Les dirigeants religieux discutent des réponses à apporter au mouvement mondial des réfugiés et des migrants.
Dans le contexte du mouvement massif de migrants et de réfugiés sans précédent que connaît le monde aujourd’hui, les experts et les défenseurs de la liberté religieuse lors du 8ème Congrès Mondial de l’Association Internationale de la Liberté Religieuse ont discuté des réponses mondiales actuelles apportées jusqu’ici, et ont exploré des façons de mieux répondre aux besoins des millions de personnes – y compris leurs droits religieux – qui sont obligées de fuir leurs foyers et de franchir les frontières.
Les statistiques montrent qu’à la fin de l’année 2016, 65,6 millions d’individus ont été déplacés de force dans le monde entier en raison de la persécution, des conflits, de la violence et des violations des droits de l’homme, a souligné le Dr Nelu Burcea, Secrétaire Général adjoint de l’IRLA. Dr Burcea est chargé de développer des relations au nom de l’IRLA avec diverses institutions internationales, y compris les Nations Unies, l’Union Européenne et l’Union Africaine.
Dr Burcea a présenté l’Accord Mondial des Nations Unies qui est le résultat d’un sommet de haut niveau qui s’est déroulé en septembre 2016. L’accord comprend des engagements audacieux pour traiter le problème des réfugiés, comme par exemple celui d’amener les pays qui reçoivent à adopter une approche de coordination plus humaine et à préparer le monde pour les défis à venir.
Baptisée Déclaration de New York pour les Réfugiés et les Migrants, « l’engagement réaffirme les obligations de respecter pleinement les droits des réfugiés et des migrants et envisage l’adoption d’un accord mondial pour les réfugiés afin de parvenir à une migration plus sûre, » a dit Nelu Burcea.
Nelu Burcea a expliqué que parmi les objectifs clés du cadre complet de la réponse à la question des réfugiés, il y a l’assouplissement de la pression exercée sur les pays qui accueillent et hébergent les réfugiés, la démarche visant à amener les réfugiés à une certaine autonomie, le développement de l’accès aux solutions de pays tiers et le soutien des conditions qui permettent aux réfugiés de retourner volontairement dans leurs pays d’origine.
Parmi les principaux pays recevant des réfugiés, il y a la Turquie avec 2,89 millions de réfugiés, le Pakistan avec près de 2 millions, et des milliers d’autres au Liban, en Iran, en Ouganda et en Éthiopie.
« Ce [cadre de réponse] est un jalon pour la solidarité mondiale et la protection des refugiés à un moment où on assiste à des déplacements sans précédent”, a déclaré Nelu Burcea.
Au cœur de la réponse, il y a le fait que tous les réfugiés méritent la dignité et ont des droits humains fondamentaux qui doivent être respectés.
On devrait souligner davantage la liberté religieuse pour parvenir à des solutions plus durables dans l’aide à apporter aux réfugiés qui sont persécutés et déplacés de leurs pays, a expliqué Nelu Burcea.
Les organisations religieuses peuvent aider à trouver des solutions pour les réfugiés qui ont le sentiment de faire face à un avenir incertain, a déclaré Blandine Chelini-Pont, Ph.D., professeur d’Histoire, de Droit et de Religion à l’Université d’Aix-Marseille, qui a parlé de la crise des réfugiés en Europe. Dr. Chelini-Pont a beaucoup écrit sur les questions historiques et contemporaines en lien avec la religion, le droit et la société.
« La mobilisation de l’aide venant d’institutions caritatives et d’organisations religieuses a beaucoup aidé les réfugiés en France, en Italie et en Allemagne”, a déclaré Chelini-Pont. On peut faire plus pour aider à accélérer le processus consistant à donner des papiers officiels à chaque réfugié, a-t-elle déclaré.
« La première étape vers la justice [envers les réfugiés] est de les placer dans un cadre légal, officiel, » a déclaré Blandine Chelini-Pont. Les papiers officiels tels qu’un visa de transit temporaire ou un permis pour les demandeurs d’asile, peuvent représenter une solution pour mieux gérer la transition des réfugiés.
Cole Durham Jr., Ph.D., érudit de renommée internationale et professeur à l’Université Brigham Young et directeur fondateur du Centre International pour le Droit et les Etudes Religieuses, a souligné les droits des réfugiés en matière de liberté religieuse, lesquels sont vraiment importants, en particulier à un moment où il y a des mouvements et des déplacements.
« Nous devons être sensibles à ce qui arrive aux personnes pendant la transition, à la manière dont on devrait prendre en compte leurs traditions religieuses, leur processus interne de pratique des croyances religieuses, » a déclaré Cole Durham. Il est important de se pencher sur ce que devrait être le rôle de ceux qui s’occupent des réfugiés.
Le problème semble résider dans le problème du traitement qui est lié au manque d’options de réinstallation et à la peur et aux craintes de ceux qui se font exploiter, a dit Cole Durham.
« Les groupes religieux peuvent faire une différence parce qu’ils ont la motivation et l’altruisme qui les amènent à intervenir en faveur des étrangers, en faisant des efforts créatifs, dans un esprit de prière, qui permettront de trouver des façons d’être beaucoup plus utiles, » a-t-il ajouté.
L’Agence Adventiste de Développement et d’Aide Humanitaire (ADRA) démontre l’amour et la compassion de Dieu auprès des personnes déplacées depuis des décennies, mais encore davantage maintenant avec la vague de migration économique en provenance d’Afrique en particulier, a déclaré Imad Madanat, qui dirige les programmes internationaux d’urgence et de développement d’ADRA et est à la tête du bureau de la liaison aux Nations Unies.
Les statistiques tirées du Dispatch de l’ONU,qui suit les déplacements internes à travers le monde, montrent que dans la première moitié de cette année, 9 millions de personnes ont été déplacées, a indiqué Imad Madanat.
« ADRA, ainsi que des organisations religieuses, ont une grande empreinte à laisser pour ces personnes déplacées”, a dit Imad Madanat.
Environ 3 millions de personnes déplacées dans 39 pays ont été touchées lors de la transition pour leur réinstallation. « Nous avons traité les problèmes de santé, les pénuries d’eau, nous avons fourni des abris ainsi que du soutien psychologique et social, et nous avons mis en place des centres d’information pour les réfugiés et les migrants qui transitent, » a expliqué Imad Madanat.
ADRA a aidé un grand hôpital d’urgence sur place, distribuant des kits de naturalisation pour les familles, elle a aussi mis en place un centre d’information en Serbie qui aide les migrants et les réfugiés qui ont besoin de connaître leurs droits, entre autres activités.
« Il est clair que le rôle de l’église et des agences religieuses est de servir de tampon entre les personnes déplacées et les autorités au niveau local et au niveau de l’état, » a ajouté Imad Madanat. « Les institutions religieuses fournissent un lieu sûr et familier afin que les réfugiés puissent rechercher de l’aide et du soutien. »
Les ONG disposent déjà d’une infrastructure pour soutenir l’éducation médicale auprès de la communauté des réfugiés et apporter l’expérience, l’infrastructure et l’aide juridique au niveau local, a-t-il indiqué.
Le panel d’experts a convenu que le fait de mettre en avant la liberté religieuse et les droits de l’homme pourrait apporter des solutions plus durables pour aider les réfugiés à s’épanouir, pas simplement à survivre, en réduisant le risque de séjours prolongés et en réduisant leur dépendance de l’aide humanitaire.
Libna Stevens, Division Inter Américaine
Traduction: Patrick Luciathe
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