-même que du monde1. »
Il en est aujourd’hui comme à l’époque de Néhémie. Les Sanballat, Tobija et Guéschem modernes se tiennent à l’écart, épient l’oeuvre de Dieu et la critiquent. Ils critiquent la façon dont elle est effectuée. Ils critiquent le travail et ceux qui le font. Mais Dieu merci, à l’époque de Néhémie, ils n’ont pas réussi à arrêter le travail, et ils ne réussiront pas aujourd’hui. Ils peuvent critiquer ce que nous faisons, la façon dont nous le faisons, les choses que nous défendons ; ils peuvent critiquer ceux qui effectuent le travail. Mais si nous sommes consacrés à Dieu et obéissons à ses directives, ils ne pourront jamais arrêter cette oeuvre. C’est l’oeuvre de Dieu. Ce ne sont pas les dangers venant de l’extérieur que nous devons craindre, mais ceux de l’intérieur.
En méditant sur ce sujet, j’en suis venu à croire que notre plus grand danger aujourd’hui, c’est l’attitude largement répandue de nombreux membres qui acceptent avec une apparente satisfaction leur faible condition spirituelle, et qui ne s’en préoccupent pas vraiment.
Parallèlement, certains dirigeants n’ont pas réussi à lancer un appel à une vie spirituelle nouvelle et plus élevée au sein de l’Église. Mes frères, je crois que cet appel devrait être lancé dès aujourd’hui. Et Dieu merci, il y en a qui s’acquittent de ce devoir. Mais j’estime que cet appel devrait être lancé par tous les dirigeants de cette cause.
L’HEURE EST À UNE RÉFORME EN PROFONDEUR
Nous ne pouvons fermer les yeux sur certaines des choses que Dieu a partagées avec nous par l’intermédiaire de sa messagère. « À moins que l’Église, qui est travaillée par l’apostasie, ne se repente et ne se convertisse, elle mangera le fruit de ses propres oeuvres, jusqu’à ce qu’elle se prenne elle-même en horreur. Si elle résiste au mal, si elle cherche le Seigneur en toute humilité et répond à sa vocation céleste en Jésus-Christ, si elle s’appuie sur la vérité éternelle, et si, par la foi, elle se conforme aux plans qui ont été formés à son égard, elle sera guérie. Elle apparaîtra dans la simplicité et la pureté qui lui viennent de Dieu, exempte de compromis terrestre, montrant que la vérité l’a rendue réellement libre. Alors ses membres seront vraiment choisis de Dieu pour le représenter ici-bas2. »
Elle poursuit : « L’heure est venue d’accomplir une réforme sérieuse. Un esprit de prière animera chaque croyant, et la discorde sera bannie de l’Église3. »
Oh, prions Dieu d’accélérer cette réforme pour que « l’esprit de discorde et de conflit » en soit banni. Un tel esprit ne peut se nourrir d’une attitude ou d’une atmosphère de prière, n’est-ce pas ?
LES DIRIGEANTS TENUS RESPONSABLES
Je tiens à dire qu’en tant qu’ouvriers, nous sommes, dans une large mesure, responsables aujourd’hui de cet esprit de doute, de laxisme et d’incrédulité.
Récemment, j’ai reçu une lettre d’un jeune homme fréquentant l’une de nos écoles. « Au fur et à mesure de notre croissance, notre vie est modelée par notre environnement, a-t-il écrit. Il n’y a pas longtemps, on m’a raconté qu’un prédicateur avait condamné la consommation de viande. Eh bien, moins d’une heure plus tard, ce prédicateur et trois autres personnes qui se trouvaient sur la plate-forme avec lui et avaient dit « Amen ! » mangeaient de la viande dans un restaurant… Je ne sais pas ce que le Seigneur va faire à ce sujet, mais j’ai le sentiment qu’il devrait intervenir. »
Voilà son commentaire. On peut toujours dire que ce jeune homme est un extrémiste. Mais ce n’est pas ce que le jeune homme est qui compte ici, mais plutôt ce que sont les prédicateurs qui donnent ce genre d’exemple, qui se tiennent sur la tribune et disent une chose, défendent un principe, puis s’en vont et le contredisent dans leur vie de tous les jours.
Mes chers frères, je ne crois pas qu’il faille aller bien loin pour trouver les causes de l’incrédulité et du doute, lorsque nous, en tant que dirigeants, donnons ce genre d’exemple au peuple. Ce qui est vraiment alarmant, ce n’est pas seulement ce que ce jeune homme dit, mais le fait que beaucoup de nos croyants ont perdu foi en leurs dirigeants à cause de l’incohérence de leur vie et de leurs pratiques.
Par conséquent, nous, dirigeants, devrions donner un exemple cohérent en mettant en pratique les réformes préconisées par l’Esprit de prophétie. Comment pouvons-nous espérer obtenir la confiance et le respect de nos semblables alors que nous agissons de façon incohérente ? Comment pouvons-nous parler de renouveau spirituel et de réforme alors que nous donnons ce genre d’exemple ?
FAITES RETENTIR LA TROMPETTE !
Nous avons également besoin d’une réforme en matière de prédication du second avènement. Je crois que ce qui caractérise les adventistes, c’est la prédication du retour de notre Seigneur. Alors que nous sommes entourés de preuves de plus en plus nombreuses de sa venue, pourquoi nous tairions-nous sur un sujet aussi vital que celui-ci ?
Nous devons « élever la trompette et la faire retentir » car Jésus revient ! Notre mouvement est fondé sur cette vérité bénie – vérité que chaque prédicateur devrait faire retentir et répéter partout !
Je crois que le Seigneur accompagne constamment son peuple. L’Église de Laodicée est aussi l’Église qui sera transmuée. L’Église même qui est réprimandée pour ses fautes est aussi celle qui doit être transmuée dans le royaume de Dieu. Cette certitude m’encourage. Continuons à travailler dans la plus grande assurance que cette cause triomphera !
De J. L. McElhany,président de la Conférence Générale de 1936 à 1950
Source : Adventist World, Mars 2021
1 Ellen G. White, Messages choisis, vol. 1, p. 142.
2 Idem., Témoignages pour l’Église, vol. 3, p. 303.
3 Ibid.
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