C’était un soir d’automne 1974. Mon père a invité ma jeune femme et moi à la maison pour nous présenter une famille qui faisait du travail missionnaire en Colombie. Comme je voulais être missionnaire, nous avons accepté son invitation. Bref, environ un mois et demi plus tard, nous nous sommes retrouvés en Colombie à travailler comme bénévoles pour l’hiver.
Conformément aux instructions reçues, nous n’avions pas apporté beaucoup d’argent. À la place, mes parents nous envoyaient un chèque tous les deux mois, que nous encaissions au bureau de la fédération à Bogota. Le premier chèque est arrivé au moment où nous commencions à manquer d’argent, nous avons donc fait le long voyage jusqu’à la capitale, n’arrivant qu’avec quelques pesos. Quand j’avais ouvert l’enveloppe contenant le chèque, j’avais placé le chèque dans ma poche de chemise pendant que je lisais la lettre. Le lendemain, quand j’ai demandé à ma femme où était ma chemise, elle a dit qu’elle l’avait lavée dans la rivière et qu’elle était en train de sécher sur la corde. Quand nous avons présenté le chèque délavé au caissier, il y a jeté un coup d’œil avant de m’annoncer que la banque ne l’accepterait pas, parce que l’un des chiffres était endommagé. Nous le voyions bien, mais nous étions incapables de le convaincre de l’accepter.
Entière soumission
Nous avons manifesté notre mécontentement et nous sommes assis sur les marches pour réfléchir à notre situation désespérée. Nous voilà, deux jeunes campagnards dans une ville d’environ trois millions de personnes. Nous ne connaissions personne. Nous n’avions même pas assez d’argent pour nous acheter un repas pour la journée. En prenant conscience de la gravité de notre situation, ma femme s’est mise à pleurer et, lorsqu’un homme bien vêtu est passé devant nous, je suis certain que mon expression faciale en disait long également. En atteignant le haut de l’escalier, il s’est retourné et nous a demandé, « Est-ce que ça va? » Nous lui avons tout déballé avec quelques larmes. « Ne vous inquiétez pas, nous a-t-il dit. Donnez-moi 15 minutes et je vous emmène chez moi. Vous pourrez y rester jusqu’à ce que vous receviez plus d’argent. En passant, je m’appelle Henry Niemann, je suis le président de la fédération. »
Il nous a emmenés chez lui, nous a traités comme ses propres enfants, nous a prêté de l’argent pour nous permettre de nous déplacer dans la ville et nous a même invités à l’accompagner dans un voyage pour visiter la campagne.
Cette expérience a été un moment décisif dans notre vie de jeunes adultes. Jusque-là, Dieu n’était pour nous que théorique. Nous savions dorénavant qu’il veillait sur nous. Il s’était immédiatement occupé du seul grand besoin que nous n’avions jamais eu. Lorsque nous sommes rentrés à la maison, nous avons rapidement commencé à nous impliquer au sein d’un groupe d’études bibliques à domicile. Dès le premier soir, nous avons découvert que la raison pour laquelle nous avions eu tant de difficulté dans notre marche avec le Seigneur, c’est que nous n’avions jamais réellement soumis notre vie à Dieu et à sa direction. Cette nuit-là même, chez moi, à genoux, c’est ce que j’ai fait.
Quelques mois plus tard, j’ai appris du pasteur Niemann qu’il comptait démarrer une école pensionnaire d’agriculture où les enfants pauvres pourraient aller apprendre et payer leurs droits de scolarité en travaillant. La terre qu’il voulait acheter était essentiellement recouverte de jungle. Elle devrait donc être entièrement défrichée pour faire place à l’agriculture. Il m’a demandé si j’aimerais participer à un tel projet, étant donné que j’avais une formation en opération de machinerie et en exploitation forestière. Si oui, il s’occuperait de nos visas.
