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« Les luttes spirituelles font naturellement partie de la vie »

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Un érudit renommé dans le domaine de l’intégration de la spiritualité et de la psychothérapie, a parlé dans une présentation sur le thème de la lutte spirituelle, des façons d’évaluer ses moments de questionnement et de doute afin de s’aider soi-même et d’aider les autres qui rencontrent peut-être des difficultés similaires. Kenneth Pargament, considéré comme l’un des 50 psychologues les plus influents au monde, a été le premier orateur principal le 20 juillet dernier, lors de la soirée d’ouverture de l’édition 2023 de la Conférence Adventiste sur la Recherche et la Pratique dans le domaine de la Famille.

Kenneth Pargament est professeur émérite de psychologie à l’Université de Bowling Green State et professeur au département Menninger de Psychiatrie et des Sciences Comportementales à la Faculté de Médecine de Baylor.

« Les batailles spirituelles ne sont pas rares, » a dit Kenneth Pargament. Il faisait référence à des études dans lesquelles 70% des personnes consultées ont reconnu avoir vécu de tels luttes au moins une fois dans leur vie. « Les luttes spirituelles affectent toutes les confessions religieuses et tous les groupes démographiques. Mais elles ne sont pas le signe d’une foi faible. Elles font naturellement partie de la vie. »

La conférence de trois jours présentée entièrement en ligne est un partenariat entre le Département des Ministères de la Famille de la Conférence Générale (GCFM), le Département du Discipulat et de l’Éducation de Toute une Vie au Séminaire Théologique Adventiste du septième jour à l’Université d’Andrews, l’École de Service Social et l’Institut pour la Prévention des Addictions à l’Université d’Andrews. Cette année, le programme a mis l’accent sur les familles et la santé émotionnelle sous le titre « Espérer, Guérir et Prospérer ! »

Le directeur du GCFM, Willie Oliver, a souhaité la bienvenue aux participants, en faisant observer que plus de 2000 personnes à travers le monde s’étaient inscrites au programme. « Cela fait près de 50 ans que cette conférence a lieu sans discontinuer, » a-t-il déclaré, expliquant qu’elle a commencé en 1975 sur le campus de l’Université d’Andrews grâce à John et Millie Youngberg, professeurs d’Éducation Religieuse à l’époque, passionnés par le besoin d’avoir des familles harmonieuses dans l’église. « Depuis 2020, à cause du COVID, nous organisons des programmes virtuels, mais l’année prochaine, nous nous réunirons à nouveau en personne et sur place à l’Université d’Andrews, » a-t-il annoncé.

L’objectif du programme cette année, a déclaré Willie Oliver, était « d’apprendre ce que nous pouvons faire en tant que familles pour trouver la santé émotionnelle et aider les familles avec lesquelles nous travaillons à trouver la santé émotionnelle. »

Dans un message de bienvenue enregistré, le président de la Conférence Générale, Ted N. C. Wilson, a fait une déclaration similaire.

« Les familles sont les composantes de base de la société. Dieu veut que votre famille soit un témoin auprès des autres, » a-t-il dit. En prenant soin de sa famille, elle sera « prête à être une source d’espoir et de guérison, » a déclaré Ted Wilson.

 

À propos des luttes spirituelles

Le sujet des luttes spirituelles – ces expériences de tension, de pression et de conflit autour de questions sacrées – est un domaine très complexe, a reconnu Kenneth Pargament au début de sa présentation.

« La spiritualité est une ressource formidable pour beaucoup de gens, » a-t-il déclaré. « Dans les moments difficiles, les gens se tournent souvent vers leur foi pour les aider à faire face, et cette démarche peut être très efficace dans leur vie. »

Une déclaration comme celle-ci comprend une clause « mais » importante, a expliqué Kenneth Pargament. « Lorsque nous rencontrons des facteurs de stress internes ou externes, ils nous secouent au plus profond. Le sol sur lequel nous nous tenons n’est plus stable. Et à ces moments-là, nous pouvons avoir des luttes spirituelles. »

En ce sens, a-t-il reconnu, « la religion a deux faces : elle peut apporter du réconfort, mais aussi être une source de conflits, de luttes et de problèmes graves. »

Kenneth Pargament, qui, avec d’autres chercheurs, étudie le sujet depuis des années, a mentionné divers types de luttes spirituelles, y compris les luttes divines (lorsqu’on se sent en colère contre Dieu ou qu’on a le sentiment que Dieu nous punit), les luttes morales (lorsqu’on a des difficultés à suivre des principes moraux ou spirituels) et les luttes pour le sens profond (lorsqu’on se demande si la vie importe vraiment). Il a également énuméré les luttes du doute (lorsqu’on est dans la confusion au sujet de ses croyances religieuses), les luttes religieuses interpersonnelles (le conflit avec d’autres personnes à cause de questions religieuses), et les luttes diaboliques (lorsqu’on se sent inquiet car pour nous des évènements de la vie quotidienne sont l’œuvre du diable ou de mauvais esprits).

