L’écoute : la discipline spirituelle la plus négligée : « Que celui qui a des oreilles pour entendre entende ».
Vous ne vous demandez jamais si Dieu se tient parfois en haut de ses escaliers célestes, en s’adressant au monde et en disant « Est-ce que quelqu’un pourrait m’écouter, s’il vous plaît ? »
Nos vies sont continuellement entourées de bruits. Cela interfère avec notre objectif de satisfaire le plan que Dieu a pour nous sur cette terre. Il n’y a qu’un instrument, mentionné dans les Écritures parmi les disciplines spirituelles, pour baisser le son de notre bavardage incessant.
Mais l’une des disciplines spirituelles qui n’est quasiment jamais mentionnée dans les listes populaires, même si elle est présente dans la Bible, est celle d’être à l’écoute. Dans la Bible, on mentionne environ 700 fois les verbes « écouter » et « entendre », environ 500 sous forme impérative ou instructive, comme une pratique à suivre. L’écoute est implicite dans plusieurs disciplines comme la prière, la contemplation et la méditation, mais l’écoute est une véritable discipline qui trop souvent est négligée. Quelques parmi les textes les plus connus comprennent le grand « Chema Israël », la prière qui forme l’élément central des services de la prière juive : « Écoute, Israël ! L’Éternel, notre Dieu, est le seul Eternel » (Deutéronome 6:4) et les répétitions dans le Nouveau Testament de « Que celui qui a des oreilles pour entendre entende » (Matthieu 11:15 ; Marc 4:9 ; Apocalypse 2:7 ; 3:6).
Le fruit de l’écoute
En tant que êtres égocentriques, nous avons un besoin désespéré d’entendre la Source de vérité. Même comme chrétiens, il est difficile de distinguer entre notre propre volonté et nos désirs et ceux de Dieu.
En effet, le plus grand dommage qu’on peut faire au nom de Dieu est être de bonnes personnes mais faire des mauvaises actions en Son nom. Voilà pourquoi la Bible souligne l’importance de l’écoute et le fait de « prêter l’oreille » à Dieu, afin d’éviter, ou au moins de limiter autant que possible, la tendance à confondre notre volonté avec celle de Dieu. Le Psaume 19 examine longuement comment prêter l’oreille aux lois, aux instructions et aux dispositions de Dieu peuvent revigorer, rendre sage, donner de la joie et éclairer nos pensées et notre cœur, en nous aidant à discerner les erreurs et à surmonter même nos défauts cachés.
Comment écouter Dieu
Écouter Dieu est une discipline qui demande de l’entraînement. Premièrement, on peut entendre Dieu à travers la Parole, écrite ou parlée qu’elle soit. La Parole fournit le niveau sur lequel mesurer toute autre source d’entendement de Dieu : elle recouvre tout à fait un rôle central.
Deuxièmement à travers l’Esprit: à travers la solitude, la prière et la confession, l’Esprit de Vérité parle directement à notre cœur.
Troisièmement grâce au travail des mentors spirituels, tout en pratiquant la soumission et la responsabilité mutuelle. Les mentors sont un élément clé dans le développement du discernement spirituel des personnages bibliques, comme par exemple Josué, Samuel, Élisée, les 12 apôtres et Timothée.
Enfin, à travers l’expérience, à savoir à travers les essais et les erreurs. Chercher à comprendre la volonté de Dieu est essentiel mais cela doit toujours dépendre des autres façons d’entendement, afin d’éviter de faire Dieu à notre image et, comme conséquence, d’entendre de la part de Dieu ce que nous voudrions qu’il dise. Trop souvent nous faisons des tentatives au lieu d’utiliser la Parole, l’Esprit et nos mentors pour différencier entre les incitations de notre compréhension limitée et celles qui proviennent directement de Dieu.
Une discipline spirituelle divisée en trois
Se mettre à l’écoute est une façon de se connecter avec Dieu. Mais apprendre à écouter Dieu peut être difficile : Il n’est pas présent physiquement et, pour plusieurs personnes, Il parle rarement de manière audible. Pourtant, il y a d’autres dimensions pour écouter spirituellement, et toutes améliorent notre capacité d’entendre Dieu. Elles augmentent même notre capacité de grandir personnellement et de participer activement à la vie de l’église.
L’acte de se mettre à l’écoute de Dieu peut être pratiqué en apprenant à nous écouter les uns les autres. L’écoute biblique est associé aux relations et à l’empathie entre les hommes (Job 31:35 ; Genèse 23:13-15 ; 42:22) et à l’amour romantique (Cantique des Cantiques 2:14 ; 8:13). La Bible encourage l’écoute afin d’arriver à avoir un entendement réciproque (Juges 9:7) et remarque que le silence se présente comme un chemin vers la sagesse et la compréhension (Job 33:31,33 ; 34:2, 10, 16). Avoir la mentalité de Dieu, au lieu de la nôtre, est quelque chose que l’on devrait apporter dans nos relations avec les autres. Toute la notion de mentorat biblique est fondée sur le fait de s’écouter les uns les autres.
Souvent quand on parle, on attend juste un intervalle pour exprimer notre pensée, que nous composons tandis que les autres parlent. Nous sommes encore dans notre propre mentalité, nous ne sommes pas vraiment à l’écoute. Nous avons besoin de nous entraîner à l’écoute, vu que les autres sont la concrète réalisation de la présence de Dieu. En tant que chrétiens, se mettre vraiment à l’écoute de quelqu’un correspond à donner à manger aux affamés et à visiter un prisonnier en prison.