J’étais emballé! Les occasions de travail missionnaire pour les travailleurs forestiers sont plutôt rares. En réfléchissant au projet, je me suis rendu compte que nous aurions besoin d’un bon bulldozer pour bien défricher. L’entreprise forestière de notre famille en avait trois. J’ai donc posé une question enthousiaste à mes partenaires : Considéreriez-vous faire le don d’un bulldozer à la Fédération de la Colombie? J’ai proposé non pas notre machine la plus récente, mais la suivante. J’ai été très étonné lorsqu’ils ont insisté pour dire que, si nous donnions à Dieu cette machine, alors il fallait que ce soit notre meilleure. Tout le monde était d’accord. J’ai immédiatement écrit une lettre au pasteur Niemann pour lui apprendre la nouvelle.
Le plan de Dieu
Quelques semaines plus tard, le conseil d’administration [de la Fédération de la Colombie] s’est réuni. Parmi les points à l’ordre du jour, il y avait la décision d’aller ou non de l’avant avec le projet d’école d’agriculture. Ce ne sont pas tous les membres du conseil qui étaient d’accord avec l’idée, et la discussion s’est poursuivie durant le repas du midi. « Messieurs, a dit le pasteur Niemann, reprenons la discussion après la pause du midi. Rentrez chez vous, priez à ce sujet et votons à notre retour. »
Quand le pasteur Niemann a traversé l’entrée du bureau de la fédération à son retour, la réceptionniste l’a interpellé pour lui annoncer qu’il avait reçu une lettre des États-Unis. En entrant dans son bureau, il a ouvert ma lettre et l’a lue. Quand les membres du conseil d’administration sont revenus, il avait quelque chose à leur dire. « Mes frères et sœurs, a-t-il dit, j’ai une lettre à vous lire. Ensuite, nous passerons au vote. » Puis il leur a lu ma lettre. Pendant quelques minutes, on aurait pu entendre une mouche voler. Puis il a appelé les membres à voter. Le résultat fut unanime : oui.
Ils n’ont jamais réussi à obtenir des visas pour ma femme et moi, mais l’école a été construite sans nous. Et quant au bulldozer, ils n’ont jamais trouvé le moyen de le faire venir jusqu’à eux. Mais Dieu n’avait besoin ni de notre bulldozer ni de nous. Tout ce dont il avait besoin, c’est que j’écrive une lettre leur offrant un bulldozer. C’est ce que Dieu a choisi d’utiliser pour convaincre le comité d’aller de l’avant avec le projet. Un projet, dois-je ajouter, qui était le sien.
J’ai souvent réfléchi à la complexité de la logistique que Dieu a dû mettre en place afin d’acheminer cette lettre au bon endroit et précisément au bon moment.
Il avait envoyé un couple de Floride à Arcata, en Californie, pour rencontrer une famille qui savait que mon père avait une petite scierie à deux heures de route dans les montagnes; c’est là qu’ils nous ont rencontrés, ma femme et moi, et qu’ils nous ont convaincus d’aller en Colombie avec eux. Dieu a ensuite permis que notre chèque soit endommagé, nous laissant sans moyens sur les marches du bureau de la fédération à Bogota au moment même où est passé le pasteur Niemann. Nous sommes ensuite rentrés aux États-Unis et avons appris à soumettre notre vie entière à Dieu, puis il nous a inspirés à faire un don de bulldozer et à écrire une lettre au pasteur Niemann. Il s’est ensuite assuré que la lettre arrive pendant la pause du midi le jour même de la réunion du conseil où la proposition de construction de l’école serait acceptée ou rejetée. Dieu fait toujours les choses au moment parfait!
Chers amis, nous servons un Dieu merveilleux! Pour ceux qui se soumettent sincèrement à lui, ce type d’expérience devient monnaie courante, sans jamais pour autant perdre son facteur d’émerveillement!
Howard Williams, un missionnaire et pasteur à la retraite ayant servi en Bolivie, aux Philippines, en Alaska et en Idaho, vit actuellement dans le centre de l’Oregon.
De Howard Williams pour Adventist Review
Source : https://interamerica.org/fr/2024/10/toujours-le-moment-parfait/
Traduction : Marie-Michèle Robitaille
Laissez votre commentaire