“Le pardon est la plus rare des vertus – non qu’il ne soit largement disponible, mais en raison de ce qu’il est si rarement recherché.”
Il est dangereux de généraliser à propos d’un groupe d’individus – surtout si ce groupe est étendu au point que sa déclaration de mission biblique s’étend aux gens “de toute nation, toute tribu, toute langue et tout peuple” (Ap 14.6, BFC). Mais, en ce qui me concerne, les nombreuses années où j’ai aimé et servi notre Église en tant que ministre de l’évangile m’ont fait prendre conscience de caractéristiques persistantes dans notre communauté – peu importe les régions, groupes linguistiques, et nationalités. À l’instar de chaque groupe de chrétiens depuis le premier siècle de notre ère, nous pratiquons la foi de Jésus – ce qui signifie que nous trébuchons souvent dans l’application de cette foi aux réalités de notre vie commune. L’homme autrefois impétueux et irritable qui est devenu l’apôtre Pierre a clairement compris cette réalité. Il y a 2 000 ans, il a exhorté ses lecteurs à ”croître dans la grâce” (2 P 3.18). Par conséquent, toute généralisation doit commencer par la vérité bénie que “Dieu n’en a pas encore fini avec nous”.
Mais nous, adventistes, ne sommes pas doués pour le pardon – surtout entre nous. Nous exigeons beaucoup plus des nôtres que de ceux qui n’appartiennent pas au mouvement de la fin des temps. Nous sourions tristement et acceptons les excuses du voisin non-pratiquant dont la vache a mangé la moitié de notre jardin, mais… nous grinçons des dents et en voulons au membre de notre école du sabbat qui a osé être en désaccord avec nous sur un passage d’Osée… La fierté que nous ressentons en pardonnant l’étourderie et l’impatience d’un employé de magasin impoli se transforme trop souvent en une colère bouillonnante contre le frère ou la soeur en Christ qui a agi de la même manière. Les affronts et les humiliations que nous subissons de la part de nos coreligionnaires se transforment en grandes controverses de notre propre cru.
Certains se demandent si notre adhésion appropriée au message biblique de la perpétuité de la loi de Dieu n’entraîne pas involontairement une conséquence malheureuse : nous sommes prédisposés à une attitude “judiciaire” les uns envers les autres. Dans cette étrange formulation, la grâce de Dieu, c’est ce que nous offrons à ceux qui ne connaissent pas Jésus, alors que nous comptabilisons les fautes de ceux qui font partie de la maison de Dieu – en fait, nous tenons “compte de leurs fautes” (2 Co 5.19, BFC). Et ainsi, nous luttons les uns contre les autres, débattant de tout – depuis le tissu choisi pour les rideaux de l’église jusqu’au tissu des vérités bibliques de celle-ci, nous écorchant les uns les autres au passage. Paul a écrit à la nouvelle église de Colosses des mots qui devraient être inscrits au-dessus de la porte de chaque congrégation adventiste : “Supportez-vous les uns les autres, et, si l’un a sujet de se plaindre de l’autre, pardonnez-vous réciproquement. De même que Christ vous a pardonné, pardonnez-vous aussi.” (Col 3.13)
Cet évangile éternel que nous sommes appelés à annoncer (Ap 14.6) est avant tout une proclamation de la grâce et du pardon qui nous sont offerts en Jésus. Dans un monde brisé, à quoi sert-il de proclamer la chute de Babylone et les dangers de la marque de la bête si du même coup, nous ne permettons pas à la grâce de changer fondamentalement notre façon d’agir les uns avec les autres ? Priez donc pour un temps de paix et de pardon dans la communauté fraternelle à laquelle vous appartenez, car il n’y a pas de qualification plus élevée pour appartenir au reste que celle que Jésus nous a donnée : “À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres.” (Jn 13.35)
De Bill Knott
Source : Adventist World – Mars 2022
Laissez votre commentaire