Grâce à sa formation en théologie et à son expérience spécialisée dans une clinique médicale, Ariel Gomez est bien placé pour aborder la question controversée de la mort dans la dignité. Une telle mort est associée à l’euthanasie – un terme qui se rapporte généralement au fait de mourir dans la dignité. L’auteur tente de briser cette vision binomiale pour mettre l’accent sur la vie et non sur la mort.
L’équivalent conceptuel le plus proche de cette expression serait agoniser dans la dignité. Le terme dignité se réfère au fait de savoir comment faire face aux derniers moments de la vie. Il se réfère non à la mort, mais plutôt à la façon d’atteindre la fin du voyage de la vie. D’un point de vue biblique, la mort est une ennemie, une étrangère dans le plan de Dieu, tandis que la vie, elle, vient de Dieu, en qui se trouve l’expression la plus élevée de la dignité. Dignité et mort proviennent donc de deux sources différentes.
Le sentiment de dignité se trouve dans la vie et non dans la façon dont on meurt. Dans son livre, l’auteur traite ici et là de la question de la douleur et de la souffrance d’un point de vue biblique. Une chose est claire : Dieu n’est pas l’Auteur de la souffrance, mais dans la souffrance, il est un compagnon, comme nous pouvons le voir dans le cas de Job.
La société craint la mort et la fuit. Sa structure semble conçue pour nous distraire de ce qui importe vraiment. Par conséquent, il en découle un vide intérieur.
La dernière partie du livre présente une compréhension théologique de la vie et de la mort. Elle se focalise sur le principe de la transcendance, principe par lequel l’auteur désire nous faire regarder au-delà du temps présent de l’agonie vers la possibilité de paix et d’assurance. Cette expérience qui consiste à regarder au-delà, soutient l’auteur, peut nous soulager de la confusion et de la peur qui se trouvent à la porte de la mort. Entre-temps, l’individu qui souffre doit réfléchir à la façon dont il utilisera le temps qui lui reste. Doit-il consacrer ce temps à ruminer la calamité imminente, ou à exercer sa foi et sa confiance en Dieu ? Le temps est un outil de croissance personnelle et spirituelle. Lorsqu’on l’utilise judicieusement, on est prêt à affronter les affres de l’agonie et de la souffrance.
Pour aller plus loin : Mourir dignement : le défi de l’euthanasie légalisée
L’auteur reconnaît que la souffrance engendre des discussions philosophiques et théologiques musclées. À partir d’une telle reconnaissance, le lecteur fera bien de considérer la souffrance à la fois comme un défi intellectuel et un défi existentiel. La façon d’affronter le malheur et la souffrance ajoute du sens à la vie ou en retranche. En effet, c’est lorsqu’une personne souffre qu’elle découvre qui elle est vraiment. Comment ceux qui sont au seuil de la mort devraient-ils faire face à la crise imminente ? L’auteur suggère que ce soit avec un empressement mature à incorporer une dimension horizontale et une dimension verticale. La dimension horizontale implique une relation de maturité où l’on redresse les torts éventuels, où les relations tendues ou brisées cèdent à la réconciliation. Faire face à la mort est l’occasion d’affronter la fin avec courage et confiance, de dire au revoir à ceux qui ont marché avec nous pendant si longtemps. La relation verticale implique l’assurance que tout est bien avec le Créateur, et la confiance que la Source de la vie procure une paix intérieure inébranlable.
Chacun des neuf chapitres de ce livre traite d’une question particulière relative aux problèmes de la vie et de la mort, et de la façon dont on peut les envisager avec confiance. L’auteur a aussi inclus un chapitre d’introduction utile, ainsi qu’une synthèse des conclusions qui aide le lecteur pressé à comprendre les préoccupations centrales de l’auteur sur le concept « mourir dans la dignité ». Des notes de fin et une excellente biographie ajoutent à l’utilité du livre. Les pasteurs et les professionnels de la santé qui traitent de la question de la vie, de la mort, et de la dignité trouveront ce livre à la fois stimulant et utile*.
Carmelo Martines, titulaire d’un doctorat en théologie de l’université adventiste de la Plata, à Entre Ríos, en Argentine, a servi l’Église adventiste pendant 40 ans en tant que pasteur et professeur universitaire. À l’université adventiste de la Plata, il a aussi servi en tant que secrétaire de recherche de la faculté de théologie, et en tant que secrétaire postuniversitaire de théologie. Son courriel : carmelomartines@gmail.com.
Référence pour le libre en question de Carmelo Martines :
Ariel Sergio Gomez, Libertador San Martín, Entre Ríos, River Plate Adventist University Press, 2e éd., 2017, 130 pages, broché.
Source : bit.ly/mourirdigne
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