Il existe de nombreuses notions qui sont contre-intuitives pour les hommes pécheurs : entre autres, celle où le leader est le serviteur de tous. C’est un paradoxe : je me sens puissant quand je parle mais je suis puissant quand j’écoute. Une autre vérité contre-intuitive souligne comme plus la position du leader est importante, plus le leader a besoin de se mettre à l’écoute. Normalement, on associe le leader à l’acte de parler, tandis que les autres écoutent. Mais tandis qu’un sermon puissant peut changer une église, une écoute sensible aura plus de possibilités d’apporter une transformation plus engagée.
La dernière forme d’écoute encouragée à travers la Bible dérive de savoir s’écouter les uns les autres. La propre prise de conscience (1 Samuel 1:15 ; Job 7:11 ; Psaume 31:9 ; 35 :3 ; 42 ; 62:1-5 ; 130:5 ; 131:2 ; Proverbes 19:8) est associée à la satisfaction et à une nouvelle vie (Ésaïe 55:2-3).
S’écouter permet d’identifier ses propres besoins et de les prendre en considération, au lieu de les changer ou de les ignorer. Ce faisant, on se trouve dans une meilleure position pour accueillir et recevoir l’amour guérisseur de Dieu et la grâce.
« EN TANT QUE CHRÉTIENS, FAIRE À QUELQU’UN LA FAVEUR DE L’ÉCOUTER VRAIMENT CORRESPOND À DONNER À MANGER AUX AFFAMÉS ET À VISITER UN PRISONNIER EN PRISON ».
Traditionnellement, les chrétiens protestants ont été nerveux à propos de tout repli sur soi centrés sur la fierté et l’autonomie. Mais le livre des Psaumes contient la plus grande fréquence de langage introspectif. Imaginez le livre des Psaumes sans les puissantes expressions de la mentalité du poète. Essayez d’éliminer toute expression personnelle (je, moi, mon/ma) et voyez comment les psaumes deviennent inefficaces. C’est en reconnaissant leur propre douleur, détresse, colère et joie que les psalmistes se mettent à chanter, cherchent le Seigneur avec passion et louent Son nom avec abandon.
Jésus, l’auditeur principal
La Bible est pleine d’illustrations de Jésus en tant que auditeur. Tout d’abord, il a écouté Son Père. Jésus a insisté pendant toute Sa vie en affirmant que Son ministère sur la terre avait l’objectif de simplement mettre en œuvre la volonté du Père et que tout ce qu’Il enseignait dérivait de Lui (Jean 6:38 ; 7
:16). Pour accomplir cela, Jésus a dû beaucoup pratiquer la discipline de l’écoute. Il a remarqué que même l’Esprit fonctionnait de la même manière, annonçant les choses qu’Il avait entendu (Jean 16 :13). Il y a aussi de nombreuses références de Jésus qui prie, quelque fois pour plusieurs heures, d’autre pour toute la nuit (Marc 1:35 ; Luc 5:16 ; 6:12 ; Matthieu 14:23). Même si nous ne connaissons pas le contenu spécifique de ces heures de prières, Il ne peut pas avoir parlé pendant tout ce temps : une partie importante de Sa prière consistait sans aucun doute à écouter. Dans le Gethsémani, Il a prié pour être relevé de l’agonie sur la croix. Mais Il a quand même acceptée, en démontrant ainsi qu’Il était en train d’écouter la volonté de Son Père.
Ensuite, Jésus écoutait les autres. Après avoir écouté Son Père, Son cœur était hypersensible à ceux qui l’entouraient, au point qu’Il réussissait à entendre leurs cris tacites, et parfois, même non réalisés. Parmi d’autres, Nicodème, la femme samaritaine, Zachée et le paralytique qui a été fait descendre du toit sont des exemples de la réponse complète de Jésus ; non seulement en ce qu’ils avaient demandés, mais même au-delà. En écoutant leurs cris, Jésus a fait preuve du cœur aimant de Son Père.
Enfin, Jésus était sensible à l’écoute de Son propre cœur. Il pouvait noter la différence entre une touche délibérée et les touches fortuites de la foule (Luc 8:45-46). Ces nombreuses heures de prière témoignent Sa prise de conscience d’avoir besoin de Son Père. Il a pleuré sur la ville impénitente de Jérusalem (Matthieu 23:37). Dans le jardin de Gethsémani, Il a prié pour être soulevé des douleurs de la croix. Au calvaire, Il a exprimé Sa soif.
Dieu, l’ultime auditeur
Vous ne vous êtes jamais demandés pourquoi Dieu est puissant ? Cela a beaucoup à voir avec le Dieu qui est toujours à l’écoute. Il est le « Chema Israël », « le Dieu qui m’entend » (Genèse 16:11), la Parole incarnée (Jean 1:1-3) et le Consolateur, envoyé pour conduire et guider (Jean 16:12-15). Dieu écoute plus que tout le reste de l’univers dans son ensemble. Il entend chaque prière, Il sait quand un moineau tombe, Il compte les cheveux de notre tête (Luc 12:6-7). C’est dans l’enthousiasme de Dieu que nous trouvons l’unicité de la foi chrétienne, parce que non seulement Il nous dit des choses mais parce qu’Il nous démontre que nos cris sont écoutés. Dieu s’est manifesté et a demeuré parmi nous. Il prenait le fait d’écouter Ses enfants tellement au sérieux qu’Il est devenu un des nous.
Conférence de Daniel Reynaud et Paul Bogacs auprès du Avondale College. Ceci est une version éditée d’un document publié sur la revue MINISTRY.
De Daniel Reynaud / Paul Bogacs
Traduit par Tiziana Calà
Laissez votre commentaire