L’Église protestante d’Alsace-Lorraine et ses voisines allemandes se sont prononcées lundi 9 janvier, ensemble et officiellement, contre l’extrême-droite. Elles l’ont fait à la veille des échéances électorales de 2017.
Christian Albecker, président de l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine, Jochen Cornelius Bundschuh, évêque de l’Église protestante du pays de Bade, et Christian Schad, président de l’Église protestante du Palatinat ont épinglé les discours nationalistes et identitaires. S’ils n’ont pas cité nommément le Front national en France ou l’Alternative für Deutschland (AFD), en Allemagne, le Français Christian Albecker a néanmoins parlé de « lepénisation des esprits » et déclaré que « les partis d’extrême-droite ne sont pas compatibles avec la foi chrétienne ».
Dans une déclaration commune, les trois hommes se sont élevés contre toutes les tentatives visant à répandre un climat de suspicion et d’exclusion à l’encontre d’individus ou de groupes d’individus dans le but d’accéder au pouvoir. Car dans les deux pays, l’extrême-droite gagne du terrain.
Rhétoriques dénoncées
En France, les sondages indiquent en effet que Marine Le Pen pourrait accéder au deuxième tour de l’élection présidentielle en mai prochain. En Allemagne, l’AFD est créditée de 15 % des voix aux législatives de septembre prochain. Ce parti est pourtant apparu il y a seulement 4 ans sur la scène politique.
En réaction, les protestants rhénans ont donc dénoncé les rhétoriques anti-immigration, anti-réfugiés et antieuropéennes. Ils ont rappelé dans leur texte les valeurs chrétiennes et leur engagement « du côté des faibles, des pauvres et des étrangers », rapporte le journal DNS (Dernières Nouvelles d’Alsace). Et ils l’ont fait de façon très symbolique sur un pont qui enjambe le Rhin entre Kehl et Strasbourg. Si les préoccupations de nombreux électeurs sont aujourd’hui la sécurité et l’immigration, ils ont ainsi souligné qu’il était plus que jamais nécessaire de « construire et traverser des ponts ».
Le poids de l’histoire
Il y a la symbolique du pont, mais aussi celle du lieu géographique et de l’histoire. Par conséquent, selon Christian Schad, la haine vécue par les générations antérieures, l’une en face de l’autre de part et d’autre du Rhin, n’est pas à reproduire. Or selon lui, la menace n’est pas écartée avec les mouvements très identitaires. Le rappel historique de la Première et de la Seconde Guerre mondiale devrait porter au-delà des seuls cercles protestants.
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