 

Implications profondes sur la santé

Kenneth Pargament a expliqué que les psychologues cliniciens travaillent généralement avec des personnes confrontées à des blessures, à des accidents ou à la maladie. « Mais souvent nous passons outre leurs luttes spirituelles, » a-t-il dit, ajoutant : « Nous ne pouvons pas les aider si nous ignorons la dimension spirituelle de leurs luttes. »

L’une des raisons à cela, a expliqué Kenneth Pargament, est que les luttes spirituelles ont de profondes implications sur la santé et le bien-être.

Des études sur la spiritualité et la santé révèlent que les luttes spirituelles sont liées à toutes les formes de symptômes psychologiques, y compris l’anxiété, la dépression, les comportements compulsifs et la somatisation, a expliqué Kenneth Pargament.

« Dans une étude majeure sur la spiritualité et la santé, toutes sortes de luttes religieuses étaient liés à une plus grande dépression, une plus grande anxiété, moins de satisfaction dans la vie, et moins de bonheur, » a-t-il indiqué. « Dans une étude portant sur des vétérans d’Irak et d’Afghanistan, les luttes spirituelles étaient le seul indicateur significatif de la suicidalité, c’est-à-dire de la probabilité de futures tentatives de suicide. »

 

Les luttes spirituelles peuvent-elles mener à la croissance ?

À première vue, il semble que les luttes spirituelles pourraient conduire à la croissance, a dit Kenneth Pargament. « Nous pensons aux luttes comme étant un chemin vers la croissance et la transformation. Mais est-ce vraiment le cas ?

Il a expliqué qu’il est vrai que les luttes spirituelles « peuvent conduire à un changement des priorités dans la vie, à la découverte de la force personnelle, à la découverte d’un nouveau chemin de vie ou à l’expérience d’un plus grand sentiment de proximité avec les autres et avec Dieu. » En ce qui concerne les luttes divines, par exemple, « l’expression honnête de sentiments négatifs peut accroître le sentiment d’intimité avec Dieu ou remettre en question des idées simples à son sujet. Les luttes du doute, quant à elles, peuvent aider à cultiver la pensée critique ou à clarifier ce que nous croyons vraiment par rapport à ce qu’on nous a simplement dit de croire, » a-t-il déclaré.

Dans le même temps, a reconnu Kenneth Pargament, la recherche empirique n’a pas montré de lien constant entre les luttes spirituelles et la croissance. « Ne faisons pas du sentiment à propos des luttes spirituelles ! a-t-il dit, ajoutant : « La douleur ne se termine pas toujours par un gain; la souffrance ne forge pas toujours le caractère. »

L’approche clé, a déclaré Kenneth Pargament, est de considérer les luttes spirituelles comme un carrefour sur la route menant à la croissance et/ou au déclin. A ce sujet, il a souligné qu’il est essentiel d’évaluer les luttes spirituelles.

 

Implications pratiques

Kenneth Pargament a appelé les praticiens de la santé mentale et les autres à explorer la nature des luttes spirituelles en eux-mêmes et chez leurs clients en évaluant ce que traverse une personne. A travers une série de questions, les praticiens de la santé peuvent aider leurs clients à mettre des mots sur leurs luttes, ce qui conduit à une meilleure compréhension de la situation spécifique d’une personne, a-t-il déclaré.

L’une de ces méthodes consiste à demander explicitement : « Vos problèmes vous ont-ils affecté religieusement ou spirituellement ? Comment ? »

Kenneth Pargament a développé une série de questions que les praticiens peuvent poser, comme par exemple : « Quelles sont les questions les plus profondes que votre situation a soulevées chez vous ? » et « Comment cette situation a-t-elle ébranlé votre foi ? »

« La clé c’est d’encourager la conversation au sujet des luttes spirituelles – écoutez, écoutez, écoutez, » a-t-il dit. Il est également important d’encourager l’acceptation plutôt que l’évitement pour normaliser les luttes spirituelles, a-t-il déclaré.

Dans le même temps, a souligné Kenneth Pargament, il est essentiel de favoriser une meilleure santé totale en évitant de rester empêtré dans la lutte et en recherchant plutôt un sens et un objectif plus profonds. Certaines des activités recommandées aux personnes qui vivent des luttes spirituelles sont l’écriture et le partage d’une autobiographie spirituelle, le partage autour de vos luttes spirituelles et la visualisation du moi spirituel idéal d’avant.

« Au-delà de la thérapie par la parole, les familles et les institutions religieuses peuvent anticiper les luttes spirituelles, » a déclaré Kenneth Pargament. « Les parents ne devraient pas avoir peur de discuter du sujet des luttes spirituelles à table. »

 

 

De Marcos Paseggi, Adventist Review
Source : https://interamerica.org/fr/2023/07/les-luttes-spirituelles-font-naturellement-partie-de-la-vie/
Traduction: Patrick Luciathe

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