Pourquoi les autres filles de l’école ont-elles un papa à la maison et pas moi ? Pourquoi dois-je vivre de maison en maison chez mes oncles et tantes ? Pourquoi suis-je régulièrement loin de ma maman ?
Fille unique d’une athlète qui a vécu un amour sans retour avec un homme qui n’a pas voulu assumer leur enfant, Silvia n’a pas eu une enfance facile. Quelques années après sa naissance, sa maman reprend les entraînements sportifs de haut niveau et elle doit le faire loin de la maison pour subvenir à leurs besoins financiers. À cause de cela Silvia change régulièrement de foyer, d’année en année elle se « balade » et fait la tournée des familles. Malgré une éducation bridée, elle s’en sort tant bien que mal.
Une fois plus grande, avec comme seul exemple sa mère, elle décide aussi de devenir athlète professionnelle dans son pays, le Brésil. Mais les comparaisons avec le haut niveau de sa mère l’agacent très vite. De plus, l’absence d’un père rend les choses toujours plus difficiles. « Pourquoi ne cherche-t-il pas à me connaître ? » se demande-t-elle souvent.
En pleine adolescence les premiers amours arrivent et, fondamentalement en quête d’un modèle masculin dans sa vie, elle se lie d’amour très tôt. À seulement 16 ans la voilà mariée et enceinte. Elle ne comprend pas ce que lui arrive. Le petit Lucas pointe le petit bout de son nez pour sa plus grande joie et son inquiétude aussi. La situation de jeunes parents à laquelle font face ces deux adolescents n’est pas simple. Et comme une partie de la famille de son mari vit en Suisse, ils débarquent en terres helvètes en plein hiver 2006/07 dans l’espoir de s’en sortir. Sacré défi d’être migrants dans de telles circonstances. Nouvelle langue, nouvelle culture, le froid, être femme et maman avant 18 ans… Et au milieu de tout cela, elle se demande encore : « Pourquoi mon père ne cherche-t-il pas à me connaître ? »
Dans un mélange d’immaturité, d’insouciance et avec beaucoup de courage, elle avance tant bien que mal. Une nouvelle grossesse à 18 ans vient ajouter de la difficulté à cette situation déjà bien compliquée. Malgré tout, l’arrivée du petit Guilherme la rend encore plus tenace. Elle a grandi, non seulement physiquement, mais surtout dans sa tête. Elle commence à prendre du recul et se rend compte d’une chose : il existe un vide dans la vie. Elle n’est jamais en paix. Même son mari, sa famille, ses amis et les fêtes qu’elle fréquente pour se distraire ne suffisent plus à calmer son esprit.
Mais le coup le plus dur de sa vie est encore à venir. Elle remarque que Lucas présente un développement trop lent, différent des autres enfants. Elle est inquiète. Et finalement, aux trois ans de l’enfant, le diagnostic tombe. Lucas est autiste. À 19 ans, mariée, deux enfants, loin de son pays et sa culture, la voilà face à un nouveau défi de taille. C’est un énorme choc. Elle réalise que la vie peut être encore plus dure que ce qu’elle est déjà. Des questionnements fusent : pourquoi cela m’arrive-t-il ? Pourquoi dois-je vivre toutes ces choses si dures si tôt dans la vie ? Et bien sûr… « Pourquoi mon père ne cherche-t-il pas à me connaître ? »
L’autisme de son fils change profondément Silvia. Forcée par la vie, elle prend en peu de temps des galons qui forgent sa vision du monde et de la vie. Elle est décidée à s’en sortir. Elle veut aider fils de toutes ses forces, pour cela elle va étudier pour avoir une profession, et son père ? Elle n’a plus le temps de penser à cela. Elle décide de l’oublier. Au milieu de tout cela, sa relation amoureuse ne fonctionne plus. Trop d’incompréhensions et un manque de réalisme. La passion de jeunesse s’évapore et le couple finit par divorcer.
Désormais seule en terre étrangère, elle a plus que jamais besoin de repères. Elle cherche à quoi s’accrocher. Et surprise ! Grâce au hasard, à internet et aux réseaux sociaux, elle est retrouvée par son père. Il lui envoie un premier message : « bonjour, je suis ton père ». Sa réponse : « Bonjour. Oui, je sais ». Plus tard une rencontre est organisée dans un aéroport, entre deux vols. Enfin elle est face à face avec son père qu’elle a tant cherché, surtout dans les moments difficiles. C’est étrange. Après deux heures ensemble, pas de sentiment particulier. Cette relation reste en construction.
Entre temps, c’est grâce à sa maman qui vient lui rendre visite en Suisse qu’une « bonne nouvelle » arrive dans sa vie. Elle entend un message différent. Elle étudie la bible avec les adventistes et sent y avoir trouvé des réponses et le pardon qu’elle cherchait. Ensemble elles cherchent sur internet une église et en trouvent une tout près de chez elle, l’église luso-hispanique à Neuchâtel.
Les gens lui semblent différents et veut prendre ses distances. Elle se dit qu’elle est là juste pour accompagner sa maman. Toutefois, après une visite des gens de l’église chez elle et malgré le départ de sa maman, elle continue à visiter l’église. Elle commence même à étudier la bible pendant que ses enfants, maintenant âgés de 8 et 10 ans, entrent dans la troupe Tisons-Explos.
Et c’est cette nouvelle relation de foi avec Jésus, affermie au fil des études de la bible, qui devient la plus grande et importante découverte de sa vie. Elle retrouve son vrai « Père ». Ella l’a toujours eu à ses côtés en vrai. Elle découvre que son père céleste l’aime plus que tout et trouve une paix jamais connue auparavant. Désormais une « force » différente anime sa vie. Les nouvelles valeurs qu’elles professent l’aident à changer ses habitudes et sa vision du monde.
Pour sceller cette nouvelle expérience, Silvia, une adolescente orpheline de père, mariée, maman et migrante à 16 ans, et malgré les difficultés à cause du syndrome du trouble autistique de son premier enfant, joue un tour à la vie et retrouve la maison de son Père et ses autres frères et sœurs. Elle est officiellement membre de cette famille depuis le 9 février dernier, quand elle est descendue dans les eaux du baptême.
Bienvenue à la maison Silvia, à toi et tes enfants. Ton vrai Père t’attendait…
Équipe éditoriale d’Adventiste Magazine
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