Cet article que vous allez lire traite du style de vie chrétien ou adventiste. Ce n’est pas tâche facile d’écrire sur un tel sujet. Dans notre société occidentale, on met tellement l’accent sur l’individualité et la vie privée que personne, estime — t-on, n’a le droit d’écrire ou d’exprimer son opinion à ce propos.
Un terrain miné
Dans certaines églises, la question du style de vie se réduit à une discussion sur le vêtement — ce qui suscite presque toujours des tensions. Voyons ça d’un peu plus près. Nous sommes à l’église. Des sœurs d’un certain âge, animées des meilleures intentions du monde, prennent à part des jeunes filles (souvent non baptisées). Voyons, les filles, commencent-elles, vos jupes sont bien trop courtes, et vos talons, bien trop hauts ! Dans le meilleur des cas, ces demoiselles font poliment la sourde oreille ; et dans le pire, le ressentiment en amène plus d’une à se tenir loin de l’église. Dans cette même congrégation, d’autres membres d’église s’insurgent, soutenant avec véhémence que Dieu ne regarde pas à l’apparence. Par conséquent, notre façon de nous vêtir pour le culte ou pendant la semaine n’a aucune espèce d’importance. Et que dire du manger et du boire ? Le sujet est brûlant, en tout cas assez pour diviser la congrégation et entraîner la polarisation. Les « libéraux » et les « conservateurs » trouvent le style de vie de l’autre groupe tout à fait inacceptable, et sont parfaitement convaincus de leur façon de voir les choses. Ils finissent par perdre de vue le véritable centre de leur foi. L’atmosphère au sein de la congrégation s’infecte, la mission de l’Église s’en trouve ralentie, et dans certains cas, entièrement paralysée. Et pourtant, il ne devrait pas en être ainsi !
Le principe biblique du style de vie
Qu’est-ce qui rend notre style de vie chrétien ? Comment les autres peuvent-ils voir que nous sommes adventistes ? Devraient-ils même le voir ? Le style de vie chrétien équivaut-il à une vie démodée, mortellement ennuyeuse, où tout ce qui procure du plaisir est interdit ? Qui peut nous aider à y voir clair ?
Dans son épître aux Romains, Paul écrit : « Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable. Ne vous conformez pas au monde présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, a n que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, agréable et parfait. » (Rm 12.1,2) Ce conseil de l’apôtre m’a ouvert les yeux ! J’ai compris que Dieu veut que nous menions une vie exceptionnelle selon une norme qui nous distingue du monde. Cette norme, c’est la Bible, et Jésus lui-même est notre exemple. Ce dont ce passage parle ici, c’est de la transformation de notre pensée. Seule cette transformation nous aidera à comprendre ce que Dieu veut. Alors, et seulement alors, nous serons heureux de faire sa volonté.
Le style de vie que le Seigneur nous propose est-il ennuyeux ou démodé ? Pour une personne qui ne s’intéresse pas au Christ, peut-être. Mais pour un disciple authentique de Jésus, il constitue un dé enthousiasmant. Si nous sommes convaincus d’avoir vraiment affaire à la Parole de Dieu, alors nous vivrons conformément à ses principes. Remarquez, toutefois, que notre dé principal n’est pas d’ordre théologique. Il consiste plutôt à nous laisser transformer par sa Parole en lui réservant du temps et de l’espace. Si nous nous laissons dominer par les médias, le travail, le divertissement, ou toute autre exigence imposée par notre environnement, il y a de fortes chances que nous adoptions de plus en plus (même inconsciemment) le style de vie et le rythme d’un tel environnement. Nous devons délibérément contrecarrer cette tendance.
Regardez — et voyez
Le Nouveau Testament foisonne d’histoires de gens qui, après avoir rencontré Jésus, ont été transformés. Vous souvenez-vous de l’homme possédé des démons dans le pays des Géraséniens (voir Mc 5.1-20) ? Sa rencontre avec Jésus changea tout — même sa façon de se vêtir (v. 15) et d’utiliser son temps (v. 20). Et que dire des disciples de Jésus ? Ils illustrent de façon frappante combien nous sommes transformés grâce à notre communion avec Jésus. Ces hommes — égoïstes et ambitieux, cherchant leur propre intérêt, bref, pas vraiment différents des autres habitants de la Judée — devinrent désintéressés, disposés à mettre toutes leurs ressources (argent, temps, santé, compétences) au service du Maître. Ils firent volontiers des sacrifices personnels pour Jésus et en éprouvèrent même de la reconnaissance (voir Ac 5.41).
Voici leur secret (il peut aussi être le nôtre !) : pour développer un style de vie chrétien, il est impératif de lire les Écritures et de se laisser guider par le Saint-Esprit (le représentant de Jésus) aussi personnellement et de façon aussi pratique que possible… pas un jour, mais toujours. Le style de vie dépouillé de Jean-Baptiste (voir Mt 3.4) me rappelle l’importance de la simplicité dans ma vie. La Bible dit qu’il arrivait souvent à Jésus et à ses disciples de ne pas avoir le temps de manger (Mc 3.20 ; 6.31) et de n’avoir aucun lieu où se reposer (Mt 8.20). Ces versets suscitent une prise de conscience : se pourrait-il que j’accorde une trop grande importance au manger, au boire, et à une vie de consommation ? Assurément, Dieu désire me voir utiliser mon temps et mon argent de façon plus judicieuse.
En fait, Jésus est l’exemple parfait de l’équilibre divin. Car bien qu’il lui arrivât de n’avoir même pas le temps de manger, jamais il ne nous donna l’impression d’être stressé. Il avait toujours le temps pour ce qui était important. Au lieu de se laisser distraire par les paroles et les actes des autres, il se focalisait sur sa mission (Jn 17.4). Il n’avait qu’un but : glorifier son Père et sauver l’humanité. Tout le reste se soumettait à ce grand et noble objectif. Finalement, Jésus s’oublia lui-même et donna sa vie pour que nous puissions vraiment naître et vivre de nouveau.
Ceux qui rencontrent ce Jésus dans sa Parole sont trans- formés par l’influence du Saint-Esprit dans leur cœur. « Cela signifie que le moi ne possède plus la suprématie, écrit Ellen White. […] L’Esprit a pris ce qui est au Christ et le lui [en parlant du croyant] a révélé dans une lumière tellement attrayante que ses habitudes et ses gestes en sont effectivement transformés […]. Sa joie est celle du Christ quand il voit des âmes accepter le salut*. »
Notre santé, notre apparence, nos possessions, nos loisirs — toutes ces choses ne sont désormais plus une fin en soi. Elles sont soumises au but plus élevé qui consiste à glorifier Dieu et à lui gagner des âmes. Le style de vie céleste n’est pas démodé, et certainement pas ennuyeux ! Il nous procure plutôt une joie et une satisfaction qui s’étendront jusque dans l’éternité.
Frauke Gyuroka est la traductrice de la version allemande de Adventist World. Frauke et sa famille habitent à Graz, en Autriche.
* Ellen G. White, « Vous recevrez une puissance », p. 169.
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