En 1961, après avoir prêté serment en tant que Président des États-Unis, John F. Kennedy a délivré un discours d’investiture qui est passé dans l’Histoire parce que faisant appel à l’équilibre entre le pouvoir et la responsabilité : « L’homme détient entre ses mains mortelles le pouvoir d’abolir toute forme de pauvreté humaine et toute forme de vie humaine. Et pourtant, les mêmes convictions révolutionnaires, pour lesquelles nos ancêtres se sont battus, sont toujours en jeu dans le monde entier, notamment la certitude que les droits de l’homme n’émanent pas de la générosité de l’État, mais de la main de Dieu. […]
« Ensemble, découvrons les étoiles, conquérons le désert, éradiquons la maladie, explorons les profondeurs des océans et encourageons les arts et le commerce. Que les deux camps s’unissent pour honorer, aux quatre coins de la terre, le commandement d’Ésaïe de «soulager les lourds fardeaux… [et] de libérer les opprimés» ».
Il a ensuite lancé l’invitation suivante à ses auditeurs : « … ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais bien ce que vous pouvez faire pour votre pays. Mes chers concitoyens du monde : ne demandez pas ce que l’Amérique peut faire pour vous, mais ce qu’ensemble nous pouvons faire pour la liberté de l’homme (1). »
Le développement de la capacité de faire le bien est l’une des raisons les plus nobles pour poursuivre une éducation universitaire. Ellen White nous rappelle que l’éducation chrétienne « prépare l’étudiant à la joie du service qui sera le sien dans ce monde, et à la joie plus grande encore du vaste service qui l’attend dans le monde à venir » (2). L’aspiration à servir peut être réalisée dans de nombreux domaines, pas uniquement dans le ministère pastoral, de l’enseignement et des soins médicaux, si importants soient-ils.
J’ai eu le privilège de connaître Malcolm C. Bourne (1926-2016), rédacteur en chef du Journal of Texture Studies, et l’un des experts mondiaux reconnus dans le champ de la science alimentaire. Titulaire d’une licence en chimie de l’université d’Adélaïde, en Australie du Sud, il a travaillé pendant 10 ans comme chimiste dans une usine de transformation des aliments, à Adélaïde. Il est également titulaire d’une maîtrise en science alimentaire, ainsi que d’un doctorat en chimie de l’université de la Californie, à Davis. Malcolm Bourne s’est ensuite joint à la Faculté de l’université Cornell en tant que professeur de recherche à plein temps à la Station expérimentale agricole à Geneva, dans l’État de New York, où il a exercé durant sa carrière. Ses recherches en rhéologie et en mesure de la texture alimentaire lui ont valu le respect de la communauté universitaire. Le manuel qu’il a rédigé constitue la norme définitive de la texture alimentaire et de sa mesure (3). Par ailleurs, ses recherches sur plus de 30 cultivars de fèves de soja et sur les méthodes de transformation de ces fèves ont permis de mieux comprendre pourquoi le lait de soja a souvent un mauvais goût (un goût prononcé de fève) – et de trouver un moyen d’améliorer son goût et sa texture grâce à différents additifs (ainsi qu’à la technique de broyage à l’eau bouillante pour inactiver la lipoxydase responsable du goût caractéristique de la fève) (4). Bourne a aussi étudié les pertes de produits alimentaires après récolte et ce qu’il faut en faire. Il s’est particulièrement intéressé au problème de malnutrition internationale et à l’amélioration de la santé des populations à faible revenu du monde entier. Grâce à ses recherches, il a amélioré le bien-être d’innombrables personnes en développant un lait de soja nutritif, meilleur au goût, et en réduisant les pertes alimentaires après la récolte. Cet adventiste fidèle au service de ses semblables a honoré Dieu à travers toute une vie de recherche scientifique rigoureuse et le mentorat de ses étudiants.
Ceux qui sont titulaires de n’importe quel diplôme de troisième cycle ou professionnel sont en butte à une tentation : se tourner vers eux-mêmes et par conséquent, se mettre au service de leur propre personne. Selon le principe de la justice économique des Écritures, le bœuf qui foule le grain ne doit pas être emmuselé (5). Plus on est instruit, plus le revenu est élevé. Une bonne éducation améliore la santé et le bien-être de la famille tout entière et procure un statut social plus élevé. C’est alors que nous sommes tentés de nous servir nous-mêmes plutôt que de servir nos semblables. Bien que nos avantages secondaires soient mérités, notre vraie tâche consiste à fouler le grain qui peut bénéficier à quelqu’un d’autre. Le pouvoir s’accompagne de la responsabilité. Par conséquent, dans le choix et la poursuite d’une profession, résistons à l’invitation de Kennedy il y a des années, à la tentation de nous servir, et décidons d’utiliser toutes nos ressources pour servir nos semblables ainsi que Dieu, en vue de la joie d’un service plus vaste encore dans le monde à venir.
Lisa M. Beardsley-Hardy
Rédactrice en Chef de Dialogue Universitaire.
- https://www.jfklibrary.org/JFK/Historic-Speeches/Multilingual- Inaugural-Address/Multilingual-Inaugural-Address-in-French.aspx.
- Ellen G. White, Éducation, p. 15.
- Malcolm C. Bourne, Food Texture and Viscosity:―Concept andMeasurement, 2e éd., Academic Press, San Diego, Calif., 2002.
- M. C. Bourne, « Survey of Suitability of Thirty Cultivars of Soybeans for Soymilk Manufacture », Journal of Food Science 41.5, septembre 1976, 1204–1208. doi: 10.1111/j.1365-2621.1976.tb14418.x.
- Deutéronome 25.4 ; 1 Corinthiens 9.9 ; 1 Timothée 5.18. Voir aussi l’analyse de Justin Taylor « Do Not Muzzle the Ox: Does Paul Quote Moses Out of Context? », août 2012, sur le site suivant : https://blogs.thegospelcoalition.org/justintaylor/2012/08/28/do-not-muzzle-the-ox-does-paul-quote-moses-out-of-context/.
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